par RFI
Article publié le 11/05/2008 Dernière mise à jour le 11/05/2008 à 20:52 TU
C'est le Tchad qui se cache derrière l'offensive des rebelles du MJE (Mouvement pour la justice et l'égalité) contre Khartoum. Depuis ce samedi, c'est ce qu'affirment les autorités soudanaises. Dimanche matin, le président Omar el-Béchir a annoncé la rupture des relations diplomatiques du Soudan avec le Tchad. Il faut dire que l'attaque des rebelles de Khalil Ibrahim semble avoir pris tout le monde de court.
La situation se normalise peu à peu à en croire les autorités mais elle n'est pas encore revenue à la normale. Si le couvre-feu a été levé à Khartoum et dans le centre d'Omdourman, certain quartiers de ce faubourg de quatre millions d'habitants restent toujours sous couvre-feu et les soldats gouvernementaux patrouillent à la recherche de combattants du MJE.
La télévision soudanaise a diffusé des images montrant des soldats gouvernementaux paradant à bord de véhicules pris aux rebelles. Elle a aussi diffusé des images de prisonniers affirmant que certains étaient membres de l'armée tchadienne. Le MJE de son côté reconnaît certaines pertes mais ne donne aucun bilan précis.
Porte-parole du MJE
« Actuellement, nos combattants sont entrain de se regrouper et de se préparer pour la prochaine étape. »
La télévision soudanaise affirme encore que Khalil Ibrahim, le chef du MJE aurait été blessé durant les combats. Une information impossible à vérifier. Et selon l'agence de presse, SUNA, le gouvernement offre une récompense de 125 millions de dollars à tout ceux qui permettront d'arrêter le leader du MJE.
De leurs côté, les hommes de Khalil Ibrahim disent se regrouper aux abords de la base aérienne de Wadi Sayyedna dont ils se sont emparés, ce samedi, et préparer la suite des opérations...
En attendant, rien ne va plus entre le Soudan et le Tchad. Khartoum vient de rompre ses relations avec Ndjamena. Les Soudanais accusent les Tchadiens d'avoir soutenu les rebelles qui sont passés à l'attaque dans les faubourgs de leur capitale.
Ministre tchadien de la communication, porte-parole du gouvernement
« Le Soudan a pris la décision de rompre les relations diplomatiques, le Tchad ne peut qu'en prendre acte avec regret. »
L'attaque menée par les rebelles du MJE jusqu'aux portes de Khartoum a pris par surprise les dirigeants soudanais. Les hommes de Khalil Ibrahim sont en effet à plus d'un millier de kilomètres leur base traditionnelle.
Le gouvernement soudanais assure avoir la situation en main ; le couvre-feu, imposé dans la capitale depuis ce samedi à 14 heures TU, a été partiellement levé ce dimanche. Les soldats patrouillent dans les rues où le calme est revenu alors que des tirs sont encore entendus dans le secteur d'Omdourman où le couvre-feu reste en vigueur jusqu'à nouvel ordre.
Les combats ont été très violents et ont duré de longues heures. L'armée soudanaise a dû utiliser ses hélicoptères pour tenter de déloger les rebelles qui ont attaqué les faubourgs de Khartoum.
Le ministre tchadien de la communication, Mahamat Hissène a fait part de sa surprise... Il dément toute implication et condamne ce qu'il qualifie d'aventure de la rébellion du Darfour.
Ministre tchadien de la communication, porte-parole du gouvernement
« Nous sommes surpris de la réaction des autorités soudanaises après des problèmes qui sont purement soudano-soudanais. »
L'Union africaine comme le département d'Etat américain ont condamné l'attaque des rebelles et ils appellent à une fin immédiate des combats. De son côté, le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon a aussi fermement condamné l'attaque des rebelles du Darfour, redoutant que cette offensive ne viennent bloquer les efforts de paix dans la région.
Ambassadeur du Tchad à Bruxelles
« Nous sommes pour l'apaisement avec le Soudan dans la mesure où nous avons des accords. [...] Le Tchad condamne ce qui s'est passé à Omdourman. »
La France a « condamné fermement » dimanche l'attaque contre la capitale soudanaise. « Cette grave attaque démontre l'urgence du règlement de la crise au Darfour et le caractère déstabilisateur de l'absence de progrès en ce sens », déclare le ministère français des Affaires étrangères.
Porte-parole adjoint du ministère français des Affaires étrangères
« L'attaque démontre qu'il est urgent de régler la crise du Darfour. »
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A écouter
« Selon les autorités soudanaises, les rebelles du MJE ont bel et bien été vaincus. »
11/05/2008 par Olivier Rogez