par RFI
Article publié le 12/05/2008 Dernière mise à jour le 12/05/2008 à 07:37 TU
Condamnations unanimes
Les condamnations se multiplient depuis l'attaque du MJE contre Ondourman, samedi. Les Etats-Unis ont été les plus prompts à réagir, en « implorant les rebelles du MJE et le gouvernement soudanais de ne pas s'en prendre aux civils ». Washington a aussi mis aussi en garde contre d'éventuelles représailles qui seraient fondées sur des critères ethniques ou tribaux.
Ce que craint surtout la communauté internationale, c'est l'impact de cette attaque sur la stabilité de la région. Selon l'ONU, les combats risquent de compromettre en particulier l'application de l'accord de paix entre le Nord et le Sud-soudan et l'accord sur le Darfour, déjà très mal en point.
Dans ce sens, la Commission de l'Union européenne appelle à un sursaut et à la relance sincère du processus de paix.
Porte-parole du haut représentant pour la politique extérieure de l'UE, Javier Solana
« Toutes les questions doivent se régler par la négociation... Le plein déploiement de la force hybride ONU / UA est aussi nécessaire, les entraves du gouvernement soudanais sont inacceptables...»
Javier Solana, le diplomate en chef de l'UE, est un des rares à demander aussi l'amélioration « sans arrière-pensées » des relations entre le Soudan et le Tchad voisin : Khartoum accuse en effet Ndjamena d'être derrière l'attaque rebelle. En février, Ndjamena menacée par une rébellion avait tenu le même discours.
Pour la France, il est urgent que la MINUAD se déploie : cette force conjointe ONU/ Union africaine a en effet pour but de protéger le Darfour.
La Commission de l'Union africaine appelle les deux parties à la retenue. Jean Ping, le nouveau président de la Commission de l'UA envisage d'ailleurs de se rendre au Soudan dans les prochains jours.
Pourquoi cette attaque ?
L'arrivée des rebelles du Darfour en banlieue de Khartoum est une première dans l'histoire récente du Soudan. Il faut remonter à 76 et à l'attaque ratée de miliciens Ansars contre le régime de Nimeiry pour retrouver une telle chevauchée à travers le désert, et son échec final sur les défenses de la capitale.
Le président soudanais accuse les autorités tchadiennes d'avoir « toute la responsabilité » dans les derniers combats.
Secrétaire d'Etat à l'Investissement
« Les commandants sont darfouri comme Khalil Ibrahim, mais les troupes étaient tchadiennes... Ils ont été vaincus, tués ou chassés de Khartoum...»
Il est vrai que le Tchad, depuis plusieurs mois, fournit un nombre important de véhicules aux hommes du MJE, notamment après la bataille de Ndjamena. Il est vrai également que certains responsables tchadiens rêvent depuis longtemps de porter la guerre à Khartoum. Mais Khalil Ibrahim a toujours eu une relation tendue avec le régime d'Idriss Déby, et il fait des choix qui ne sont pas forcément ceux de Ndjamena.
Selon un ancien responsable du MJE, Khalil Ibrahim a en fait essayé de faire passer un message : « Il ne cherchait pas à s'emparer de la capitale, dit ce responsable, il a voulu montrer qu'il était capable de frapper Khartoum ».
Reste à savoir à qui ce message a pu être destiné : au gouvernement soudanais, évidemment, mais aussi aux autres factions rebelles et à la communauté internationale, pour affirmer la suprématie du MJE.
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Chercheur au CNRS et à Sciences Po Paris
Khalil Ibrahim veut démontrer qu'il se situe au coeur de la résolution du Darfour, et de l'échiquier soudanais. Il espère en tirer des bénéfices importants dans le processus électoral en cours.
12/05/2008 par Christophe Boisbouvier