Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Afrique du Sud/Nigeria

Violences xénophobes : Abuja demande des compensations

par  RFI

Article publié le 28/05/2008 Dernière mise à jour le 28/05/2008 à 19:58 TU

Le ministre nigérian des Affaires étrangères Ojo Maduekwe a déclaré mardi à Abuja que la mission de son pays en Afrique du Sud avait dressé la liste des Nigérians affectés par la violence, avec l’objectif de chercher à obtenir « des compensations de la part du gouvernement sud-africain pour la perte des biens et des blessures physiques ». La vice-présidente sud-africaine, Phumzile Mlambo-Ngcuka, avait présenté, vendredi dernier, les excuses de son pays au Nigeria à la suite des violences xénophobes qui on fait, depuis deux semaines, plus de 50 morts obligeant des dizaines de milliers de personnes, notamment des Zimbabwéens et des Mozambicains, à se réfugier dans des commissariats et des centres communautaires ou à rentrer dans leurs pays. Le ministre a précisé qu’aucun Nigérian ne  figure dans la liste des victimes mortelles de ces violences qui se sont produites surtout dans les quartiers pauvres de Johannesburg et de Durban, où les Sud-Africains reprochent aux immigrés de leur voler leur travail et de se livrer à des actes criminels.

Des immigrés du Malawi, attendent sur le mur du commissariat de police à Durban, le bus qui les ramènera chez eux, le 27 mai 2008.(Photo: Reuters)

Des immigrés du Malawi, attendent sur le mur du commissariat de police à Durban, le bus qui les ramènera chez eux, le 27 mai 2008.
(Photo: Reuters)

Aucun Nigérian parmi les 56 victimes des violences xénophobes en Afrique du Sud. Quant aux dizaines de milliers de déplacés, ils sont avant tout Zimbabwéens, Mozambicains, Malawites et Somalis. Les Nigérians, installés pour beaucoup dans le centre de Johannesburg plutôt que dans les townships, ont été moins touchés. Pourtant, c'est d'Abuja qu'est venue la plus vive réaction. Il faut dire que si les deux pays ont travaillé conjointement pour la création du NEPAD, Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique, et que si les échanges économiques se sont développés entre eux, la compétition entre le Nigéria et l'Afrique du Sud s'est elle aussi accrue.

Le Nigeria, pays le plus peuplé d'Afrique, et deuxième producteur de pétrole du continent, se comporte en patron de l'Afrique de l'Ouest. Il conteste de plus en plus le leadership sud-africain sur le continent. Depuis les années 1990, le Nigeria s'est impliqué, lui aussi, dans des missions de maintien de paix au Liberia et en Sierra Leone, entre autres, et il joue les médiateurs au Soudan et au Togo.

L'Afrique du Sud, elle, a multiplié les interventions particulièrement actives dans la recherche d’une solution politique en RDC et au Zimbabwe et a multiplié les interventions dans des pays plus lointains comme la Côte d’Ivoire et les Comores. Elle est l’économie la plus moderne sur le continent, avec un produit intérieur brut (PIB) trois fois supérieur à celui du Nigeria, et qui a acquis un capital de sympathie  grâce à sa transition démocratique. Ce côté donneur de leçon doit sans doute agacer les Nigérians. Il n'est pas étonnant qu'ils soient montés au créneau pour dénoncer les violences chez le géant sud-africain qui possède à lui seul le quart du total du PIB africain. Même s’ils ne le disent pas ouvertement, Abuja et Pretoria sont en concurrence pour un éventuel siège permanent « africain » au Conseil de sécurité de l'ONU. Aujourd'hui l'Afrique du Sud reste la mieux placée.

Le gouvernement de Pretoria affirme, lui, qu'il n'a pas encore reçu de demande officielle de dédommagement de la part des Nigérians. Il souligne les relations « fraternelles » entre les deux pays et dit attendre avec impatience la visite que le président nigérian Umaru Yar’Adua doit effectuer en Afrique du Sud la semaine prochaine.