Serbie/Justice internationale

Radovan Karadzic incarcéré à La Haye

Article publié le 30/07/2008 Dernière mise à jour le 30/07/2008 à 20:24 TU

Transféré de Belgrade à bord d’un avion du gouvernement de Serbie, Radovan Karadzic avait d’abord atterri à 6h30 sur un aéroport de Rotterdam, où il a dû subir les formalités d’usage d’entrée sur le territoire néerlandais avant de repartir pour la prison de Skeveningue, une cité balnéaire proche de La Haye.

De notre correspondante à La Haye, Stéphanie Maupas 

Le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie, à La Haye, aux Pays-Bas.
(Photo : wikimedia)

Dans cette enceinte, l’ancien président des Serbes de Bosnie devra désormais côtoyer ses anciens comparses et ses ex-ennemis. Radovan Karadzic qui, selon son frère Luka, compte se battre devant ses juges, y préparera aussi son procès. Il est poursuivi depuis treize ans pour génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre commis en Bosnie-Herzégovine entre 1991 et 1995, selon son acte d’accusation. Le procureur vise en réalité l’ensemble de sa politique : celle de l’épuration ethnique, qu’il a conçue, planifiée et mise en œuvre.

Le procureur salue la Serbie

Sept mois après sa prise de fonctions, le nouveau procureur, Serge Brammertz, a tenu une conférence de presse dans l’enceinte du tribunal. Le magistrat belge qui succède à Carla del Ponte, a tout simplement salué l’arrestation, s’attachant à donner des gages à Belgrade, à qui il attribue l’intégralité de l’initiative d’arrestation. « Je dois faire des rapports tous les six mois au Conseil de sécurité. En juin, j’ai dit qu’une amélioration serait possible (…) Il est aujourd’hui très important de reconnaître la coopération de la Serbie dans cette affaire », a-t-il déclaré.

Demain à 16h, Radovan Karadzic sera présenté devant un juge pour entendre les détails des charges portées contre lui par le procureur et qui s’étendent sur quatre années de guerre en Bosnie, dont notamment les 44 mois du siège de Sarajevo et le massacre de plus de 7 000 musulmans de Bosnie à Srebrenica. L’accusé devra alors dire s’il plaide coupable ou non coupable, ou pourra encore, pendant 30 jours, s’abstenir de toute déclaration. Le juge l’interrogera, par ailleurs, sur ses conditions de détention, son état physique ou la désignation d’un avocat. Selon son défenseur à Belgrade, Radovan Karadzic a, comme l’ancien président yougoslave, Slobodan Milosevic, l’intention de se défendre seul. « C’est sans mesurer la technicité et la taille des procès conduits à La Haye », estime une juriste du tribunal.

Belgrade a aussi transmis des documents

L’affaire devrait se dérouler sur plus d’une année, au cours de laquelle le procureur présentera des milliers de pièces à conviction récoltées depuis 15 ans, sur les camps de Prijedor, le siège de Sarajevo, et les massacres qui ont ensanglanté les villes et villages de Bosnie et pour lesquelles plusieurs dizaines de responsables, agissant sur ordre de Radovan Karadzic, ont déjà été condamnés par le tribunal international. Depuis l’arrestation de Karadzic, le procureur, qui a bataillé pendant des années pour récupérer des pièces qui figurent dans les archives à Belgrade, aurait aussi obtenu une coopération des autorités serbes sur ce point, affirme une avocate au tribunal. A deux fugitifs près, l’ancien chef d’état-major de l’armée des Serbes de Bosnie, Ratko Mladic et l’ancien président des Serbes de Croatie, Goran Hadzic, la Serbie pourra bientôt être considérée par l’Union européenne pour sa « pleine » coopération avec le TPIY.