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Commerce mondial

OMC : Doha sera-t-il sauvé ?

par Myriam Berber

Article publié le 25/07/2008 Dernière mise à jour le 25/07/2008 à 21:48 TU

Des représentants de pays en voie de développement : de gauche à droite, le ministre kényan du Commerce, Uhuru Kenyatta, le ministre mauricien des Finances Rama Sithanen.(Photo : AFP)

Des représentants de pays en voie de développement : de gauche à droite, le ministre kényan du Commerce, Uhuru Kenyatta, le ministre mauricien des Finances Rama Sithanen.
(Photo : AFP)

Les prochaines heures seront décisives à Genève, où se déroulent depuis lundi les négociations commerciales du cycle de Doha. Une « percée » est annoncée par certains des participants aux discussions entre les sept grandes puissances commerciales (Inde, Japon, Brésil, Etats-Unis, UE, Australie, Chine). Il s’agit de trouver un accord sur la libéralisation du commerce mondial qui devra être approuvé à l’unanimité par les 153 membres de l’Organisation mondiale du commerce.

Le directeur général de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) Pascal Lamy joue son va-tout ce vendredi à Genève. Après cinq jours de pourparlers, les négociations du cycle de Doha étaient toujours dans l’impasse en début de journée. « Les négociations du cycle de Doha risquent d'échouer si les participants n'atteignent pas un compromis dans les heures qui viennent », a averti Pascal Lamy. Avant d’ajouter : « C'est la brutale réalité. La situation est critique, sur le fil entre l'échec et le succès. Le temps est compté, les prochaines 24 heures seront cruciales ».

Cette nouvelle réunion entre les sept grandes puissances commerciales (Inde, Japon, Brésil, Etats-Unis, UE, Australie, Chine) devrait se prolonger tard dans la nuit. Très déterminés, les dirigeants des pays du Sud, au premier rang desquels on trouve les économies émergentes comme l’Inde et le Brésil, ont entamé un véritable bras de fer avec les pays développés pour obtenir un meilleur accès à leurs marchés et la diminution de leurs subventions agricoles.

« La faillite des pans entiers de l’industrie du Sud »

L’abaissement des droits de douane va constituer un manque à gagner certain pour les grandes économies émergentes. Mais ce n’est pas l’unique raison qui explique leur refus d'ouvrir leurs frontières aux produits industriels du Nord. Très revendicatif, le ministre du Commerce indien, Kamal Nath a résumé la situation : « Si le Sud donne un meilleur accès à ses marchés aux produits du Nord, cela risque de conduire à la faillite des pans entiers de l'industrie des pays en voie en développement ».  

Pour les pousser à faire des concessions, les Etats-Unis et l’Union européenne ont rivalisé d’annonces. En vain, la dernière proposition de Bruxelles pour fournir un nouvel accès significatif aux exportations d’éthanol du Brésil a été rejetée par le ministre des Affaires étrangères et négociateur brésilien Celso Amorin. Les Etats-Unis ont fait un geste en proposant de réduire leurs subventions agricoles de 17 à 15 milliards de dollars par an, mais l’offre est jugée insuffisante et rejetée par les pays émergents. Le Brésil a rappelé que les Etats-Unis avaient dépensé l'an dernier moins de 8 milliards dollars de subventions agricoles, soit deux fois moins que le plafond proposé aujourd'hui. La question des subventions américaines au coton a par ailleurs été abordée. Et dans ce domaine, les attentes africaines sont nombreuses. Les pays africains producteurs de coton sont particulièrement excédés, car cette question n’a toujours pas été abordée.            

20% du marché de la banane aux pays ACP

Autre volet important de cette négociation sur l’agriculture : les droits de douane. En tête des priorités, on trouve le dossier très complexe de la banane. La guerre de la banane oppose depuis des années les pays latino-américains à l'Union européenne qui autorise les pays en développement dits ACP  (Afrique, Caraïbes, Pacifique), à exporter sans droits en Europe grâce à un régime préférentiel. Pour mettre un terme à ce conflit, Pascal Lamy, le patron de l'OMC, a mis une proposition sur la table qui prévoit la diminution des droits de douanes sur la banane sur sept ans. Cette offre a été rejetée par les pays ACP qui ont fait une contre proposition, et cela pour plusieurs raisons comme l’explique Mamadou Sanou, le ministre du Commerce du Cameroun : « Nous avons pris note de la proposition de Pascal Lamy. Nous ne sommes pas d’accord sur les chiffres. Il existe deux grands marchés de la banane, l’Européen et l’Américain. Les pays latino-américains occupent 100% du marché américain et 80% du marché européen. Faut-il refuser les 20% aux pays de l’ACP ? C’est une question d’équité. Si les pays ACP disparaissent, ce serait un marché de monopole, et donc pas bon pour les consommateurs européens ».

De leur côté, les pays développés estiment que le compte n’y est pas en matière d’accès aux marchés industriels. Bref, chacun campe sur ses positions. Lancées en 2001 dans la capitale du Qatar pour mettre la libéralisation des échanges au service du développement, les négociations du cycle de Doha auraient dû être conclues fin 2004, mais les discussions ont achoppé sur un conflit Nord-Sud à propos des subventions et droits de douane agricoles. Pascal Lamy ne cache pas sa volonté d'achever les négociations avant les élections américaines et un changement d’administration, en novembre prochain.  

A écouter

Susan Schwab, représentante américaine pour le commerce

« La principale préoccupation que nous avons aujourd'hui est qu'une poignée de grands pays émergeants menacent vraiment ce cycle de négociations. »

25/07/2008 par Mounia Daoudi

Du progrès au sommet de l'OMC

« Les sept grandes puissances économiques [...] ont réussi à avancer dans leur négociations. »

25/07/2008 par Mounia Daoudi