Article publié le 01/08/2008 Dernière mise à jour le 01/08/2008 à 20:43 TU
La hausse du trafic de cocaïne en Afrique de l'Ouest menace la stabilité de la région. C'est un avertissement lancé par le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'Onu (OCHA) dans cette région. Toute comme le diamant avant elle, la cocaïne, qui transite par le continent à destination de l'Europe, pourrait alimenter des conflits en Afrique, d'après l'Onu. Des groupes rebelles peuvent être tentés de financer leurs actions par le trafic de drogue. L'Afrique de l'Ouest totalise 99% des saisies de cocaïne sur le continent. La Guinée-Bissau est devenue l'une des plaques tournantes du trafic de cocaïne.
Hervé Ludovic de Lys est le directeur du Bureau de coordination des affaires humanitaires dans la région. Pour lui, c'est très clair, les cartes du trafic de drogue et des trafic d'armes et des conflits coïncident parfaitement et traversent le continent d'ouest en est. Ce trafic à grande échelle, « menace la stabilité même des pays de la région ». L'argent de la drogue pourrait bien venir alimenter de nouveaux conflits, comme il nous l'explique.
Directeur pour l'Afrique de l'Ouest du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU
«On ne peut pas exclure le fait que demain, certaines des populations les plus jeunes qui n’ont plus aucun moyen de survivre puissent être tentées par de l’argent facile ».
Ces dernières années, la Guinée-Bissau est devenue l'une des plaques tournantes du trafic de cocaïne en Afrique de l'Ouest. Les narcotrafiquants d'Amérique latine profitent de complicités pour faire entrer leurs cargaisons de drogue dans ce pays. Les stupéfiants sont ensuite acheminés vers l'Europe où ils seront écoulés. Trois Vénézuéliens ont été arrêtés par les policiers bissau-guinéens et on a appris jeudi, que l'un d'entre eux faisait déjà l'objet d'un mandat d'arrêt international émis par le Mexique, dans le cadre d'une autre affaire de drogue.
Les trafiquants semblent bien décidés à s'en prendre à tous ceux qui se mettent en travers de leur route. Ainsi, Mme Carmelita Pires, la ministre de la justice de Guinée-Bissau a déclaré avoir reçu des menaces de mort, alors qu'un avion transportant 500 kilos de cocaïne a été intercepté à la mi-juillet à Bissau. Mardi, le Procureur général, Luis Manuel Cabral, affirmait quant à lui subir de fortes pressions dans le cadre de cette enquête.
Portrait d’un magistrat courageux |
Il est procureur de la République, il traque depuis quelques mois les narcotrafiquants, et sa vie est aujourd’hui en danger. La quarantaine, le cheveu plutôt rare, Luis Manuel Cabral, est désormais sur le qui-vive. Il regarde autour de lui, avant de quitter son domicile pour se rendre à son bureau, situé en centre-ville de Bissau, où il travaille 15 heures par jour, où trône l’une de ses deux armes de service : un pistolet-mitrailleur. On ne sait jamais. En réalité, l’homme actuellement le plus médiatisé de la Guinée-Bissau est un traqueur traqué. D’un côté, en tant que procureur de la République, il est aux trousses des trafiquants de drogue dont son pays est devenu l’une des plaques tournantes dans la sous-région ouest africaine. De l’autre côté, ces trafiquants (hommes en uniforme, civils originaires de la Guinée-Bissau ou de l’étranger), sont à ses trousses. Luis Manuel Cabral, marié, père de deux enfants, le sait. Mais pour lui, le combat se poursuit à son poste, et au sein de la Commission nationale de lutte contre le trafic de drogue. Il résume sa situation par cette formule : « Malgré les menaces de mort, je suis déterminé à aller jusqu’au bout ». Selon la police judiciaire bissau-guinéenne, depuis deux ans, environ 300 tonnes de cocaïne passent chaque année par la Guinée-Bissau, en provenance d’Amérique du Sud pour, principalement, l’Europe. Serge Daniel |
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