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France

PS : le débat, pas le pugilat

par Patrice Biancone

Article publié le 25/06/2008 Dernière mise à jour le 25/06/2008 à 16:28 TU

La préparation du congrès socialiste à Reims, en novembre prochain, a véritablement commencé cette semaine, sous le signe du rejet, en tout cas déclaré, du « combat des chefs ». Courants et dirigeants du parti se mettent en ordre de bataille idéologique en présentant leurs « contributions » en vue du congrès de Reims. Ces premiers textes, que les militants parcourront pendant l'été, fournissent un tour d'horizon des proximités de programmes et de personnes avant la phase des « motions », qui seront soumises au vote en novembre.

De gauche à droite : François Hollande, Ségolène Royal, Patrick Bloche, Dominique Strauss-Kahn, Laurent Fabius et Bertrand Delanoë.(Photo : AFP)

De gauche à droite : François Hollande, Ségolène Royal, Patrick Bloche, Dominique Strauss-Kahn, Laurent Fabius et Bertrand Delanoë.
(Photo : AFP)


Il y a le temps des contributions. Et puis il y a le temps des motions. Les premières servent à alimenter les secondes, l'essentiel étant, dans l'idéal théorisé, de ranimer un PS en mal d'idées et d'unité... C'est une tradition socialiste. Une façon de faire participer chaque responsable à la construction d’un projet qui sert ensuite (en l’occurrence cette fois-ci, après le congrès de novembre prévu à Reims) de plateforme à la conquête d’un pouvoir national qui a échappé à trois reprises à la gauche.

Les années 1995, 2002 et 2007 sont, en effet, des souvenirs douloureux pour le parti socialiste. Et depuis 2002 en particulier, l’errance idéologique et les querelles de personnes occupent le champ politique comme jamais auparavant. Dans la plupart des cas, les contributions sont devenues des prétextes pour afficher des ambitions personnelles - cela explique que l’on y trouve la défense d’un certain libéralisme et, à l’opposé, l’affirmation de valeurs très ancrées à gauche. Et les motions des fourre-tout destinés, non pas à enrichir le débat, mais à créer du consensus, des majorités, pour s'emparer des commandes et ce quelquefois au prix de concessions qui n'auraient jamais été acceptées en d’autres circonstances. A croire que la défense du collectif est un combat ancien ; qu'il a tout simplement été subordonné aux desseins personnels qui se sont multipliés ces dernières années... Souvenons nous que l'absence d'un chef incontesté, depuis la douloureuse défaite et le départ de Lionel Jospin, a ouvert des perspectives. Désormais, chacun, ou presque, pense pouvoir devenir le numéro « uno », ce qui a fait dire à Jean-Christophe Cambadélis que le PS était devenu une « pétaudière ». Et aux militants qu'ils en avaient assez de la  guerre des chefs, ce qui explique sans doute que 30% d’entre eux n'ont pas renouvelé leurs cartes ces derniers mois.

Congrès en novembre

Les cadres du PS savent à quoi s’en tenir. Ils connaissent cette condamnation des militants. Leurs regrets, pour ne pas dire leur désespoir, de constater que rien ne bouge à gauche parce que leurs chefs usent leurs forces dans des affrontements fratricides et stériles plutôt que de dénoncer et lutter contre la perte du pouvoir d’achat. Aussi, la main sur le cœur, jurent-ils que leur intention n’est pas de relancer un énième combat des chefs qui serait le combat de trop, tout en se positionnant pour exister, pour être incontournables. Et tous y vont de leur petite phrase assassine sur Ségolène Royal sans jamais la citer nommément, quand ils ne s’emploient pas à  brosser le portrait idéal du futur premier secrétaire qui aurait toutes les qualités que n’a pas Ségolène Royal et encore moins ses défauts. Bertrand Delanoë, Laurent Fabius, François Hollande, Martine Aubry, Henry Emmanuelli et d’autres encore se sont mis en campagne sans avouer que l’un de leurs objectifs prioritaires était de circonscrire la présidente du Conseil régional de Poitou-Charentes. Le « TSS », le tout sauf Ségolène n’est pas encore officiel, mais les alliances qui se dessinent sont si peu évidentes qu’elles constituent déjà une annonce à peine déguisée...

Du « je » au « nous »

Pour les reconstructeurs qui refusent le combat Royal-Delanoë annoncé d’avance ; pour les grands élus (maires, président de conseils généraux et régionaux) qui appellent à se rassembler dans l’intérêt général ; et pour ceux qui disent vouloir « un congrès de combat et pas un congrès de pugilat », il est donc essentiel que les contributions permettent de tirer au clair les proximités de programmes et de personnes et que, selon la formule de Laurent Fabius, « le ‘nous’ soit enfin préféré au ‘je’ ». C’est là tout leur objet, clament-ils pour faire oublier les divisions. Or en 2005, au congrès du Mans, il y avait eu 18 contributions générales soit presque le double de cette année. Une participation massive qui, manifestement, n’a pas été synonyme de qualité puisque aujourd’hui la plupart des responsables critiquent la paralysie du premier secrétaire François Hollande qu’ils avait désigné et réélu au nom des mêmes principes…