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Brésil

Un plan pour contenir la déforestation en Amazonie

par Myriam Berber

Article publié le 09/05/2008 Dernière mise à jour le 09/05/2008 à 20:08 TU

Le président brésilien Luis Ignacio Lula da Silva semble décidé à combattre la déforestation sur tous les fronts. Il a lancé, jeudi 8 mai 2008, le Programme Amazonie durable (PAS) qui propose un nouveau modèle de développement pour cette vaste région menacée par les coupeurs de bois, les agriculteurs et les éleveurs. Son objectif : trouver de nouvelles initiatives pour préserver la plus grande forêt du monde tout en favorisant la mise en place d’activités économiques pour les 24 millions de Brésiliens qui y vivent.
Un militaire contrôle les camions chargés de bois confisqué à une scierie clandestine dans l’Etat de Para, au nord du Brésil.  (Photo: AFP)

Un militaire contrôle les camions chargés de bois confisqué à une scierie clandestine dans l’Etat de Para, au nord du Brésil.
(Photo: AFP)

Après trois ans de recul, la déforestation de la partie brésilienne de l’Amazonie a repris de nouveau. Quelque 7 000 kilomètres carrés ont été détruits lors des cinq derniers mois de l’année 2007, a constaté l’Institut national de recherches spatiales (INPE) sur ses relevés satellites. Trois des neuf Etats de l’Amazonie brésilienne sont particulièrement touchés, ceux du Mato Grosso, du Para et de Rondônia.

Depuis que le pays a lancé dans les années 70, une politique de colonisation de l’Amazonie, plus de 17% de la forêt a déjà disparu. Les principaux responsables du déboisement sont les grands éleveurs de bovins qui détruisent la forêt pour installer leurs troupeaux, les coupeurs de bois (au Brésil, 60 à 80 % du bois exporté est entaché d'illégalité) les producteurs de canne à sucre d’où on tire l’éthanol-carburant et les producteurs de soja dont le cours ne cessent d’augmenter.

Des activités économiques alternatives

Alarmé, le président brésilien a lancé, jeudi 8 mai 2008, le PAS, un programme pour contenir l’accélération de la déforestation en Amazonie. Lula Ignacio Lula da Silva n'a pas précisément détaillé son plan, se contentant d'en présenter les grandes lignes. Il comprend notamment des investissements en matière d’infrastructures dans neuf Etats amazoniens. Comment mettre en place des activités économiques de faible impact sur la forêt tout en garantissant un moyen de survie aux 24 millions de Brésiliens qui y vivent ? Ce plan prévoit notamment l’ouverture de lignes de crédit pour les petits producteurs afin de les aider à mettre en place des activités économiques alternatives à l’exploitation forestière.

La Constitution garantit que celui qui s'installe, travaille et vit de la terre a le droit de posséder cette terre, jusqu’à 100 hectares. C’est pourquoi les propriétaires déboisent pour s’approprier les terres. Le plan prévoit également l’adoption de nouveaux critères pour l’occupation des terres par les paysans ainsi que nouvelles actions pour combattre cette occupation illégale des terres du domaine public. 

Un cadastre précis des propriétés de l’Amazonie

Parmi les mesures : la saisie automatique des terres déboisées illégalement, le doublement des montants des amendes contre le commerce de biens provenant des zones déforestées illégalement et une augmentation de la présence de policiers sur le terrain pour faire respecter l’application des lois. Les contrôles sont, en effet, difficiles à mettre en place du fait de l’importance des distances. Mais pour les écologistes, c’est loin d’être suffisant. L’association Greenpeace réclame notamment l’élaboration d’un cadastre précis de toutes les propriétés foncières en Amazonie. Sans ce cadastre, il est impossible de savoir si le code forestier –qui interdit de déboiser plus de 20% de la superficie totale des terres- est respecté par les propriétaires, selon l’association.

Mais ce que cherche en réalité à faire Lula, c'est également sauver son image sur la scène internationale. La forêt amazonienne est un des rares conservatoires de la biodiversité originelle de notre planète. Sanctuaire de plantes uniques et principale forêt tropicale du monde, elle abrite 30% des espèces animales et végétales de la planète et produit de gros volumes d'oxygène. Le président Lula veut démontrer qu’il se préoccupe de l’Amazonie de crainte qu’une internationalisation de la gestion du poumon de la planète ait des répercussions économiques défavorables pour le Brésil. La déforestation, par brûlis, contribue à l’émission de gaz à effet de serre. « Il y en a qui pensent que l'Amazonie doit être à l'humanité et nous sommes d'accord dans le sens où l'Amazonie doit produire des bénéfices pour tous. Mais nous clamons bien fort qu'il revient au seul Brésil de s'occuper de l'Amazonie », a-t-il souligné.