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Zimbabwe / G8

Mugabe dans le collimateur du G8

par  RFI

Article publié le 08/07/2008 Dernière mise à jour le 08/07/2008 à 14:41 TU

Le président américain George Bush saluant le premier ministre japonais Yasuo Fukuda, avec le président sud-africain Thabo Mbeki et le président français Nicolas Sarkozy au sommet du G8 à Toyako, au Japon.(Photo : Reuters)

Le président américain George Bush saluant le premier ministre japonais Yasuo Fukuda, avec le président sud-africain Thabo Mbeki et le président français Nicolas Sarkozy au sommet du G8 à Toyako, au Japon.
(Photo : Reuters)

Le président français Nicolas Sarkozy a exprimé, mardi matin à Toyako, au nord du Japon, où se déroule le sommet du groupe G8, des propos très fermes, concernant la situation politique au Zimbabwe. Il s’agit, selon le président français, d’une « situation inacceptable», tout en ajoutant que « le Conseil de Sécurité doit prononcer des sanctions à l'encontre d'un président illégitime ». La Russie s’est déclarée opposée à des sanctions contre Harare, tout comme le président sénégalais Abdoulaye Wade qui a demandé « un délai de deux à trois mois », pour laisser du temps à la médiation du président sud-africain Thabo Mbeki.

Les dirigeants des huit pays les plus riches de la planète (Etats-Unis, Grande-Bretagne, France, Allemagne, Canada, Italie, Russie et Japon) qui participent au sommet du G8, ont déjeuné avec ceux des sept pays du continent africain invités à Toyako. Ce déjeuner avec les dirigeants de l’Afrique du Sud, Algérie, Ethiopie, Ghana, Nigeria, Sénégal et Tanzanie a été suivi d'une réunion de travail et l'Afrique a saisi cette occasion pour demander aux pays riches de respecter leurs engagements en matière d’aide au continent. Le G8 en a profité, de son côté, pour condamner les méthodes du pouvoir au Zimbabwe, après la réélection contestée de Robert Mugabe, comme l'a rappelé, mardi matin, le président français Nicolas Sarkozy.

Nicolas Sarkozy

Président de la République française

« Nous avons tous considéré que la situation au Zimbabwe est inacceptable, et qu’il convient que le Conseil de sécurité prononce des sanctions, non pas à l’endroit de ce pays d’une population qui souffre déjà tellement, mais à l’encontre d’un président d’un régime illégitime. »

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08/07/2008 par Murielle Paradon

Quant au président du Sénégal, Abdoulaye Wade, il a prévenu les dirigeants du G8 que les sanctions contre le Zimbabwe seraient inutiles et il a réclamé du temps pour la médiation africaine. « Je comprends les Occidentaux qui se doivent de réagir pour leurs opinions, choquées par les images de massacres : ils ne peuvent pas rester sans réaction. Mais, pour nous les Africains, les sanctions ne vont rien résoudre », a ajouté le chef d’Etat sénégalais qui appuie la médiation en cours du président sud-africain Thabo Mbeki, mandaté par l’Union africaine (UA).

La Russie, qui fait partie du groupe G8, a également manifesté son opposition aux sanctions contre le Zimbabwe, considérant que « menacer avec des sanctions n’est pas la meilleure façon de régler le problème ». Alexandre Pankine, membre de la délégation russe au sommet du G8, a affirmé qu’il faut « maintenir la paix et la stabilité au Zimbabwe, et non créer une situation qui serait instable et pourrait se développer de façon négative » et qu’il doit y avoir « des négociations entre les parties impliquées au niveau national, avec la participation de leaders africains ».

La position de la Russie, qui dispose du droit de veto au Conseil de sécurité de l’ONU, peut compromettre la démarche américaine visant à faire approuver une résolution prévoyant le gel des avoirs financiers et une interdiction de voyager à l’étranger pour douze personnalités zimbabwéennes, dont le président Mugabe. Plusieurs dirigeants des pays membres du G8, plaident pour une politique de fermeté à l’égard du régime de Robert Mugabe, 84 ans et au pouvoir depuis 1980. Il a été réélu en juin, au terme d’un scrutin qualifié de « truqué » par le président américain George Bush.

Pour obtenir sa réélection, Robert Mugabe a organisé une véritable campagne de terreur dans son pays, notamment dans les campagnes, contre les sympathisants du Mouvement pour le changement démocratique (MDC), le parti de l’opposition dirigé par Morgan Tsvangirai. Léon Abraham a pu rencontrer quatre personnes passées par des centres de rééducation.

Reportage sur un centre de rééducation

Sylvester était un observateur indépendant durant le premier tour des élections, Rudo est une militante du MDC, Tonde, le fils d’une nouvelle sénatrice de l’opposition, et John, un militant associatif. Originaires de différentes parties du pays, tous ont en commun d’être passés par les sinistres centres de rééducation de la Zanu-PF, l’Union nationale africaine du Zimbabwe-Front patriotique, au pouvoir, « La Base », comme on l’appelle dans les campagnes. « Ces camps, racontent-t-ils, sont dirigés par des vétérans de la guerre d’indépendance ou par des notables de la Zanu-PF, la sale besogne étant laissée aux jeunes du parti au pouvoir ».

La dame, âgée de 56 ans et les trois hommes qui ont entre 24 et 40 ans, disent tous avoir été battus, puis forcés à chanter des slogans de la Zanu-PF. John dit que lorsqu’il a été conduit à l’intérieur du camp, il y avait une main amputée et que les jeunes nervis l’ont menacé de lui réserver le même sort, s’il n’allait pas voter pour Robert Mugabe, le 27 juin. « Moi, ils voulaient que je donne le nom et les adresses de toutes les personnes influentes du MDC dans la région », explique le fils de la sénatrice de l’opposition. Dix jours après la fin des élections, ces quatre individus vivent toujours cachés chez des proches. Tous disent avoir reçu une menace très claire à la veille des élections : « Vous avez deux semaines pour nous amener le numéro de série de votre bulletin de vote, sinon nous vous retrouverons ».

Le gouvernement zimbabwéen a annoncé mardi que le dialogue doit reprendre prochainement entre le pouvoir et l’opposition, notamment le Mouvement pour le changement démocratique (MDC) de Morgan Tsvangirai. « Les discussions vont bientôt reprendre, mais je ne peux pas dire quand ni où elles auront lieu », a déclaré à Harare le ministre de la Justice Patrick Chinamasa qui est, également, le négociateur du parti au pouvoir, la Zanu-PF. Les discussions avaient été interrompues avant le second tour de la présidentielle, le 27 juin dernier, boycotté par l’opposition en raison des violences contre ses partisans.