par RFI
Article publié le 10/05/2008 Dernière mise à jour le 11/05/2008 à 06:39 TU
Pour les habitants de Khartoum, la surprise fut totale. Les combats ont éclaté en milieu d'après-midi entre les forces gouvernementales et les rebelles du MJE dans la ville d'Omdourman, le faubourg nord de Khartoum.
« C'est la première fois qu'on voit des choses pareilles chez nous. »
Jamais le MJE ni d'ailleurs aucun mouvement rebelle n'avait osé quitter le Darfour pour venir porter la guerre jusqu'aux portes de la capitale. Les combats ont été d'une violence extrême dans certains quartiers d'Omdourman. Des témoins joints par RFI ont vu leurs maisons trembler au rythme des tirs d'armes lourdes.
« Quand on est arrivé à la maison, on a entendu le bruit des armes et ça continue encore ».Une habitante d'Omdourman
Le MJE affirme avoir pris le contrôle de la base aérienne militaire de Wadi Sayyedna, ainsi que de plusieurs ponts.
Porte-parole du MJE
«Notre but est de sauver le Soudan, les Soudanais et les Darfouriens, de ce régime génocidaire.»
Le gouvernement affirme au contraire contrôler la situation et avoir repoussé les forces du MJE. De fait, l'armée s'est déployée en masse dans la capitale, tandis que l'aéroport civil est le théâtre d'un ballet incessant d'avions et d'hélicoptères.
Si l'on ignore qui contrôle quoi exactement, ce que l'on sait, c'est que le régime dispose de forces en grand nombre dans la capitale, tandis que les rebelles ne seraient, selon certaines sources, qu'un peu plus d'une centaine.
Il n'a pas fallu longtemps au ministre de l'Information et porte-parole du gouvernement pour pointer du doigt les responsables. Kamal Obeid a publiquement accusé le Tchad d'être derrière cette attaque, parlant même de revanche pour le président Idriss Déby. En février dernier, des rebelles tchadiens avaient attaqué Ndjamena. Le gouvernement avait alors accusé le Soudan de soutenir les rebelles.
Ministre de l'Information soudanais
«Tous les signaux montrent que les rebelles ont reçu une aide du gouvernement tchadien, qui les a aidés pour tout...».
Le Tchad « dément toute implication dans cette aventure qu’il condamne sans réserve quels que soient les auteurs », a affirmé le porte-parole du gouvernement tchadien, Mahamat Hissène.
Ministre tchadien de la communication, porte-parole du gouvernement
« Ce qui nous a le plus surpris, ce sont les allégations de la télévision soudanaise sur un prétendu appui de Ndjaména. Nous condamnons sans réserve cette aventure quels qu'en soient les auteurs...»
Des relations très tendues |
Les liens entre la rébellion soudanaise et le pouvoir tchadien ne datent pas d'hier. Ils se sont déjà illustrés à plusieurs reprises, notamment en février dernier, quand les rebelles du MJE ont traversé le Tchad afin de prêter main forte au pouvoir d'Idriss Deby menacé par la rébellion tchadienne : en guise de remerciements, ils auraient reçu une centaine de véhicules tout-terrain. En 2006, Khalil Ibrahim, le leader du MJE, avait lui-même déjà reconnu s'être battu aux côtés de l'armée tchadienne dans la ville d'Adré. Jusqu'en 2003, début de la crise au Darfour, Omar el-Bechir et Idriss Deby entretenaient pourtant des relations personnelles plutot bonnes, le président tchadien n'oubliant pas qu'il est arrivé au pouvoir avec le soutien du Soudan. Mais peu à peu les relations se compliquent dans l'entourage des deux présidents, qui s'accusent mutuellement d'entretenir leur rébellion respective. En 2005, la confiance est finalement rompue, les attaques rebelles de part et d'autres deviennent de plus en plus violentes, et la rébellion soudanaise de plus en plus active, comme elle l'a prouvé hier en parvenant jusqu'aux portes de Khartoum. |
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