par RFI
Article publié le 20/05/2008 Dernière mise à jour le 20/05/2008 à 22:08 TU
Tous les drapeaux sont en berne en Birmanie. Le deuil de trois jours a commencé ce mardi matin. Trois jours qui arrivent très tard, dix-huit jours après le passage du cyclone Nargis. Les militaires au pouvoir ont accepté, ce lundi, l'aide internationale mais elle devra être distribuée par ses partenaires de l'ASEAN (Association des nations de l'Asie du Sud-Est). Mais comme la Birmanie ne laisse toujours pas les humanitaires se rendre dans la région du delta, la région la plus touchée, le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon se rendra, mercredi soir, en Birmanie.
Secrétaire général de l'ONU
« Pour le moment, nous n'avons pu atteindre environ qu'un quart de la population birmane dans le besoin. »
La Birmanie entame ce mardi trois jours de deuil national, apparemment dans l'ignorance la plus totale de la plupart de ses citoyens (selon les informations qui nous parviennent de Rangoon). Rien en effet, n'a été annoncé de manière officielle : pas de cérémonie publique, pas de minute de silence. Il y a sûrement un peu d'improvisation dans tout cela mais il apparait surtout qu'en matière de communication, la junte n'est pas encore très au point. C'est vrai que ce n'est qu'hier, lundi, qu'on a vu les premières images de la télévision birmane montrant le « numéro un » sur les lieux de la catastrophe, soit dix-sept jours après l'impact du cyclone.
Les initiatives prises par les généraux au pouvoir en Birmanie semblent donc surtout dictées par leur souci de montrer que, finalement, les apparences sont trompeuses et qu'ils éprouvent compassion et solidarité à l'égard de leur peuple. En tout cas, il est vrai que la comparaison avec la décision prise par le voisin et ami chinois est tentante, au détriment des autorités birmanes dont chacun des efforts produit plutôt l'effet inverse en soulignant le cynisme de l'abandon des quelque 2 millions et demi de sinistrés du delta d'Irrawaddy.
Porte-parole d'Human Rights Watch
« La Chine joue la transparence sur le tremblement de terre mais accepte que la Birmanie soit responsable de la mort de milliers de personnes parce qu'elle ne veut pas accepter une aide. »
Il faudra attendre encore la fin de la semaine avant d'espérer un éventuel déblocage de la situation humanitaire. C'est dimanche en effet que se tiendra, à Rangoon, la conférence des donateurs, soit vingt-trois jours après le choc. Mais, pour l'heure, on a encore un peu de mal à identifier la véritable nature de cette conférence, co-organisée par l'ONU et l'ASEAN.
S'agit-il d'une réunion destinée à procéder à des appels de fonds, ou bien à organiser le sauvetage de ceux qui peuvent encore être secourus ? Franchement, à ce stade, c'est encore un peu flou... On sait maintenant jusqu'où les réticences à l'égard des étrangers et singulièrement des Occidentaux peuvent conduire les généraux birmans : en interdisant l'entrée de leur territoire aux professionnels des situations d'urgence, ils ont aggravé considérablement les bilans.
Porte-parole d'Human Rights Watch
« L'ASEAN n'a pas la capacité pour faire face aux besoins énormes des millions de personnes. »
A force de négociations, il apparaît qu'ils accepteraient que leurs voisins de l'ASEAN apportent cette aide que l'ONU et les ONG continuent de collecter. Bref, à ce jour, il subsiste encore l'impression tenace qu'il s'agit d'une décision destinée à calmer les ardeurs humanitaires occidentales tout en limitant le champs d'activité des étrangers dans le pays
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