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Birmanie

Les réfugiés des temples

Article publié le 13/05/2008 Dernière mise à jour le 13/05/2008 à 19:50 TU

Des rescapés du cyclone se sont regroupés dans un centre pour réfugiés.(Photo : Reuters)

Des rescapés du cyclone se sont regroupés dans un centre pour réfugiés.
(Photo : Reuters)

Les autorités birmanes ont remercié ce mardi les Etats-Unis pour l'envoi d'un premier avion d'aide qui est arrivé ce lundi à Rangoun. Mais elles le répètent, le régime est contre l'entrée d'un trop grand nombre d'humanitaires étrangers. Selon la junte, les besoins de nombreux survivants ont été satisfaits « dans une certaine mesure ». Mais selon les Nations unies, seuls 500 000 sinistrés ont reçu de l'aide, sur près de 2 millions de personnes touchées. Un nouveau bilan officiel fait état, ce mardi, de plus de 34 000 morts et près de 28 000 disparus.

Avec notre envoyé spécial en Birmanie, Luc Auberger

Près de Bogaley, dans le delta, en attendant que l’aide humanitaire arrive sur place massivement, c’est « la débrouille ». Un temple hindou est devenu ainsi un important lieu où les survivants se rassemblent.  Un temple orné de faïences multicolores qui se dresse en plein cœur de la ville de Bogaley. Nous sommes effectivement allés dans ce temple hindou dédié à Ganesh, le dieu protecteur. Ici, Ganesh protège et nourrit gratuitement quelque 1 000 déplacés.

A l’entrée, on peut remarquer trois énormes marmites qui mijotent, trois cuisiniers aussi, munis de rames de bateau pour mélanger les préparations, essentiellement faites de légumes. A l’intérieur d’un temple, une quinzaine de femmes épluchent des patates. Un brahmane, c'est-à-dire un prêtre, montre les réserves accumulées pour le mois qui vient : des dizaines de sacs de riz, des lentilles, des carottes, des pommes de terre. Toutes ces denrées alimentaires sont arrivées récemment de Rangoon, envoyées généreusement par les représentants de la communauté hindoue, très largement minoritaire en Birmanie.

Mais toute cette nourriture n’est pas seulement destinée aux hindous ; tous ceux qui sont enregistrés dans ce camp peuvent en profiter, encore une fois, gratuitement.

Seulement, si tous ces déplacés semblent manger à leur faim, c’est le logement qui pose problème. Ces déplacés se serrent en effet dans les salles de classe d’une école toute proche. Le toit a été arraché, il pleut à l’intérieur. Alors des familles entières vivent sur des sols trempés et sur des matelas trempés. Les violentes pluies de la mousson s’infiltrent partout. On trouve donc les hommes sur les toits, pieds nus, en train de remplacer, malgré les trombes d’eau qui tombent en ce moment même où je vous parle, les morceaux de tôle qui se sont envolés.

Or, il se trouve que ce camp est très contrôlé par l’armée. A tel point que nous avons été nous-mêmes contrôlés par un militaire ce matin, qui nous a interrogés pendant 30 minutes dans l’un des temples hindous, ici à Bogaley, avant de nous laisser partir, plutôt gentiment d’ailleurs, alors que nous tentions d’en savoir plus sur les conditions de vie ou de survie de ces déplacés.

Mais, quelques minutes plus tard, nous sommes tombés sur un officiel birman, en habit militaire, bardé de médailles, venu spécialement de Rangoon en 4 X 4 climatisé, avec toute sa suite, dont un cameraman de la télévision officielle. Il nous a tout simplement expliqué que ce camp était en train d’être réparé et que l’on n’avait absolument rien à y faire...

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