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Ossétie du Sud

La Géorgie appelle la Russie à un cessez-le-feu immédiat

par  RFI (avec AFP et Reuters)

Article publié le 10/08/2008 Dernière mise à jour le 10/08/2008 à 15:33 TU

Tbilissi a appelé Moscou à un cessez-le-feu immédiat dimanche soir et a demandé l'instauration de pourparlers, selon le ministère géorgien des Affaires étrangères. La Russie avait imposé dans la matinée un blocus maritime de la Géorgie et pris le contrôle de Tskhinvali, la capitale de l'Ossétie du Sud, peu après l'annonce par Tbilissi du retrait de ses forces de la quasi-totalité de cette région séparatiste pro-russe.
Un nouveau front s'est ouvert en Abkhazie, autre république séparatiste soutenue par Moscou. Tbilissi demande aux Etats-Unis de faire office de médiateurs dans la crise avec la Russie alors qu'à New York, aux Nations unies, les diplomates ne sont toujours pas parvenus à s'entendre. L'Union européenne va tenter de son côté une médiation : le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner, dont le pays préside l'Union européenne, est attendu incessamment à Tbilissi, la capitale géorgienne.

Des soldats géorgiens se retirent de Tskhinvali, la capitale de l'Ossètie du Sud, le 10 août 2008. (Photo : Reuters/Gleb Garanich)

Des soldats géorgiens se retirent de Tskhinvali, la capitale de l'Ossètie du Sud, le 10 août 2008.
(Photo : Reuters/Gleb Garanich)


Après trois jours d'affrontements, la Géorgie a retiré dimanche ses forces de la province séparatiste d'Ossétie du Sud et la Russie a annoncé que ses troupes contrôlaient la plus grande partie de la capitale régionale, Tskhinvali.

A Moscou, le général Anatoli Nagovitsine, de l'état-major interarmes russe, a confirmé que le retrait était en cours. Lors d’un point de presse officiel, il a ajouté que les soldats russes contrôlaient à présent l'essentiel de la ville de Tskhinvali, dévastée par d'intenses combats.

L'Ossétie du Sud s'est autoproclamée République indépendante en 1992.(Carte : RFI)

L'Ossétie du Sud s'est autoproclamée République indépendante en 1992.
(Carte : RFI)


Le Conseil de sécurité national de Géorgie a ensuite annoncé tout à la fois qu'il retirait bien ses troupes de Tskhinvali mais que les forces de Tbilissi n'étaient pas vaincues et continuaient à combattre en Ossétie du Sud. Un officiel géorgien a en outre accusé la marine de guerre russe de bloquer le port de Poti, sur la mer Noire, empêchant des livraisons : « Des navires de guerre de la Fédération de Russie ont bloqué Poti, le plus grand port marchand de Géorgie. (...) Trois bateaux chargés de carburant et de céréales ont été refoulés par la Fédération de Russie. »

Impact sérieux sur les relations russo-américaines

A Moscou, Grigori Karassine, vice-ministre russe des Affaires étrangères, a assuré que sa marine de guerre n'avait pas pour instruction de bloquer les livraisons de pétrole à Poti mais se réservait le droit d'inspecter les navires entrant et sortant du port. Un peu plus tôt, l'agence Interfax rapportait que la force navale russe avait pour mission d'empêcher des livraisons d'armes par mer à la Géorgie.

L’Ukraine en position délicate

Ce conflit d’Ossétie du Sud est le premier où l’Ukraine indépendante se retrouve dans le camp adverse de son grand voisin russe. Une situation nouvelle et qui pose des problèmes de taille.

Les navires russes, qui forment depuis cette nuit le blocus maritime au large de la Géorgie, ont leur port d’attache à Sébastopol, autant dire en territoire ukrainien. La base militaire russe de Sébastopol est depuis 1991 louée par la Russie à l’Ukraine indépendante et elle est très stratégique pour l’armée russe qui n’imagine pas s’en retirer comme le souhaiterait Kiev.

En attendant, l’Ukraine se retrouve dans une situation particulièrement sensible qui pourrait, annonce-t-elle, la pousser à intervenir véritablement dans le conflit. En clair, l’Ukraine abrite des navires qui sont engagés contre son pays ami, la Géorgie. Selon Moscou, le blocus vise à empêcher des livraisons d’armes à Tbilissi, et on le sait, ces armes viennent principalement d’Ukraine.

La ville de Kiev est donc directement visée par ces mouvements de flotte en mer Noire, mais elle n’a pas vraiment les moyens de s’y opposer. Faute de mieux, le pouvoir ukrainien a donc laissé entendre ce dimanche qu’il pourrait bien empêcher les navires russes de rentrer au port à Sébastopol. Là encore, ce serait du jamais vu.

Camille Magnard - Kiev - RFI


Les forces russes ont bombardé dimanche matin un terrain d'aviation proche de Tbilissi et les autorités géorgiennes ont annoncé que les Russes massaient également des troupes sur la mer Noire en Abkhazie, autre région sécessionniste géorgienne.

Selon le ministère géorgien de l'Intérieur, la Russie a déclenché des opérations en territoire abkhaze pour prendre d'assaut la vallée convoitée de Kodori. Les dirigeants abkhazes ont annoncé de leur côté l'envoi d'un millier de soldats dans cette vallée actuellement contrôlée par Tbilissi.

Selon les Russes, le bilan des combats qui ont débuté jeudi s'élève à 2 000 morts. La Géorgie indiquait vendredi avoir perdu près de 300 ressortissants, en majorité des civils.

Le secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon, s'est dit profondément préoccupé par la montée des tensions en Abkhazie. A Pékin, où le président américain George Bush assiste aux Jeux olympiques, son conseiller adjoint pour la sécurité nationale James Jeffrey a déclaré à la presse que les initiatives de Moscou risquaient d'avoir un impact sérieux et durable sur les relations russo-américaines.