par RFI
Article publié le 09/05/2008 Dernière mise à jour le 10/05/2008 à 07:09 TU
La junte militaire birmane a décidé de maintenir la tenue du référendum constitutionnel dans l'ensemble du pays à l'exception des districts les plus touchés de Rangoon et du delta de l'Irrawaddy. Un scrutin très contesté non seulement sur le plan du calendrier, en raison du chaos provoqué par le cyclone Nargis, mais aussi sur le fond.

La région du delta d'Irrawaddy, frappée par le cyclone Nargis, le samedi 3 mai 2008.
(Carte : F. Achache et S. Borelva / RFI)
Les Birmans vont devoir se prononcer pour l'adoption d'une nouvelle Constitution qui consacre la mainmise de l'armée sur le pouvoir civil, ne serait-ce que parce qu'un quart des sièges de la future assemblée sera réservé aux officiers de l'armée. Ceux-ci auront également droit de veto sur tout amendement de la Constitution.
« C'est absolument incroyable, organiser un référendum dans ces conditions alors que le pays a subi la plus grande catastrophe naturelle de son histoire, c'est presque de la folie. »
Cela fait quatorze ans que le projet est en gestation. Ce qui autorise aujourd'hui - alors que le pays est en plein chaos - à s'interroger sur l'urgence qu'il y a à soumettre ce texte au vote. De toute façon, le processus est verrouillé, rédigé sous la dictée des généraux par un panel scrupuleusement choisi par la junte. Il exclut tout avenir politique pour l'égérie de l'opposition, Aung San Suu Kyi, pour avoir été mariée à un étranger.
« Les gens ordinaires n'ont que faire de ce référendum. »
Les membres du parti d'Aung San Suu Kyi, la Ligue nationale pour la démocratie, ont d'ailleurs été soigneusement tenus à l'écart des discussions. Pire, les tentatives d'incitation au boycott, et la campagne pour le « non » menée par les opposants - contraints à la clandestinité - ont été efficacement réprimées.
Moine boudhiste en exil à Paris depuis 2002.
« Je suis très touché par la réaction rapide de la communauté internationale à proposer de l'aide, mais malheureusement notre gouvernement est complètement buté. »
La junte a refusé d'emblée la présence d'observateurs et de journalistes comme si la crédibilité du scrutin était le dernier de ses soucis. Désormais, elle montre son vrai visage en poussant vers les urnes une population aux prises avec la plus grosse catastrophe de son histoire, offrant un délai de quatorze jours aux survivants des zones les plus touchées. 
Chef de mission MSF suisse.
« MSF a besoin d'un accès aux populations en difficulté et de pouvoir faire venir du matériel parce qu'on pense que la situation, au niveau santé, va certainement se détériorer. »
A écouter
Journaliste, figure de l'opposition, il a passé 13 ans en prison pour avoir critiqué les généraux.
« Si vous regardez les journaux, vous verrez des militaires qui aident des gens, qui distribuent de la nourriture. Tout cela n'est que de la fumée [...] nous devons tout faire nous-mêmes. C'est dans ces moments-là que nous pouvons observer la vraie nature de la junte. »
09/05/2008 par Luc Auberger
«Le rapport brosse le portrait d’un pays emmené au bord du gouffre par un régime vieillissant profondément suspicieux à l’égard de l’Onu».
09/05/2008 par Philippe Bolopion
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