Article publié le 20/05/2008 Dernière mise à jour le 20/05/2008 à 02:17 TU
Le Premier ministre palestinien Ismaïl Haniyeh fait partie des personnalités que l'ancien ambassadeur français Yves Aubin de la Messuzière a rencontrées à Gaza, il y a un mois.
( Photo : AFP )
Avec notre correspondant à Jérusalem, Michel Paul
Des négociations secrètes entre Israël et le Hamas, « oui, il y en a... » C’est la première fois qu’un membre du gouvernement israélien le reconnaît, et pas n’importe lequel, puisqu’il s’agit du numéro 2 du cabinet Olmert, le ministre Haïm Ramon. Une révélation faite lors d’une réunion du groupe parlementaire Kadima, le parti du Premier ministre israélien.
Jusqu’à présent, le gouvernement israélien s’en tenait à la ligne officielle : pas de pourparlers avec l’organisation islamiste tant qu’elle n’accepte les conditions du Quartette sur le Proche Orient, notamment, l’arrêt des actes de terrorisme.
Mais Haïm Ramon a tenu ces propos pour critiquer la tenue, de fait, de telles négociations. « L’existence d’un Etat terroriste à notre frontière sud est intolérable », a-t-il dit. Et il espère que le gouvernement prendra des décisions d’ici la semaine prochaine, « l’armée saura alors quoi faire » a-t-il ajouté.
En d’autres termes, ce que lui et d’autres ministres réclament, c’est de séparer totalement les pourparlers en vue de la libération du soldat Gilad Shalit, des négociations sur une éventuelle trêve avec le Hamas. « Il faut trouver une solution pour un échange de prisonniers, estime-t-il, mais poursuivre un combat sans relâche contre les militants armés de l’organisation à Gaza ».
Paris reconnaît des contacts avec le Hamas |
Le ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner a confirmé lundi les informations du journal Le Figaro : la France a bien établi des contacts avec le mouvement islamiste palestinien. Ce qui a tout de suite entraîné ce commentaire du département d'Etat américain : ces contacts ne sont « ni sages... ni judicieux ». A Washington, on rappelle que le Quartette pour le Proche-Orient (formé par les Etats-Unis, la Russie, l'Union européenne et l'ONU) a posé 3 conditions au Hamas avant toute reprise du dialogue : la reconnaissance d'Israël, la reconnaissance des accords signés entre Palestiniens et Israéliens, et la renonciation à la violence. A Paris, on explique que ces exigences sont toujours d'actualité, que « contact » ne signifie ni « relations politiques » ni « négociation », et que le diplomate à la retraite Yves-Aubin de La Messuzière, ancien ambassadeur en Irak, a rencontré les dirigeants du Hamas en tant que chercheur, et pas en tant qu'émissaire officiel de la France. Reste que le front des pays souhaitant isoler le mouvement islamiste se lézarde. Les Israéliens eux-même tentent d'ailleurs de parvenir à une trêve avec le Hamas, par l'intermédiaire d'une médiation égyptienne. Deux ans après sa victoire électorale aux législatives palestiniennes, et près d'un an après sa prise de contrôle de la bande de Gaza, le parti islamiste démontre jour après jour sa capacité à survivre politiquement et à se replacer au centre du jeu, en un perpétuel défi à ceux qui prétendent le faire chuter ou le pousser à des concessions. |
A lire