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Internet grand public

La France lance ses assises du numérique

par Myriam Berber

Article publié le 29/05/2008 Dernière mise à jour le 29/05/2008 à 21:54 TU

Le Premier ministre François Fillon et Eric Besson en visite à la société Darworks à Paris, le 28 mai 2008.(Photo: AFP)

Le Premier ministre François Fillon et Eric Besson en visite à la société Darworks à Paris, le 28 mai 2008.
(Photo: AFP)

Le secrétaire d’Etat au développement de l’économie numérique, Eric Besson a donné, jeudi 29 mai 2008, le coup d’envoi des assises du numérique, qui se tiendront pendant tout le mois de juin. Il s’agit de faire le point sur les technologies de l’information en France avec tous les acteurs du secteur. Des assises dont les conclusions seront remises fin juillet au Premier ministre. L'objectif avoué est d'élaborer un plan d’action en faveur de l’économie numérique à l’horizon 2012.

A l’instar des Etats-Unis ou bien de la Corée du Sud, le secrétaire d’Etat Eric Besson a décidé de faire de la France une puissance numérique. Et les assises qu’il vient de lancer, ce jeudi pour un mois, vont en fixer les grandes lignes dans un plan. « Notre objectif est clair, simple, identifié: nous voulons développer le numérique. Nous voulons multiplier les connexions, tisser les réseaux, développer les contenus, diversifier les usages », a-t-il déclaré dans son discours d'ouverture. Pour parvenir à son objectif, Eric Besson compte, dans un premier temps, rassembler l’ensemble des acteurs du secteur public (Commission européenne, Parlement) ou privé (Alcatel-Lucent, Bull, IBM ou Microsoft) mais aussi les opérateurs de télécommunication, (Orange, SFR, etc.) autour de tables rondes et débats à Paris et en Province.

Une cinquantaine d’ateliers sont prévus autour des thèmes tels que le haut débit (avec notamment la question de la mutualisation des infrastructures que souhaitent les fournisseurs d’accès mais que refuse France Télécom), la lutte contre le piratage, la tarification des télécommunications, le commerce en ligne, la télévision numérique, l’autorégulation du réseau, les jeux vidéos ou bien encore l’administration en ligne. Ces sujets économiques, sociaux et culturels sont regroupés dans quatre volets : réseaux, contenus, usages et gouvernance. Un site web assises-numériques.fr est également mis en ligne sur la Toile pour permettre aux internautes d’intervenir dans les débats.

Un service universel à l’accès au haut débit

Fin 2007, la France comptait 17,1 millions d’abonnés à internet dont 15,6 millions en haut débit, la plupart utilisant l’ADSL. Cette croissance du Net en France s’accompagne d’une fracture numérique. Il reste des zones qui ne bénéficient pas encore du haut débit, tout particulièrement, les communes rurales éloignées des répartiteurs téléphoniques (20% du territoire et 5% de la population). Pour couvrir ces zones blanches oubliées par l’ADSL ou le câble, il faut développer l’usage de technologies alternatives comme le satellite, le WiFi ou le WiMax (technologie sans fil à haut débit utilisant les ondes hertziennes radio).

L’objectif est de connecter 100% des Français à l’internet par des technologies d’accès haut débit fixe et mobile avant 2012, contre 44% fin 2007. Pour Eric Besson, « l’internet à haut débit est un service public à vocation universelle ». C’est pourquoi, il veut profiter de la présidence française de l’Union européenne à partir de juillet « pour engager le débat avec les partenaires européens sur les conditions d’extension de ce service universel au haut débit ». Il a également insisté sur la nécessité d’accroître l’équipement des ménages en ordinateurs avec un objectif de 70% d’ici 2010 contre 55% actuellement. Ces inégalités, en terme d’accès, demeurent essentiellement chez les seniors et les familles les plus démunies.

La création d’un Conseil national du numérique

L’utilité des liaisons à haut débit n’est plus à démontrer, notamment en matière de commerce électronique. Le public visé est d’abord le monde de l’entreprise. Le haut débit est un facteur capital pour le développement du e-commerce dit « business to business ». Les réseaux haut débit vont également générer une nouvelle vague de besoins en matière de contenus numériques. Qui dit « haut débit » dit « vidéo à la demande », « télévision haute définition » et « jeux en réseau ».  Eric Besson a rappelé que « les contenus numériques méritaient d’être mieux pris en compte dans les politiques publiques de soutien à la création ». D’ores et déjà, François Fillon a annoncé mercredi l’instauration d’un crédit d’impôt en faveur des entreprises de jeux vidéo, un dispositif réclamé de longue date par la filière française. Cette disposition permettra de déduire des sociétés concernées 20% des dépenses liées au jeu, dans la limite de trois millions d’euros.

Parmi ses objectifs, Eric Besson souhaite également assurer une meilleure coordination du secteur « pour que tous les efforts aillent dans la même direction ». Pour cela, il propose notamment la création d’un Conseil national du numérique, une instance de dialogue qui pourrait jouer « un rôle majeur en valorisant et labellisant les bonnes pratiques » entre tous les acteurs.  Dans le même ordre d’esprit, il a réaffirmé sa position en faveur d’une « liberté régulée » de l’internet avant de rappeler que « la loi ne doit intervenir que quand tout le reste échoue ». Reste la question du financement. Si l’on en croit Eric Besson, « ce plan ne devrait rien coûter. Il pourrait même rapporter grâce aux quelques fréquences hertziennes qui pourraient être mises aux enchères ».