par Sophie Malibeaux
Article publié le 01/07/2008 Dernière mise à jour le 01/07/2008 à 17:02 TU
Les pertes humaines sont en forte croissance au sein des forces étrangères déployées en Afghanistan. 51 soldats sont morts au mois de juin, au cours de l’opération Liberté immuable sous commandement américain et la Force internationale d’assistance à la sécurité (Isaf) de l’Otan. Ce bilan représente 40% des pertes enregistrées depuis le début de l’année, qui se montent à 122 personnes tuées. Il s’agit de soldats morts au combat ou victimes d’attentats, d’engins explosifs déclenchés au passage de leurs convois et autres accidents.
C’est la deuxième fois que le nombre de soldats tués sur le terrain afghan en un mois dépasse le nombre de morts en Irak. Jusque là, l’Irak a totalisé le plus grand nombre de victimes, plus de 4 100 soldats morts depuis le début des opérations il y a cinq ans, contre 871 morts en Afghanistan depuis 2001, sachant que le nombre d’hommes déployés en Irak est deux fois plus important qu’en Afghanistan.
La tendance observée en Afghanistan parait inquiétante, car le nombre de tués augmente année après année depuis 2004, de façon exponentielle.
Au-delà du facteur saisonnier
Il est habituel d’assister à une hausse du nombre de morts au printemps et en été, qui sont des saisons propices aux combats, pour les insurgés mais aussi les forces étrangères à l’origine d’importantes opérations anti-insurrectionnelles. Le porte-parole de l’Isaf explique néanmoins cette augmentation par le fait que « l’Isaf se déploie désormais dans des régions où elle n’avait jamais été auparavant. »
Plus alarmante encore est l’augmentation du nombre de victimes civiles. Le responsable des affaires humanitaires de l’ONU, John Holmes de retour d’un voyage en Afghanistan, déplore la mort de quelque 700 civils afghans pris dans les combats, victimes des forces étrangères et -de plus en plus- des attaques suicides menées par les insurgés, sur les six premiers mois de l’année.
John Holmes souligne que de ce fait, la situation humanitaire s’aggrave. Cette année, onze convois humanitaires de l’ONU ont été attaqués, a-t-il précisé.
L’arrivée de renforts très attendus
Ces chiffres paraissent au moment où la communauté internationale vient de réaffirmer son soutien à la reconstruction de l’Afghanistan.
Quelque 80 pays et organisations réunis le 12 juin dernier à Paris se sont engagés à hauteur de 20 milliards de dollars, pour financer le projet de reconstruction du gouvernement afghan sur les cinq ans à venir. Les différents acteurs du développement ont constaté à cette occasion que la solution au problème afghan ne pouvait en aucun cas se limiter à la sphère militaire. La résurgence du mouvement taliban en lien avec le réseau al-Qaïda est notamment imputée à l’inefficacité de l’aide jusque-là accordée au pays, et au déséquilibre entre l’effort consenti sur le plan militaire et celui fourni dans des secteurs clefs tels que l’agriculture. Faute de quoi, la culture de l’opium et le trafic de drogue ont retrouvé des niveaux record au profit des insurgés et différents chefs de guerre.
Pour pallier l’insécurité généralisée que cela provoque, les Etats-Unis demandent depuis des mois un effort supplémentaire de leurs alliés. La France, qui n’est que le septième contributeur en effectifs, a décidé de déployer 700 hommes en renfort des 1500 déjà présents. Mais les attentes sont bien supérieures.
Lors de la guerre menée par l’URSS entre 1979 et 1989, plus de 100 000 soldats soviétiques avaient été envoyés se battre en Afghanistan, près de 15 000 hommes y avaient perdu la vie.