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France

PS : la division s’organise

par Patrice Biancone

Article publié le 19/05/2008 Dernière mise à jour le 19/05/2008 à 12:54 TU

C’est au congrès de Reims en novembre 2008 que le Parti socialiste élira son premier secrétaire, en remplacement de François Hollande qui n’est pas candidat à sa propre succession. Et, les ambitions pour le remplacer à ce poste se manifestent déjà. Ségolène Royal, candidate malheureuse à la présidentielle, qui toutefois ne cachait pas ses intentions, a pris les devants en exprimant, d’ores et déjà, six mois avant le congrès, ses envies de diriger le PS. Pour de nombreux socialistes l’annonce de cette candidature est précoce.

De gauche à droite : François Hollande, Ségolène Royal, Patrick Bloche, Dominique Strauss-Kahn, Laurent Fabius et Bertrand Delanoë.(Photo : AFP)

De gauche à droite : François Hollande, Ségolène Royal, Patrick Bloche, Dominique Strauss-Kahn, Laurent Fabius et Bertrand Delanoë.
(Photo : AFP)

A écouter les responsables socialistes, ils désirent tous rendre au PS ce qui, selon eux, devrait être au PS pour qu'il gagne... La cohésion, l'efficacité et surtout l'harmonie entre le parti et LE ou LA candidate comme cela n'a pas été le cas en 2007. Ségolène Royal la première. Elle vient tout juste de lancer la course pour le congrès de Reims du mois de novembre. Et au-delà, pour l'élection présidentielle de 2012 en rappelant que dans son cas, « les choses sont à la fois simples et mûrement réfléchies » et que sa candidature à la tête du PS correspond à l'agenda qu'elle s'était fixée. Ségolène Royale veut en finir avec le vieux socialisme, c’est la raison avouée de sa démarche. Et elle entend faire du prochain congrès un rendez-vous historique afin de démontrer qu'une autre politique est possible, quitte à déclencher une guerre interne comme cela à déjà été le cas non seulement à la dernière élection présidentielle, mais encore à l'occasion de différents congrès dont on conserve la mémoire du plus terrible, celui de Rennes.

La guerre des chefs

Seulement voilà. Si Ségolène Royal a bien ouvert la course c’est aussi pour conserver un avantage face à Bertrand Delanoë et cela n’a pas échappé à ses « amis ». Le maire de Paris et Dominique Strauss Khan ont, en effet, immédiatement réagi. Le premier en annonçant un plan média offensif qui devrait débuter dès demain. Et le second en laissant entendre, par la voix de ses amis, qu'il serait présent en 2012 si la France et lui même « sont en situation ». Dominique Strauss Khan adopte ainsi la position du recours. Il n’a pas le choix. Il est l’actuel directeur général du FMI, ce qui comporte quelques obligations de réserve.

Cette multiplication des candidatures au poste de Premier secrétaire, cette débauche d’ambitions déclarées constituent tout le drame du PS. Tous ses chefs s'estiment capables de relancer la machine, de lui donner ce « supplément d'âme » qui lui manque. Jusqu'à Martine Aubry qui hâte son retour pour éviter l'affrontement annoncé: Martine Aubry, « une idée qui fait son chemin », selon certains de ses amis.

La bataille des égo

La première réaction à l'annonce de Ségolène Royal, c'est celle de Julien Dray, l'homme à la métaphore pâtissière. Ancien soutien de Ségolène Royal, il a tout simplement expliqué, que la figurine sur une pièce montée était le dernier élément mis en place par le pâtissier. Autrement dit, il juge qu'il est trop tôt pour engager la course au leadership, car il faut d'abord établir une base - rassemblement et projet - sans lesquels rien ne serait possible. Trop tôt également pour François Hollande qui a appelé à un respect du temps dans la préparation du congrès et du projet socialiste qui « doit rester une priorité ». Un message qui a peu de chances d'être entendu. Quant au Strauss-khanien, Jean-Christophe Cambadélis, il a dénoncé le PS- pétaudière en déplorant le non respect du calendrier, des militants et des décisions prises collectivement.

A l’approche d’échéances importantes, le PS est une nouvelle fois victime de ses vieux démons. La bataille des « égo » ne commence pas mais recommence. Et comme en 2007, Ségolène Royal est la cible de tous ou presque. Sa démarche en marge du parti, la démocratie participative qu'elle souhaite ancrer et ses ambitions d'ouvertures au centre ne sont guère appréciées au PS. Ce n'est pas encore TSS, tout sauf Ségolène, mais ça y ressemble. D'ailleurs les chefs de courant cherchent une solution alternative. Et cette solution alternative pourrait bien être Bertrand Delanoë préféré à Ségolène Royal par les Français, nous affirment les derniers sondages.