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France / Afrique

La France prête mais ne dépense pas

par  RFI

Article publié le 20/06/2008 Dernière mise à jour le 20/06/2008 à 05:01 TU

Alain Joyandet : «<em> La coopération française va changer de cap et de voilure</em> »(Photo : AFP)

Alain Joyandet : « La coopération française va changer de cap et de voilure »
(Photo : AFP)

Coincée entre un budget national serré et ses obligations d’aide au développement, la France a trouvé la solution : c’est sous forme de prêts bonifiés qu’elle viendra principalement en aide aux pays africains. C’est ce qu’a annoncé Alain Joyandet, secrétaire d’Etat chargé de la Coopération et de la Francophonie en dévoilant jeudi les 8 nouveaux chantiers français pour l’Afrique. L’aide devrait essentiellement profiter au secteur privé. L’hexagone compte ainsi défendre ses intérêts sur le continent noir, sérieusement concurrencés par la Chine.

Un budget national difficile à boucler d'un côté, et de l'autre, des engagements d'aide au développement particulièrement ambitieux : c'est l'équation que doit résoudre l'Etat français.

Pas question pour lui d'augmenter les subventions publiques, accordées au titre de l'aide au développement, et il est difficile d'envisager de nouvelles annulations de dettes.

Pour tenir ses promesses, malgré ses difficultés financières grandissantes et sans dépenser un sou supplémentaire, la France propose donc de prêter de l'argent. Certains prêts peuvent être comptabilisés dans l'aide au développement et dans les mécanismes financiers aidant. Quelque 300 millions d'euros d'argent public peuvent ainsi permettre de lever plus d'un milliard d'euros de prêts.

L'annonce faite par Alain Joyandet est dans la droite ligne de l'engagement pris par le président français, Nicolas Sarkozy, lors de son discours prononcé au Cap, en Afrique du Sud en février dernier.

Ce milliard d'euros supplémentaire promis chaque année vise particulièrement le secteur privé en Afrique, en plein développement : une opportunité aux yeux des Français. Soumise à une concurrence très forte, face aux Chinois notamment, la France veut défendre ses parts de marché.

Alain Joyandet

Secrétaire d'Etat chargé de la Coopération et de la Francophonie

« L'Afrique s'éveille, est-ce qu'elle s'éveillera avec nous ou sans nous ? Nous voulons augmenter notre influence, notre coopération est en concurrence... »

Les 8 chantiers de la coopération française       

En plus du milliard d’euros supplémentaire débloqué sous forme de prêts, Paris a identifié huit chantiers de coopération avec l’Afrique.

- Relancer l’agriculture, afin de faire face à l’augmentation des prix alimentaires mondiaux : la flambée des cours des denrées alimentaires, en hausse de 53% les quatre premiers mois de 2008 par rapport à la même période de 2007, a déclenché des « émeutes de la faim » dans plusieurs pays d’Afrique. Paris soutiendra également la croissance africaine.

- La France compte se battre en faveur du droit des femmes, avec la nomination d’une personnalité qui devrait faire des propositions à ce sujet. Le pays renforcera aussi les programmes d'éducation.

- Paris prévoit un triplement du nombre de volontaires internationaux, avec le recrutement notamment de plus de seniors. Ils sont aujourd’hui 4 500 à partir travailler sur des projets en Afrique. Alain Joyandet souhaite porter leur nombre à 15 000.

- La France augmenterait de 50%, d’ici 2012, son aide aux ONG qui s’élève actuellement à 100 millions d’euros.

- Viennent ensuite la révision de certains accords bilatéraux de Défense et une revalorisation de l’aide à la langue française à travers la réorientation de l’audiovisuel extérieur qui, selon Alain Joyandet, doit être « réformé », pas « bouleversé ». Le secrétaire d’Etat a précisé, lors de la présentation de ces chantiers, que la « politique de coopération, c’est évidemment l’influence » et « l'influence de la France, c'est aussi la langue française ».

Bono monte au créneau

Le chanteur du groupe U2 a récemment accusé certains pays, dont la France, de ne pas respecter ses engagements en faveur de l’Afrique. Si Alain Joyandet avoue que le pays est en retard par rapport aux objectifs fixés à 2010 et 2015, il assure que Nicolas Sarkozy tiendra parole.