Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Economie / Internet

Microsoft-Yahoo : Fin de partie

par Myriam Berber

Article publié le 05/05/2008 Dernière mise à jour le 05/05/2008 à 16:56 TU

Le directeur général de Microsoft, Steve Ballmer.(Photo : AFP)

Le directeur général de Microsoft, Steve Ballmer.
(Photo : AFP)

L’action Yahoo est en chute sur les marchés ce lundi 5 mai 2008. Les investisseurs tirent les conséquences du retrait de l'offre de rachat du portail internet présentée par Microsoft. Steve Ballmer, le directeur général de Microsoft, a décidé, samedi 3 mai 2008, de retirer son offre, jugeant les exigences de Yahoo trop élevées. Des analystes estiment que Microsoft pourrait revenir à la charge après un repli de l’action Yahoo.

La décision de Microsoft de retirer son offre de rachat du portail internet pèse sur les cours de Yahoo. Ce lundi à Wall Street, l’action a chuté de 17% à 23,8 dollars. Le numéro un mondial des logiciels a officiellement retiré, samedi 3 mai 2008, son offre de rachat sur Yahoo. C’est par une lettre de rupture adressée au PDG et fondateur du portail, Jerry Yang, que Steve Ballmer, le directeur général de Microsoft a mis fin à trois mois de négociations.

L’éditeur de logiciels a été dissuadé par la somme qu’il devait mettre dans la corbeille. Ces derniers jours, dans un ultime effort pour remporter l’affaire, Microsoft avait relevé son offre, en cash et en actions, pour proposer 33 dollars par action contre 31 dollars initialement annoncé le 31 janvier dernier, soit un montant total de 47,5 milliards de dollars (30,8 milliards d’euros). Yahoo réclamait 37 dollars par action. « En dépit de nos meilleurs efforts, y compris le relèvement de notre offre d’environ 5 milliards de dollars, Yahoo n’a pas montré sa volonté d’accepter notre offre », écrit Steve Ballmer.

Une alliance Yahoo-Google dans la publicité

Pour justifier l’abandon de son offre, le directeur général de Microsoft évoque également dans ce courrier le partenariat que négocie Yahoo avec son concurrent Google. Le 10 avril 2008, le portail a, en effet, annoncé officiellement, un début d’alliance avec Google pour lui sous-traiter les publicités accolées sur le web. Yahoo serait également en discussion avec d’autres partenaires potentiels, des échanges avec AOL, la filiale internet du géant des médias Time Warner, auraient eu lieu ces dernières semaines.

En attendant, Yahoo est loin d’être sorti d’affaire. La direction, en particulier son PDG va devoir répondre de sa stratégie face aux actionnaires. Ceux-ci n’ayant pas été consultés lors des négociations avec Microsoft. Pur produit de la Silicon Valley, Jerry Yang s’est battu jusqu’au bout pour que l’entreprise qu’il a co-fondé il y plus de 15 ans, ne tombe pas entre les mains du groupe de Redmond. Pour lui, il est difficile de croire que deux entreprises aux cultures si différentes, le logiciel et l’internet, puissent cohabiter.

Lancer une OPA hostile

Dans cette affaire, Microsoft risque aussi d’y perdre. Malgré des milliards de dollars investis depuis ces dernières années, l’éditeur de logiciels spécialisé dans les systèmes d’exploitation pour ordinateur (Windows) et les applications bureautiques (Office, Word,) est toujours distancé par Google sur le web. Une fusion Yahoo-Microsoft aurait créé un challenger de poids dans la recherche sur internet. Le nouvel ensemble aurait pu capter une part plus importante du marché de la publicité en ligne, estimé aujourd’hui à 40 milliards de dollars. Un rapprochement avec Yahoo aurait pu permettre à Microsoft de contrer la puissance de Google, le moteur de recherche engrange aujourd’hui entre 30 et 40% des recettes publicitaires sur internet. En 2006, le chiffre d’affaires publicitaire en ligne cumulé de Microsoft et Yahoo a atteint 6,8 milliards de dollars aux Etats-Unis, contre 7,3 milliards pour le seul Google.

Le groupe de Redmond va devoir revoir sa stratégie, avec d’autres partenaires. Propriétaire du site communautaire Facebook, Microsoft pourrait racheter un autre site de socialisation MySpace, propriété de News Corporation, le groupe de Rupert Murdoch. Cette nouvelle génération de sites, dont le fonctionnement est basé sur la participation des internautes et qui battent des records d’affluence, intéressent fortement les publicitaires.

Mais à l’impossible nul n’est tenu. Microsoft qui a jeté l’éponge pour le moment, pourrait revenir à la charge après une nouvelle correction du cours de l’action. Bon nombre d’analystes se demandent même si le leader de l’informatique ne spécule pas sur une chute de Yahoo en Bourse et sur la colère d’actionnaires qui demanderont des comptes à Jerry Yang, pour représenter une offre plus basse et la gagner. En effet, l’éditeur de Redmond a toujours la possibilité de solliciter directement les actionnaires de Yahoo, via une OPA hostile, sans l’accord du management de Yahoo.