par RFI
Article publié le 17/05/2008 Dernière mise à jour le 17/05/2008 à 12:56 TU
Les Occidentaux accentuent la pression face au refus de la Birmanie de laisser entrer une aide internationale massive pour les quelque deux millions de survivants du cyclone Nargis, au moment où la junte accueille, ce samedi, une centaine seulement de personnels médicaux asiatiques. Le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner avait jugé, jeudi, que l'intransigeance de la junte confinait à un « crime contre l'humanité ». Ce samedi, c’est le Premier ministre britannique Gordon Brown qui dénonce le traitement « inhumain » des Birmans sinistrés. Et aux Etats-Unis, 43 membres de la Chambre des représentants ont demandé au président George Bush d'envisager une « intervention humanitaire » en Birmanie.
La Birmanie est un des pays les plus fermés au monde. Les militaires birmans sont rétifs à toute intervention extérieure. Depuis deux semaines, ils ont maintenu cette ligne, malgré la catastrophe humanitaire en cours dans le sud du pays.
La junte birmane a fait, toutefois, quelques pas timides. D'abord, elle a autorisé des avions américains à se poser sur l'aéroport de Rangoon. Cinq avions d'aide humanitaire ont atterri mercredi. Et quatre avions supplémentaires, des C 130, vendredi. Les cargaisons de deux de ces avions ont pu être remises directement à des ONG et pas aux autorités birmanes. On redoute, en effet, le détournement de cette aide. La remettre aux ONG, c'est être un peu plus sûr qu'elle arrive aux victimes du cyclone. Ces livraisons américaines devraient se poursuivre à raison de quatre ou cinq vols par jour.
Bush renouvelle pour un an les sanctions contre la junte
Par ailleurs, trente médecins et auxiliaires médicaux thaïlandais sont arrivés ce samedi sur place. Cent trente autres personnels médicaux venus du Bangladesh et de Chine sont attendus dans les heures qui viennent. Ils auront des visas de deux semaines. L'information a d'abord été donnée vendredi par le commissaire européen au Développement, Louis Michel, à Bangkok, en Thaïlande, de retour de Rangoon. Selon lui, les choses sont en train de bouger. « Les autorités birmanes sont tentées de réagir positivement à nos requêtes », a-t-il expliqué.
Mais Louis Michel a dit aussi sentir de la réticence « parce que la relation entre les dirigeants birmans et la communauté internationale n'est pas très bonne ». C'est un euphémisme. D'ailleurs, le président Bush vient de renouveler ce samedi et pour un an les sanctions économiques contre la junte. Il a assuré que cela ne gênerait pas l'aide humanitaire.
Enfin, autre petit signe d'ouverture, des diplomates occidentaux ont pu effectuer un survol en hélicoptère de certaines zones sinistrées, mais pas des plus touchées.
Nourrir 100 000 personnes pendant deux semaines
Aussi la communauté internationale maintient-elle la pression sur les militaires birmans. Parce qu'on est très loin de ce qui est nécessaire pour porter assistance aux deux millions et demi de sinistrés du cyclone Nargis. D'autant plus que des pluies torrentielles sont tombées vendredi. Donc, la France a positionné un navire militaire aux larges des côtes de l'Irrawady, la région dévastée. Ce navire transporte 1000 tonnes de fret humanitaire. Ce qui permettrait de nourrir 100 000 personnes pendant deux semaines et de fournir un abri à 60 000 sinistrés.
Des équipes de la sécurité civile française, des marins pompiers et des spécialistes de logistique sont à bord. Mais pour l'instant, ils ne peuvent pas débarquer. Les Birmans, par la voie de leur ambassadeur aux Nations unies, se sont même offusqués de cette présence. Ils accusent la France d'avoir dépêché un navire de guerre près de chez eux, donc avec des intentions agressives. Les Français ont bien sûr démenti.
De leur côté, les Nations unies maintiennent le contact avec Rangoon. Mais cela reste peu concluant. Le numéro un birman a par exemple refusé à trois reprises de prendre au téléphone Ban Ki-moon, le secrétaire général des Nations unies. Mais un des adjoints de ce dernier, le responsable des questions humanitaires, John Holmes, devrait arriver dimanche à Rangoon. Il sera porteur de la troisième lettre adressée par Ban Ki-moon au général Tawn Shwe, le chef de la junte militaire birmane, pour tenter de le convaincre de porter assistance à ses concitoyens.
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