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Commerce mondial

OMC : une lueur au bout du tunnel des négociations

Article publié le 26/07/2008 Dernière mise à jour le 26/07/2008 à 16:27 TU

Au sixième jour de négociations à Genève pour la libéralisation des échanges, les chances de voir aboutir un accord augmentent. La nouvelle proposition de Pascal Lamy, présentée, ce vendredi, à la trentaine de ministres présents au siège de l'OMC, semble avoir le soutien d'une majorité de pays qui tentent de convaincre les récalcitrants d'accepter le compromis.

Palcal Lamy, directeur général de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), à Genève le 21 juillet 2008.(Photo : Reuters)

Palcal Lamy, directeur général de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), à Genève le 21 juillet 2008.
(Photo : Reuters)

Avec notre envoyée spéciale à Genève, Mounia Daoudi

Les négociations de Genève ne s’achèveront pas avant mercredi prochain, c’est ce qu’a annoncé Pascal Lamy, le directeur général de l’OMC à tous les émissaires des pays membres, réunis en séance plénière, au sein du comité de négociations commerciales. Même si le délai prévu pour ces négociations de la dernière chance est dépassé, c’est plutôt une bonne nouvelle, puisque cela veut dire qu’il est encore possible de faire changer d’avis les pays récalcitrants.

Pascal Lamy n’a cessé au cours de cette semaine de répéter que le temps presse. Il a mis en garde à plusieurs reprises les Etats membres contre un échec de ce cycle de Doha (il faut se souvenir tout de même que cela fait sept ans que l’on négocie ici) et si c’était le cas, ce serait vraiment dangereux pour ce cycle, puisque les pourparlers pourraient encore durer plusieurs années, ou bien tout simplement être abandonnés.

Pascal Lamy a présenté, ce vendredi, des propositions chiffrées sur l’agriculture et sur les produits industriels. Il a notamment proposé d’abaisser à 14 milliards et demi de dollars par an, les subventions que les Etats-Unis verseraient à leurs agriculteurs, contre une offre de 15 milliards qui avait été annoncée mardi dernier par Washington. Pour l’Union européenne, ces subventions devraient être réduites de 80 %, à un niveau de 24 milliards d’euros. Et en ce qui concerne les produits spéciaux que les pays en développement souhaitent protéger de cette libéralisation des échanges, le directeur général propose que 12 % des lignes tarifaires puissent jouir de cette exception.

Donnant-donnant

Quant au mécanisme spécial de sauvegarde qui permet à ces pays de se protéger, en cas de flambée des importations d’un produit agricole – comme cela a été le cas ces derniers mois – il pourrait être déclenché si le volume d’augmentation des importations atteint 140 %. Cela, c’est pour le volet agricole, quant au volet industriel, les pays en voie de développement devront là, réduire leurs droits de douane de 20 et 25 %, et une clause anti-concentration (ce que réclamaient les pays du Nord) va empêcher ces pays émergents de protéger des baisses de droits de douane, des pans entiers de leur industrie.

Peter Mandelson, le commissaire européen, qui négocie au nom de toute l’Union, vient d’affirmer qu’« il était très confiant, quant aux perspectives d’un accord ». « Ce qui est sur la table n’est certes pas parfait, a-t-il déclaré au cours de son point de presse, ce n'est pas magnifique, mais dans l’ensemble, cela va donner un véritable coup de fouet à l’économie mondiale ». Pour sa part, la représentante américaine, Susan Schwab, s’était félicitée dès vendredi de l’avancée des travaux, mais elle a surtout montré du doigt une poignée de pays émergents, qui, selon elle, menacent l’accord.

75 % de chances de parvenir à un accord

Le ministre brésilien des Affaires étrangères, Celso Amorim, à Genève le 21 juillet 2008.(Photo : Reuters)

Le ministre brésilien des Affaires étrangères, Celso Amorim, à Genève le 21 juillet 2008.
(Photo : Reuters)

Ce sont bien sûr l’Inde et l’Argentine qui sont visées en premier lieu, puisque Kamal Nath, le ministre indien du Commerce a été l’un des rares avec le négociateur argentin, Jorge Taiana, à ne pas partager l’enthousiasme général. Il a affirmé qu’« il n’y avait pas d’accord, mais seulement certains points de consensus ». Quant à l’Argentin, il a souligné que la proposition d’accord n’était « pas du tout acceptable » en l’état.

Leur agacement est d’autant plus compréhensible que le Brésil a annoncé qu’ « il acceptait la proposition de Pascal Lamy ». Celso Amorim, le ministre des Affaires étrangères de ce grand pays, qui s’était fait le porte-parole des pays en voie de développement, a annoncé qu’« il y avait désormais 75% de chances de parvenir à un accord sur ce cycle de Doha ».

Celso Amorim, ministre brésilien des Affaires étrangères

sur les négociations à l'OMC

« Dans deux ou trois jours, on y verra plus clair ; les chances d'obtenir un accord vont augmenter. »

écouter 00 min 49 sec

26/07/2008 par Mounia Daoudi

Cette annonce n’a pas été sans conséquences, puisque aujourd’hui même, ici à Genève, l’Argentine a annoncé que cette position avait créé des tensions au sein du Mercosur (union douanière qui réunit l’Argentine, le Brésil, le Paraguay et l’Uruguay).

Les discussions se poursuivent donc sur la signalisation des services. Il s’agit d’un autre pan des négociations de Doha, en plus des volets industriel et agricole. Mais les pays qui sont actuellement à Genève n’auront pas à aboutir sur ce sujet, puisqu’il s’agit d’un tour de table, une manière de mesurer ce que les uns et les autres sont prêts à céder.

La question épineuse du coton

La rencontre la plus importante de ce samedi réunira les pays africains du C4. Le C4, c’est l’initiative sectorielle sur le coton ; les Etats-Unis, l’Union européenne, l’Inde et le Brésil. Kamal Nath avait en effet, ce vendredi, rétorqué à l’enthousiasme général que : « Le dossier du coton n’avait même pas encore été abordé ». Il le sera et Peter Mandelson vient d’assurer au cours de sa conférence de presse que « ce dossier figurera dans l’accord final ». C'est un soulagement pour ceux qui s'indignaient qu’en cinq jours de négociations, ce sujet très crucial, n’ait toujours pas été abordé par les négociateurs. Il faut se rappeler aussi que ce dossier du coton, et surtout les subventions américaines de ce secteur, avaient fait échouer les négociations de Cancun en 2003.