Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Birmanie

Face au chaos, l'inquiétude de la communauté internationale

Article publié le 08/05/2008 Dernière mise à jour le 08/05/2008 à 13:43 TU

Le bilan du passage du cyclone Nargis pourrait dépasser les 100 000 morts. L'aide internationale tarde à venir. Quelques ONG présentes sur place parlent de millions de sans-abri. Le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, a émis l'idée de saisir le Conseil de sécurité de l'ONU afin de forcer la Birmanie à laisser entrer l'aide, mais son projet peine à s'imposer.

Les sinistrés nécessitent une aide d'urgence mais les ONG et organisations se trouvant sur place ont des moyens d'actions extrêmement limités.(Photo : AFP)

Les sinistrés nécessitent une aide d'urgence mais les ONG et organisations se trouvant sur place ont des moyens d'actions extrêmement limités.
(Photo : AFP)


Six jours après le passage du cyclone Nargis, des centaines de milliers de Birmans sont menacés par la faim et les épidémies. Le bilan du passage du cyclone devrait largement dépasser les 100 000 morts. Il y en a 80 000 uniquement pour la ville de Labutta (sud-ouest) et les villages qui l'entourent. C'est cette région qui a été la plus touchée le week-end dernier par les vents violents du cyclone.

Quelques ONG et organisations se trouvent sur place mais leurs moyens d'actions sont extrêmement limités. Certaines doivent se contenter de distribuer des pastilles de purifications d'eau. Les secours attendent toujours des visas pour pouvoir envoyer des renforts sur place et surtout des vivres et des matériels.

Si les survivants et les sinistrés ne peuvent pas pour le moment compter sur l’aide internationale, ils s’arrangent entre eux et ils s’entraident.

 

Les sinistrés s'entraident

« L'entraide permet aux habitants de Rangoon de tenir. Les plus aisés acceptent de donner des sacs de riz aux moins fortunés, les moines mettent à disposition leurs puits. »

écouter 00 min 50 sec

08/05/2008 par Rémy Favre


Hier, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a exhorté les autorités birmanes à faciliter l'entrée des équipes et du matériel d'urgence. Ce jeudi matin, le secrétaire général de l'Association des nations d'Asie du Sud-Est (Asean), Surin Pitsuwan, a appelé les autorités birmanes d’ouvrir l'accès à l'aide humanitaire internationale « avant qu'il ne soit trop tard ».

De son côté, le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, a évoqué la possibilité de saisir le Conseil de sécurité de l'ONU afin de forcer la Birmanie à laisser entrée l'aide, mais l’ambassadeur de France à l’ONU n’a même pas obtenu que le Conseil de sécurité discute la situation humanitaire en Birmanie.

Avec notre correspondant à New York, Philippe Bolopion

Le projet français semble bien avoir été tué dans l'œuf. Au cours d'une séance de consultations houleuse, l'ambassadeur français, n'a même pas pu obtenir que le Conseil de sécurité examine la situation humanitaire en Birmanie.

Les représentants de la Chine, qui disposent d'un droit de veto, estiment que le Conseil ne doit s'occuper que des questions de paix et de sécurité internationales. Ils ont relevé, non sans ironie, que le Conseil de sécurité n'avait pas été saisi, lorsque la France avait été frappée par une canicule meurtrière.

La Russie, l'Afrique du Sud, la Lybie et le Vietnam se sont aussi prononcés contre une implication du Conseil de sécurité sur le dossier birman.

Un projet noble mais difficile à faire passer

Dans ce contexte, le projet de Bernard Kouchner, qui voulait une résolution imposant le passage de l'aide humanitaire au gouvernement birman, semble irréalisable.

« L'idée du ministre des Affaires étrangères français est noble, a expliqué l'ambassadeur adjoint des Etats-Unis, mais elle serait très difficile à faire passer ».

Même le chef des affaires humanitaires de l'ONU, John Holmes, préfère pour l'instant privilégier le dialogue avec les autorités birmanes, qui donnent des signaux positifs.

John Holmes

Secrétaire général adjoint de l'ONU en charge des affaires humanitaires

« La coopération en générale est insatisfaisante mais en même temps ça va dans la bonne direction. On a un dialogue relativement constructif avec les autorités de Myanmar. »

écouter 00 min 57 sec

08/05/2008 par Philippe Bolopion

L'ambassadeur français, Jean-Maurice Ripert, est sorti de la rencontre visiblement frustré, mais tout en promettant de continuer le combat.