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Bolivie

Morales vainqueur, ses opposants renforcés

Article publié le 11/08/2008 Dernière mise à jour le 11/08/2008 à 05:29 TU

Le président bolivien et ses principaux opposants sortiraient vainqueurs du référendum révocatoire, consolidant la crise politique que vit le pays le plus pauvre d’Amérique du Sud.

De notre correspondant à La Paz, Reza Nourmamode

Tout sourire, Evo Morales est apparu au balcon de son palais présidentiel dès l'annonce partielle des résultats.(Photo : Reza Nourmamode/RFI)

Tout sourire, Evo Morales est apparu au balcon de son palais présidentiel dès l'annonce partielle des résultats.
(Photo : Reza Nourmamode/RFI)

Souriant et agitant la main en direction des centaines de ses partisans rassemblés sur la place Murillo, c’est du balcon de son palais présidentiel et entouré de son gouvernement qu’Evo Morales a réagi hier soir une fois connus les premiers résultats partiels du référendum : « ce qu’a exprimé aujourd’hui le peuple bolivien à travers son vote, c’est que l’on consolide le processus de changement, que l’on poursuive la récupération de nos richesses naturelles et nos entreprises d’Etat ».

D’après les sondages à la sortie des urnes réalisés par quatre instituts privés, le président Evo Morales sortirait en effet largement vainqueur du référendum révocatoire. Environ 60% des électeurs boliviens auraient voté en faveur de son maintien au pouvoir. Un score qui, s’il se confirme, serait une grande victoire personnelle et politique, près de trois ans après avoir été élu avec 53,7% des voix à la tête du pays.

La ratification du président ne signifie pas pour autant que la crise politique et institutionnelle que traverse le pays soit résolue puisque les quatre principaux préfets régionaux opposants à Morales (Santa Cruz, Béni, Pando et Tarija) seraient également ratifiés à leur poste, eux aussi, avec des scores très confortables. Seuls trois préfets, dont deux opposants, seraient révoqués.

Ces scores, s’ils se confirment, confieraient de plus une forte légitimité à la fois au président Evo Morales et aux préfets régionaux qui le combattent. Finalement, les deux camps sortiraient donc paradoxalement renforcés du scrutin, polarisant encore un peu plus le grave conflit politique qui oppose depuis plusieurs mois le gouvernement socialiste de Morales à plusieurs régions tenues par l’opposition de droite et qui se sont auto déclarées autonomes en défi au pouvoir central.

Des milliers de partisans sont descendus dans les rues de La Paz pour fêter la victoire du président.(Photo : Reza Nourmamode/RFI)

Des milliers de partisans sont descendus dans les rues de La Paz pour fêter la victoire du président.
(Photo : Reza Nourmamode/RFI)

Le dialogue est totalement rompu entre les deux parties au point que le président a dû la semaine dernière annuler des déplacements dans ces régions rebelles en raison de manifestations hostiles à sa présence. Reste maintenant à savoir si ce dialogue, bloqué depuis plusieurs mois, reprendra miraculeusement au lendemain du référendum, comme l’a souhaité Morales : « Je veux aussi exprimer mon respect aux préfets ratifiés… Et je les convoque  maintenant à venir travailler pour l’Union des Boliviens ».

Pour le moment, les positions des uns et des autres sont tellement antagoniques qu’on a du mal à imaginer un compromis entre la politique socialiste et indigéniste du gouvernement et les positions libérales et autonomistes de ses opposants. Mario Cossio, préfet opposant ratifié de Tarija dans le sud du pays, région qui concentre les réserves de gaz naturel de Bolivie, a d’ailleurs prévenu : « cette victoire nous autorise à approfondir le processus autonomiste dans la région ».

Pour beaucoup d’analystes, la situation politique au lendemain du référendum est au moins aussi dangereuse qu’avant le scrutin. Enfin, le climat reste extrêmement tendu à Cochabamba, troisième ville du pays où le préfet opposant Manfred Reyes Villa, révoqué d’après les premiers résultats, a réaffirmé qu’il ne quitterait pas son poste, jugeant illégal le référendum révocatoire.

Un groupe de partisans d’Evo Morales, très nombreux dans cette région, s’est rassemblé dès hier soir devant la préfecture pour exiger le départ de Reyes Villa.