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Macédoine

Election législative sous tension

par Valérie Lainé

Article publié le 31/05/2008 Dernière mise à jour le 31/05/2008 à 05:52 TU

Les Macédoniens sont appelés aux urnes ce dimanche pour élire leurs députés lors d’un scrutin anticipé, convoqué après le sommet de l’OTAN d’avril dernier, pendant lequel le pays n’a pas obtenu le statut de candidat officiel à l’Alliance atlantique. Le projet d’adhésion à l’Union européenne, s’il est plus avancé, n’a cependant pas encore débouché sur l’ouverture de négociations. Quant au contexte intérieur, il reste marqué par des tensions entre partis albanais rivaux.

Rassemblement électoral à Skopje le 30 mai de l'Union démocratique pour l'intégration, l'un des deux grands partis albanais de Macédoine.( Photo : Reuters )

Rassemblement électoral à Skopje le 30 mai de l'Union démocratique pour l'intégration, l'un des deux grands partis albanais de Macédoine.
( Photo : Reuters )

 Echec à l’OTAN

Membre depuis 1995 du Partenariat pour la paix de l’OTAN, la Macédoine a signé avec les Etats-Unis en mai 2003, tout comme l’Albanie et la Croatie, une Charte adriatique destinée à faciliter son adhésion à l’alliance occidentale. Mais en avril dernier, lors du sommet des 26 pays de l’Alliance atlantique réunis dans la capitale roumaine, elle n’est pas parvenue à franchir la dernière étape, celle de l’accès au « plan d’action pour l’adhésion » en raison de l’opposition de la Grèce. Athènes refuse en effet à Skopje le droit d’utiliser le nom de « Macédoine », qui est également celui d’une province du nord de la Grèce et qui, pour être le berceau d’Alexandre le Grand, est considérée comme un élément du patrimoine historique et par là même inaliénable. La Macédoine qui a intégré l’ONU en avril 1993, un peu moins de deux ans après s’être séparée de manière pacifique de la Fédération yougoslave, porte sur la scène internationale le nom provisoire d’ « ancienne république yougoslave de Macédoine ». Ou FYROM (en anglais), un acronyme compliqué qui la relie donc à un chapitre de son histoire difficile à dépasser.

Rapprochement vers l'UE

Le chemin vers l’Union européenne a été parcouru avec davantage de célérité. Premier pays à avoir signé un accord de stabilisation et d’association  (ASA) avec l’Union européenne en 2001, la Macédoine a déposé sa candidature à l’adhésion en mars 2004 et obtenu en décembre 2005 le statut de pays candidat. Ce qui lui donne accès à une assistance financière, s’élevant pour la période 2007-2010 à 302 millions d’euros. Ce partenariat identifie les réformes prioritaires à effectuer dans les domaines politique et économique afin de satisfaire aux critères permettant l’adhésion au club des 27. Parmi ceux-ci, l’organisation de scrutins libres et équitables. La Commission européenne espère pouvoir recommander en novembre prochain l’ouverture de négociations d’adhésion, qui peuvent prendre ensuite plusieurs années.

Rivalités albanaises

L’un des éléments observé de près par l’exécutif européen en Macédoine concerne le traitement de la minorité albanaise par un Etat unitaire mais multiethnique et frontalier de la Serbie et de l’Albanie. Sur les deux millions d’habitants que compte le pays, 64% sont Macédoniens et 25% Albanais, le reste de la population se répartissant entre Turcs, Tziganes et  Serbes. Cette importante minorité vit essentiellement dans le nord et l’ouest du pays, où la proclamation de l’indépendance du Kosovo en février dernier a ravivé les tensions entre communautés, relativement apaisées depuis que l’accord d’Ohrid, signé le 13 août 2001, a mis un terme à sept mois de guérilla entre Slaves et Albanais.

La campagne électorale pour le scrutin de ce dimanche a d’ailleurs donné lieu à plusieurs incidents. Le président du principal parti albanais,  l’Union démocratique pour l’intégration (DUI), a notamment déclaré avoir subi une attaque par armes à feu dans un village à proximité de Tetovo, un épisode contesté par le Parti démocratique des Albanais (DPA) qui a estimé qu’il s’agissait d’une mise en scène. Le DUI, écarté du gouvernement par le Premier ministre sortant qui lui a préféré le DPA pour former sa coalition, entend bien revenir au pouvoir à l’occasion de ce scrutin.

Le parti conservateur en tête

Nikola Gruevski, 37 ans, premier ministre sortant et leader depuis 2003 du parti conservateur VMRO- DPMNE, est donné favori dans les sondages. Ancien boxeur amateur et acteur de théâtre, il a été ministre des Finances et est à l’origine d’une série de réformes du système fiscal. Il a favorisé le processus de privatisation, et entend poursuivre les réformes économiques dans un pays où le chômage touche 35% de la population active, et où le produit national brut par habitant ne dépasse pas 1 536 euros. Il est favorable à l’intégration à l’UE comme à l’OTAN.

Son adversaire socialiste est une femme. Radmila Sekerinska, 35 ans, est ancien vice-premier ministre et dirige le parti d’opposition SDSM depuis sa défaite aux élections de 2006. Chargée du dossier de l’intégration européenne dans le gouvernement précédent, c'est une inconditionnelle de l’adhésion de son pays à l’Union.

Le gouvernement issu des élections de dimanche devra donc continuer à rapprocher le pays des structures occidentales, tout en étant soumis à de fortes pressions des partis albanais qui réclament la reconnaissance du Kosovo, sans oublier le règlement du contentieux avec la Grèce.

A écouter

Nicola Gruevski

Premier ministre sortant de Macédoine

Il ne se dit pas homme politique, mais se définit comme un économiste qui travaille en politique, pour réaliser les objectifs qu'il s'est fixés.

31/05/2008 par François Cardona