par RFI
Article publié le 11/07/2008 Dernière mise à jour le 12/07/2008 à 15:22 TU
Le président soudanais Omar el-Béchir s'exprimait lors d'une réunion avec une délégation du Conseil de sécurité des Nations unies à Khartoum ; le 5 juin 2008.
(Photo : AFP/Isam Al-Haj)
Le Procureur de la Cour pénale internationale (CPI) doit présenter, lundi à La Haye, une nouvelle affaire sur les crimes commis au Darfour. Dans son dossier, Luis Moreno Ocampo devrait mettre en cause de très hauts responsables du gouvernement soudanais, parmi lesquels le chef de l’Etat Omar el-Béchir qui serait ainsi accusé de « crimes de guerre », de « crimes contre l'humanité » et de tentative de « génocide ». Ces crimes ont été commis dans le Darfour depuis les cinq dernières années. Omar el-Béchir deviendrait, ainsi, le troisième président frappé par la justice internationale, après le libérien Charles Taylor, inculpé en 2003, et le yougoslave Slobodan Milosevic, inculpé en 1999. Pour le moment, la CPI ne confirme pas l'information concernant le mandat d’arrêt qui pourrait être demandé contre le chef d’Etat soudanais. Elle ne l'infirme pas non plus.
En tout cas, on sait déjà que le procureur Ocampo visera de hauts responsables du gouvernement de Khartoum. Il s’agit d’un groupe de responsables plus haut placés qu'Ahmed Haroun, le dernier politique visé par une procédure de la Cour. Il a dirigé les milices janjawid, et assume aujourd'hui les fonctions de secrétaire d'Etat aux Affaires humanitaires. Le mois dernier, devant les Nations unies, Luis Moreno Ocampo, qui réclame depuis 2007 l’arrestation d’Ahmed Haroun, avait affirmé que le Soudan menait un plan criminel impliquant tout l'appareil d'Etat. Le magistrat avait parlé de « nettoyage ethnique » et il avait aussi décrit les attaques de l'armée et des milices contre les civils, les bombardements volontaires, les persécutions, les viols massifs, ou, encore, la destruction complète de plusieurs localités du Darfour.
Luis Moreno Ocampo va donc présenter, lundi prochain devant les trois juges de la Chambre préliminaire, des preuves et nommer celui ou ceux qu'il estime responsables des exactions, pour demander ensuite des mandats d'arrêt. La Cour devra ensuite décider si elle lance ces mandats ou si les preuves lui semblent insuffisantes.
Les forces gouvernementales soudanaises, avec l’appui des milices arabes janjawid, font la guerre aux rebelles du Darfour, depuis février 2003. Selon les agences des Nations unies, le conflit dans cette province occidentale du Soudan, a déjà fait plus de 300 000 morts, entraînant le déplacement de plus de deux millions de personnes. Le gouvernement de Khartoum affirme que le nombre de victimes est d’à peine 10 000.
Menaces sur la Minuad
Le quotidien Le Monde, publié ce vendredi à Paris, affirme que l’ONU « craint des mesures de rétorsion venant de Khartoum », à l’encontre de la Minuad, la mission conjointe des Nations unies et de l’Union africaine au Darfour. Le Monde affirme également que « les hommes de la Minuad stockent notamment des vivres, de l’eau et du carburant, et se préparent à interrompre leurs patrouilles et à regrouper leurs forces sur quelques positions plus faciles à défendre ».
Le ministre d’Etat soudanais aux Affaires étrangères, Al-Samani al-Wasila, a déclaré, vendredi, que « s’il y a une décision de la CPI concernant le président el-Béchir, cela peut détruire le processus de paix ».
« L'ONU craint le pire au Darfour. La Minuad, la force conjointe avec l'Union africaine, dispose de moins de 10 000 hommes sur les 26 000 prévus. Ils sont sous-équipés et vulnérables aux attaques. »
Sept soldats de la Minuad ont été tués, mardi dernier, dans la partie nord du Darfour, lors d’une attaque de leur convoi qui a été attribuée, par des responsables de l’ONU, à des miliciens pro-gouvernementaux janjawid, tandis que le gouvernement de Khartoum a accusé les rebelles de cette province. Il s’agit de la plus grave attaque commise contre la Minuad, depuis que cette force mixte a commencé à être déployée, début 2008. Le contingent rwandais de la Minuad, qui a subi cinq pertes, a payé un lourd tribut, lors de cette attaque.
Porte-parole de l'armée rwandaise
« Le nombre de soldats de la force mixte de paix est insuffisant pour une zone aussi vaste que le Darfour. Ensuite, les soldats sont moins bien armés que les milices, ce qui représente un autre défi ».
Les autorités soudanaises et tout particulièrement le président Omar el-Béchir sont soupçonnés de bloquer le déploiement de la Minuad qui ne dispose, pour l’instant, que d’environ 9 200 soldats et policiers, sur les 26 000 initialement prévus. Seuls les contingents africains issus de la précédente force africaine au Soudan (Amis) sont effectivement sur le terrain. Le gouvernement de Khartoum s’oppose au déploiement des forces non-africaines de la Minuad.
« Quelque 500 véhicules des rebelles du JEM, qui selon des sources proches de l'armée, seraient regroupés, depuis 48 heures, à 300 kilomètres environ de la capitale soudanaise. »
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