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Russie/Géorgie

Abkhazie : Moscou lance un ultimatum à Tbilissi

Article publié le 11/08/2008 Dernière mise à jour le 12/08/2008 à 04:57 TU

Alors que les troupes abkhazes pro-russes affirmaient lundi avoir « bloqué » les forces géorgiennes dans une région disputée de la république séparatiste d'Abkhazie, l'armée russe, qui y a envoyé d'importants renforts, a adressé un ultimatum aux forces géorgiennes, les enjoignant de déposer les armes. La Géorgie a immédiatement rejeté cette exigence. Le premier vice-Premier ministre russe Sergueï Ivanov a par la suite écarté les propositions de l'Union européenne pour un cessez-le-feu avec la Géorgie en Ossétie du Sud, estimant sur la chaîne CNN que Tbilissi devait négocier directement la fin du conflit avec les régions concernées. Dans la soirée, les forces russes occupaient Gori, la plus grande ville géorgienne près de l'Ossétie du Sud, ainsi que celle de Zougdidi, dans l'ouest du pays, selon un haut responsable géorgien.

Des troupes russes en Abkhazie, le 11 août 2008. (Photo : Reuters)

Des troupes russes en Abkhazie, le 11 août 2008.
(Photo : Reuters)


Avec l’un de nos envoyés spéciaux à TbilissiRégis Genté 

Les russes contrôlent la ville de Zougdidi

« Les forces russes occupent tous les points où il y avait des policiers géorgiens et d’une certaine façon contrôlent la ville de Zougdidi, information confirmée par le Ministère de l’Intérieur géorgien et la population locale ».

écouter 01 min 05 sec

11/08/2008 par Régis Genté

Les Russes veulent manifestement sécuriser leurs positions dans les régions séparatistes.

C'est tout le sens de l'ultimatum, très court, donné ce lundi matin aux forces de police géorgiennes présentes dans la zone de conflit de l'Abkhazie, exigeant qu'elles rendent leurs armes entre 7 et 10 heures du matin.

Depuis des mois, Moscou pose comme préalable à toute négociation avec Tbilissi le retrait de ces forces géorgiennes aux abords de cette autre région rebelle de Géorgie qu'est l'Abkhazie.

Forts de leur avantage militaire, il y a fort à parier que les Russes seront intransigeants.

Beaucoup trop pro-occidental

En Ossétie du Sud, objet de la guerre qui s'est déclenchée jeudi dernier, les combats semblent continuer.

Là encore, Moscou veut consolider ses positions et s'assurer pour le long terme que la Géorgie ne pourra pas reprendre le contrôle du territoire séparatiste.

Dans la nuit de dimanche à lundi, les forces russes ont à nouveau bombardé des sites stratégiques en territoire géorgien, comme une station radar ou un entrepôt d'essence.

Manifestement, Moscou veut sceller sa victoire et infliger une très sévère leçon à Mikhaïl Saakachvili, le président géorgien beaucoup trop pro-occidental à ses yeux. 

Jean-Yves Troy

Directeur des opérations pour l'organisation humanitaire en Géorgie

« Il y a les affrontements qui se passent en Ossétie, des déploiements de forces en Abkhazie et des mouvements de populations, (…) des gens qui se retrouvent sur les routes avec femmes et enfants…. »

écouter 00 min 49 sec

11/08/2008 par Oanna Favennec

Des Européens divisés


L'arrêt des hostilités, le respect de l'intégrité territoriale de la Géorgie et le rétablissement sur le terrain de la situation antérieure aux combats. Telle est la position défendue par Bernard Kouchner, le ministre français des Affaires étrangères, qui représente les intérêts des 27.

Mais jusqu'où l'Union européenne est-elle prête à aller dans sa condamnation de la Russie ? Les Polonais et les trois Etats Baltes souhaitent que les 27 révisent leur coopération avec Moscou, arrêtent de négocier un nouvel accord stratégique avec la Russie, bref aillent au-delà des habituelles déclarations qui ne veulent rien dire.

Echanges musclés

A l'opposé, le ministre italien des Affaires étrangères refuse l'idée d'une coalition européenne anti-russe. Une dissonance qui marque les limites de la réunion extraordinaire à Bruxelles, ce mercredi, des chefs des diplomaties européennes.

En attendant, les ministres du G8 à l'exception de la Russie tiendront une conférence téléphonique cet après-midi pour augmenter la pression sur Moscou.

Pendant ce temps, le Conseil de sécurité des Nations unies devrait se pencher sur un projet de résolution après avoir été le théâtre hier d'échanges musclés entre Russes et Américains. George Bush a d'ailleurs utilisé la tribune des Jeux Olympiques à Pékin pour dire à Vladimir Poutine que les Etats-Unis se rangeaient du côté géorgien.