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Sommet de la FAO

Une déclaration finale a minima

par Myriam Berber

Article publié le 06/06/2008 Dernière mise à jour le 06/06/2008 à 18:28 TU

Les Etats-membres de la FAO ont bouclé dans la douleur, jeudi 5 juin 2008 à Rome, le sommet international sur la sécurité alimentaire. Les pays s'engagent à réduire de moitié le nombre de personnes sous alimentées dans les sept années qui viennent. Mais les moyens annoncés font débat. De nombreuses ONG ont pointé l’absence d’engagements sérieux sur des sujets sensibles comme les subventions agricoles et les biocarburants.
Le Vietnam prévoit de protéger au moins 3,9 millions d'hectares de rizières pour assurer sa sécurité alimentaire.(Source: Wikipedia)

Le Vietnam prévoit de protéger au moins 3,9 millions d'hectares de rizières pour assurer sa sécurité alimentaire.
(Source: Wikipedia)

Plus de 6,5 milliards de dollars de promesses de dons pour lutter contre la crise alimentaire. Des fonds promis par la Banque mondiale, la Banque islamique de développement, les Etats-Unis et la France. Tel est le principal résultat du sommet de la FAO qui s’est terminé jeudi 6 juin 2008 à Rome. La déclaration finale met en exergue quelques grands principes qui affirment «éliminer la faim et garantir la sécurité alimentaire pour tous, aujourd’hui et demain ».  Les pays participants ont pris l'engagement de « réduire de moitié le nombre de personnes sous-alimentées pour 2015 au plus tard ».  Elles sont plus de 850 millions aujourd'hui, et l'envolée du prix des denrées en fragilise 100 millions de plus.

Après des discussions laborieuses, les pays membres de la FAO ont donc adopté, jeudi soir à Rome, une déclaration commune. L'échec est évité, mais le texte n'est vraiment pas ambitieux. Beaucoup reste à faire. Pour l’organisation humanitaire britannique Oxfam, «les 6,5 milliards de dollars de promesses de dons représentent moins de la moitié de la somme nécessaire uniquement pour cette année». Oxfam estime que 14,5 milliards de dollars sont nécessaires pour fournir une aide immédiate à 290 millions de personnes menacées par la crise alimentaire d’ici la fin de l’année.

Pas d’engagements à long terme

Oxfam, comme de nombreuses ONG, a également pointé « l’absence d’engagements sérieux à long terme » sur plusieurs sujets sensibles comme notamment les biocarburants. Cette question est réglée par des formules délibérément vagues ou ambiguës. Sous la pression des Etats-Unis, qui sont avec le Brésil en pointe dans la production de biocarburants, le texte se contente de relever que ces combustibles présentent « des défis et des opportunités » et « d’appeler à des études approfondies ». De quoi décevoir ceux qui réclamaient un moratoire sur les dangers des biocarburants pour la production alimentaire.

Les travaux de la FAO n’ont pas non plus réglé le problème des subventions agricoles. Ces subventions, selon l’ancien rapporteur de l’ONU Jean Ziegler, conduisent à une situation de concurrence déloyale vis-à-vis des agriculteurs des pays en développement. Cette question n’a été évoquée qu’avec prudence dans la déclaration finale : « Les pays encouragent la communauté internationale à poursuivre ses efforts en matière de libéralisation des échanges agricoles en réduisant les obstacles au commerce, et les politiques qui sont à l’origine de distorsions des marchés ». L’Argentine a refusé de voir figurer dans le texte une mention sur «les mesures restrictives qui peuvent augmenter la volatilité des prix internationaux». 

Une tonne de riz à plus de 1 000 dollars

Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a par ailleurs a plaidé pour un accord dans le cadre des négociations de l'OMC. « Certains pays ont limité leurs exportations ou ont imposé des mesures de contrôle des prix. Ces politiques qui nuisent aux pays voisins ne peuvent pas fonctionner. Elles ne font que créer des distorsions de marché et contribuent à faire encore grimper les prix », a critiqué Ban Ki-moon. Le Japon, avec un tarif douanier pour le riz de plus de 500 %, a ainsi contribué à l'augmentation du prix de cette denrée de base. Les prix ont doublé en six mois, une tonne de riz coute aujourd’hui plus de 1 000 dollars.

Pour assurer la sécurité alimentaire de ses quelque 86 millions d’habitants, le Vietnam, second exportateur de riz au monde, a décidé, quant à lui, de protéger près de 4 millions d’hectares de rizières d’ici la fin de l’année. Les terres cultivables du pays sont, en effet, peu à peu grignotées au profit de zones industrielles et urbaines. Ces terres seront ainsi réservées à l’agriculture. Pour stabiliser l’offre de riz, le ministère vietnamien de l’Agriculture prévoit aussi de mettre en place une réserve nationale de riz de 100 000 tonnes, disponible en cas de fluctuation des prix et de la demande intérieure.