Article publié le 28/06/2008 Dernière mise à jour le 28/06/2008 à 23:44 TU
Opération de désarmement lors du processus de réconciliation en Côte d'Ivoire, le 30 juillet 2007 à Bouaké.
(photo : AFP)
Avec notre correspondant à Abidjan, Norbert Navarro
La colère des mutins a atteint samedi un niveau sans précédent depuis le début de sortie de crise en Côte d’Ivoire. Tout a commencé à Vavoua, lorsque des ex-combattants des Forces nouvelles ont semé la terreur parmi les habitants de cette localité du centre-ouest du pays. Mais 70 km plus loin, à Séguéla, c’est à leur propre état-major qu’ils s’en sont pris.
Le nombre ne fait rien à l’affaire, c’était la première fois que des soldats en colère mettaient en joue leurs ex-camarades de combat. Tout ça, comme les fois précédentes, pour une histoire de primes de démobilisation non payées, mais pas seulement : cette fois-ci, les mutins étaient semble-t-il furieux d’avoir été remplacés par le nouveau commandant de la zone de Séguéla sur les postes de contrôle de la circulation, sur la principale route de la région. C’est sur ce type de postes que se pratique un racket systématique.
Il semblerait bien que le nouveau commandant ait évincé de ces lucratives positions les hommes demeurés fidèles à Zacharia Koné, l’ex-commandant de zone limogé le mois dernier pour s’être fait porter pâle à une cérémonie de désarmement présidée par le Premier ministre Guillaume Soro.
Porte-parole militaire des Forces nouvelles
« Comme ils s'en sont pris à la résidence du commandement par interim, ils craignent des représailles, c'est pour cela qu'ils demandent la protection de forces impartiales... »
Porte-parole militaire des Forces nouvelles
« Je ne pense pas que cela puisse sérieusement déranger le processus de paix, mais cela pose des questions sur le programme national de réinsertion...»
Les derniers développements de Séguela et Vavoua illustrent aussi les difficultés de financement du programme de sortie de crise en Côte d’Ivoire. Difficultés qui font dire au porte parole du Premier ministre que le scrutin du 30 novembre, date prévue de la présidentielle, est « dramatiquement menacée ». Pour que le calendrier électoral soit tenu, les bailleurs de fonds de la Côte d’Ivoire sont donc appelés par le Premier ministre à tenir leurs engagements.
Porte-parole du Premier ministre, Guillaume Soro
« Le calendrier électoral est toujours tenable... Les bailleurs ont confirmé 64 milliards de CFA et le gouvernement ivoirien attend que la communauté internationale mette la main à la poche. C'est urgent, impératif...»
Mutineries |
Les incidents de ce samedi sont les derniers en date d’une série qui a vraiment commencé en décembre dernier à Bouaké, avec des manifestations d’ex-combattants des Forces nouvelles et de chasseurs traditionnels Dozos pour réclamer des primes dites « de savon ». Entre Noël et Jour de l’An, les Forces nouvelles avaient de nouveau été déchirées par une opération de neutralisation de leurs éléments demeurés fidèles à l’ancien sergent-chef Ibrahim Coulibaly, dit IB. Ce dernier a été récemment condamné par contumace en Belgique pour une tentative de coup d’Etat, qu'il nie. Mais IB n’est pas le seul ex-chef de guerre à ruer dans les brancards de la sortie de crise en Côte d’Ivoire. Le 18 mai dernier, le commandant de la zone de Séguéla, Zacharia Koné, était limogé pour s’être fait porter pâle à une cérémonie de désarmement présidée par le premier ministre Guillaume Soro. Cette purge fut le prélude à de nouveaux incidents la semaine dernière, incidents qui, cette fois, firent couler le sang. |
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