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Tchad / Soudan

Le ton monte entre Khartoum et Ndjamena

par  RFI

Article publié le 15/05/2008 Dernière mise à jour le 15/05/2008 à 15:07 TU

Face aux accusations soudanaises au sujet de l’implication du Tchad dans l’attaque des rebelles du Mouvement pour la justice et l’égalité (MJE), samedi à Omdourman, le ministre tchadien des Affaires étrangères Moussa Faki a appelé mercredi la communauté internationale « à faire entendre raison au Soudan » sur la question du Darfour. Il a également démenti que le gouvernement tchadien soit derrière l’attaque des rebelles darfouris contre la ville jumelle de Khartoum. À la suite de cette attaque, les Soudanais avaient rompu, dimanche, leurs relations diplomatiques avec Ndjamena qui a, de son côté, décidé de fermer sa frontière avec le Soudan.

«<em>Il est temps que la communauté internationale fasse entendre raison au Soudan pour régler le problème du Darfour. Il faut déployer la force hybride (ONU/UA)</em> », a estimé le ministre tchadien des Affaires étrangères Moussa Faki .(Carte : C. Wissing / RFI)

«Il est temps que la communauté internationale fasse entendre raison au Soudan pour régler le problème du Darfour. Il faut déployer la force hybride (ONU/UA) », a estimé le ministre tchadien des Affaires étrangères Moussa Faki .
(Carte : C. Wissing / RFI)

 «On veut faire porter la responsabilité de l’attaque sur le Tchad. Peut-être que ça passe mieux dans l’opinion soudanaise », a ironisé le chef de la diplomatie tchadienne dans un entretien à l’AFP. « Le Tchad peine déjà à assurer la sécurité de ses frontières et a subi plusieurs attaques en provenance du Soudan, il ne va pas s’aventurer à plus de 3 000 kilomètres pour aller attaquer Omdurman », a souligné le ministre tchadien. Il a ainsi estimé qu’«il est temps que la communauté internationale fasse entendre raison au Soudan pour régler le problème du Darfour. Il faut déployer la force hybride (ONU/UA) ». Cette force conjointe des Nations unies et de l’Union africaine (Minuad), chargée du maintien de la paix dans la province occidentale du Soudan, doit compter un total de 26 000 hommes. Mais le gouvernement soudanais est peu favorable à la présence d’unités non africaines dans ses rangs.  

Les autorités soudanaises ont multiplié dernièrement les attaques verbales contre les Tchadiens et contre les pays soupçonnés d’appuyer Ndjamena. Le président Omar el-Béchir a accusé, devant une foule de sympathisants, mercredi à Khartoum, Khalil Ibrahim, le leader du MJE, d'être « un agent d'Israël vendu au judaïsme et aux Croisés ». Khartoum a offert une récompense de 250 000 dollars  pour toute information pouvant conduire à l’arrestation du chef rebelle du Darfour. Un haut responsable du National Congress, le parti au pouvoir, pointait du doigt les services secrets occidentaux et la Libye, laissant entendre qu'ils avaient joué un rôle dans l'attaque menée par le MJE aux portes de Khartoum. La France est elle aussi dans le collimateur des autorités soudanaises qui voient d'un mauvais œil le soutien de Paris au régime du président tchadien Idriss Déby.

Mais le véritable ennemi de Khartoum reste le MJE et un haut diplomate soudanais a demandé que la communauté internationale place le mouvement rebelle sur la liste des organisations terroristes. La colère soudanaise est à la hauteur du choc ressenti par l'opinion mais traduit d'abord la fébrilité d'un pouvoir qui repose en grande partie sur sa réputation sécuritaire. Et, pour montrer qu'ils n'ont rien perdu de leur pugnacité, les services de sécurité soudanais poursuivent les rafles au sein de la communauté darfourie, soulevant l'inquiétude des organisations de défense des droits de l'homme basées à l'étranger.