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Justice internationale

Moses Blah, l’homme qui ne peut pas trahir Taylor

par  RFI

Article publié le 14/05/2008 Dernière mise à jour le 14/05/2008 à 22:01 TU

Charles Taylor et Moses Blah en 2003.(Photo : AFP)

Charles Taylor et Moses Blah en 2003.
(Photo : AFP)

Devant la Cour spéciale pour la Sierra Leone à La Haye, le 27ème témoin appelé à la barre, aujourd'hui, dans le procès de Charles Taylor, ex-président du Libéria, n'est autre que son ancien vice-président, Moses Blah. Convoqué par l'accusation, il se dit prêt à répondre à toutes les questions. De tous les témoins qui ont défilé jusqu'ici, dans le procès de Charles Taylor, accusé de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité pour avoir soutenu les rebelles sierra-léonais du RUF, coupables des pires atrocités dans leur pays dans les années 90, Moses Blah est, sans conteste, le plus proche de Charles Taylor.

Leur dernière photo officielle ensemble remonte au 11 août 2003 dans des fauteuils rouge et or à Monrovia. Charles Taylor part en exil, il confie le pays à Moses Blah, son vice-président depuis 3 ans. Blah ne restera président que deux mois le temps de transmettre le pouvoir à un gouvernement de transition ; deux mois dans la lumière.

La soixantaine, simple et discret, Moses Blah a toujours été un homme de l'ombre, fidèle compagnon de route de Charles Taylor. Les deux hommes se sont connus dans les années 80 dans un camp d'entraînement militaire libyen. Et c'est ensemble qu'ils rentrent au Liberia, à Noël 89, à la tête de 200 rebelles.

Moses Blah devient l'un des hauts responsables du NPFL de Charles Taylor. En 97, quand Taylor est élu président, il est nommé ambassadeur en Libye. En 2000, il accède à la vice-présidence du Liberia, un poste honorifique certes, mais que Charles Taylor ne pouvait confier qu'à un proche.

Leur seul accroc date de juin 2003. Charles Taylor soupçonne son vice-président d'avoir participé à un projet de coup d'Etat et le fait emprisonner. Une semaine plus tard, Moses Blah est toutefois libéré et rétabli dans ses fonctions. Il confie alors à un confrère de la BBC : « Je ne trahirais jamais le président Taylor, c'est mon frère de révolution ».

Les premières révélations de Moses Blah

« Il raconte comment Taylor a formé sa rébellion dans les années 80 dans un camp d'entrainement libyen. »

écouter 2 min 7 sec

14/05/2008 par Sarah Tisseyre

Moses Blah évoque des scènes de cannibalisme

Charles Taylor semblait plutôt décontracté aujourd’hui. Il prenait beaucoup de notes avec sa batterie de stylos multicolores, certes, mais il lui est même arrivé de rire. Celui qui témoigne a été son vice-président de 2000 à 2003.

Trapu, costume sombre, les yeux clairs, Moses Blah fait son entrée avec une canne, il a été convoqué par l’accusation. Il raconte comment Charles Taylor a formé sa rébellion, dans un camp d’entraînement militaire libyen pour renverser le président libérien Samuel Do. Dès cette époque Moses Blah intègre le NPFL (le Front national patriotique du Liberia) de Taylor qui pénètre au Libéria en 89.

« Taylor m’avait laissé à l’arrière », dit-il. « J’étais chargé de récupérer les armes en Libye, au Burkina, et en Côte d’Ivoire ». Le témoin souligne le soutien de Mouammar Kadhafi, Blaise Compaoré et Félix Houphouët-Boigny à Charles Taylor.

Il affirme qu’un des gardes de Taylor avait l’habitude de manger des êtres humains et qu’il n’a pas été puni pour cela. Mais, il prétend aussi que Charles Taylor l’a un jour félicité pour avoir pris soin de populations civiles.

Moses Blah raconte encore avoir entendu dire que les troupes de Charles Taylor se battaient en Sierra Leone aux côtés des rebelles du RUF(Front révolutionnaire uni). Il a connu le leader du RUF, Foday Sankoh en Libye, mais quand le procureur lui demande un peu plus tard qui était à la tête du RUF et bien, Moses Blah a un trou de mémoire.