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Côte d’Ivoire / France

Affaire Kieffer : la justice ivoirienne avance une «piste française»

Article publié le 12/07/2008 Dernière mise à jour le 12/07/2008 à 15:35 TU

Le procureur de la République d'Abidjan Raymond Tchimou.(Photo : Norbert Navarro/RFI)

Le procureur de la République d'Abidjan Raymond Tchimou.
(Photo : Norbert Navarro/RFI)

Dans l'enquête sur la disparition en 2004 du journaliste franco-canadien Guy-André Kieffer en Côte d'Ivoire, la justice ivoirienne a avancé vendredi la thèse d'une « piste française ». En début de semaine, la justice française avait annoncé la convocation de l'épouse du président Laurent Gbagbo dans le cadre de cette enquête. Vendredi, le procureur de la République d'Abidjan a demandé l'inculpation de quatre Français, avec lesquels le journaliste aurait collaboré. Ils sont accusés par la justice ivoirienne d’êtres les auteurs ou les complices présumés de l'enlèvement, de la séquestration ou de l'assassinat de Guy-André Kieffer.

De notre correspondant à Abidjan

C’est un pavé dans la vitrine de l’affaire Kieffer que vient de lancer le procureur de la République Raymond Tchimou. Contre-feu ou piste sérieuse ? Toujours est-il que c’est l’entourage professionnel immédiat du journaliste disparu en 2004 que la justice ivoirienne incrimine.

Guy-André Kieffer travaillait alors à Abidjan pour la société Commodities Corporate Consulting (CCC), présidée par Eric Latham, dirigée par Stéphane de Vaucelles, et qui avait pour associés Jean-Michel Aron-Brunetière et Robert Dulas. Quatre hommes, affirme le procureur, qui auraient menacé de mort Guy-André Kieffer, car, dit-il, ce dernier « se servait d’informations (sur eux) pour faire des chantages ».

 « Une première fois, il a été menacé verbalement de mort par Robert Dulas. La deuxième menace de mort était venue d’Aron-Brunetière. Celui-ci avait menacé de mort Kieffer avec une arme à feu dans le bureau d’Eric Latham. La vie de Kieffer a été épargnée grâce à l’intervention d’Eric Latham. Enfin, Guy-André Kieffer était prêt à révéler un réseau de blanchiment d’argent, dont son cabinet d’expertise servait de courroie de transferts de fonds, lorsqu’il a disparu. Et ce, deux jours après la mise en garde qui lui avait été faite par son directeur général Stéphane de Vaucelles », affirme le procureur de la République d'Abidjan Raymond Tchimou.

« Cette piste est la bonne », soutient le procureur. L’inculpation de ces quatre Français s’impose. « C’est dans l’intérêt de la France », rehausse Raymond Tchimou, qui a demandé au juge français Patrick Ramaël de les mettre en examen. Si ce dernier ne le fait pas, la justice ivoirienne les inculpera.


Jean-Michel Aron-Brunetière, l'un des quatre Français mis en cause par la justice ivoirienne dans l'enlèvement, la séquestration et l'assassinat de Guy-André Kieffer.(Photo : Norbert Navarro/RFI)

Jean-Michel Aron-Brunetière, l'un des quatre Français mis en cause par la justice ivoirienne dans l'enlèvement, la séquestration et l'assassinat de Guy-André Kieffer.
(Photo : Norbert Navarro/RFI)

Dans une interview exclusive avec notre correspondant à Abidjan, l’un des accusés, Jean-Michel Aron-Brunetière, dément formellement toute implication dans la disparition de Guy-André Kieffer.

Jean-Michel Aron-Brunetière :  Je suis véritablement bouleversé de savoir que je suis mis en cause et je tiens à déclarer de la manière la plus solennelle que Monsieur le procureur de la République a dû être mal renseigné, que je n’ai absolument rien à voir avec la disparition de Guy-André Kieffer.

RFI : Est-ce que vous l’avez menacé avec un pistolet dans le bureau du PDG de la CCC ?

J.M. Aron-Brunetière : C’est une information complètement aberrante, absurde et ridicule. Jamais de la vie.

RFI : Vous n’avez jamais menacé Guy-André Kieffer de mort ?

J.M. Aron-Brunetière : Jamais de la vie.

RFI : Pourquoi est-ce que votre nom sort à votre avis ?

J.M. Aron-Brunetière : Je suis incapable de vous répondre, il est possible que cela se fasse dans la mesure où j’ai connu et côtoyé Guy-André Kieffer, qui a travaillé effectivement pour la CCC pendant quelques mois, mais je ne peux pas trouver d’autres explications.

RFI : Quels étaient vos rapports avec Guy-André Kieffer ?

J.M. Aron-Brunetière : Pas si bons que cela, je n’appréciais pas tellement l’homme.

RFI : Pourquoi ?

J.M. Aron-Brunetière : Probablement, il écrivait des articles dans des journaux sous de faux noms et personnellement ce sont des choses que je n’approuve pas.

RFI : Vous le lui avez dit ?

J.M. Aron-Brunetière : Je lui ai dit.

RFI : Comment avait-il réagi ?

J.M. Aron-Brunetière : Cela ne lui a pas plus, mais cela n’a pas dégénéré de la manière qui est rapportée aujourd’hui.

RFI : A votre connaissance, est-ce que des dirigeants de CCC ont menacé de mort Guy-André Kieffer ?

J.M. Aron-Brunetière : Je n’ai aucune possibilité de vous répondre, mais ça me paraît absurde.

RFI : Que comptez-vous faire à présent ?

J.M. Aron-Brunetière : Ecoutez, très clairement je voudrais déclarer d’abord que je suis ivoirien naturalisé depuis le début des années 1990, que je réside en permanence en Côte d’Ivoire et que je suis bien entendu à la disposition de la justice ivoirienne pour être entendu sur toute chose qui pourrait me concerner.


Robert Dulas a passé 30 ans de sa vie en côte d'Ivoire. Il se dit surpris et meurtri par ces nouveaux développements. il dit d'ailleurs avoir répondu à des magistrats ivoiriens voilà une dizaine de jours à Paris.

Robert Dulas

Mis en cause dans l'assassinat de Guy-André Kieffer

« Les menaces même verbales, ce n’est pas du tout dans ma philosophie. Ce qui est certain c’est qu’un moment on a eu un petit accrochage au téléphone mais ça s’est limité à trois mots… »

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12/07/2008 par Juliette Rengeval