Article publié le 26/07/2008 Dernière mise à jour le 26/07/2008 à 14:55 TU
Un conseiller d'Omar el-Béchir menace d'expulser les casques bleus du Darfour en cas d'inculpation du président soudanais par la Cour pénale internationale. Ces quinze derniers jours, huit soldats de la Minuad ont été tués. La force de paix de l'ONU et de l'Union africaine manque d'hommes, de matériel... La force hybride au Darfour est aujourd’hui plus que jamais fragilisée.
Le président Omar el-Béchir serre la main des casques bleus de la Mission des Nations unies et de l'Union africaine au Darfour, le 23 juillet 2008.
(Photo : Reuters)
Avec notre correspondant à Khartoum, Stephane Aubouard
« Allons-nous procéder au déploiement d’une force qui ne changera rien à la situation avec le risque d’une humiliation pour l’ONU ? ». Cette question, Jean-Marie Guéhenno secrétaire général adjoint de l’ONU aux opérations de maintien de la paix, l’a posée dans les colonnes du Guardian, deux semaines seulement avant la prise de fonction officielle de la Minuad, le 31 décembre 2007.
Depuis, les craintes du diplomate se sont avérées exactes, à la mi-juillet 2008 seuls 300 des 17 000 hommes attendus pour renforcer la force hybride sont arrivés sur le terrain. De plus, aucun hélicoptère d’assaut n'est encore en vue, un matériel pourtant obligatoire à la réussite d’une telle mission. Pas un pays, parmi ceux autorisés par Khartoum à fournir le matériel, n’a fait de propositions sérieuses, pire encore, les déplacés aujourd’hui perdent confiance.
Il y a quelques jours, dans le Financial Times, Jean-Marie Guéhenno a de nouveau enfoncé le clou, arguant qu’ « il était toujours temps de s’interroger sur la réelle nécessité d’élargir cette force hybride ».
Ce vendredi, nouveau coup de poignard : un conseiller du président el-Béchir a évoqué l’expulsion de cette force, la Minuad, en cas d’officialisation du mandat d’arrêt international lancé par la CPI à l’ encontre du président soudanais. Une demande de mandat qui avait eu pour effet immédiat de voir le personnel dit « non essentiel de la force », redéployé en dehors du pays.
La conclusion est saisissante, aujourd’hui les casques bleus officiellement en plein déploiement se retirent du terrain plus qu’ils n’y rentrent.