Article publié le 20/08/2008 Dernière mise à jour le 20/08/2008 à 02:12 TU
Le premier sommet Turquie-Afrique, dont l’objectif est de renforcer les échanges commerciaux et la coopération entre Ankara et le continent africain, doit s’achever ce mercredi à Istanbul. Outre l’aspect économique de cette réunion exceptionnelle, l’attention des observateurs se porte surtout sur la présence, très controversée, d’Omar el Béchir. Le président soudanais est accusé de génocide, crimes de guerre et crimes contre l’Humanité par le Tribunal pénal international. A Istanbul, un diplomate de haut rang a affirmé que son pays continuerait à défier la Cour pénale internationale, la qualifiant de « ridicule ».
Avec notre correspondant en Turquie, Jérôme Bastion
Le président turc, Abdullah Gül (à gauche) a reçu le dirigeant soudanais, Omar el-Béchir (à droite), en dépit des critiques américaines et des défenseurs des droits de l'homme.
(Photo : Reuters)
C’était, en huit mois, la seconde visite officielle en Turquie du chef de l’Etat soudanais, alors qu’il avait été éconduit par le précédent président turc. Mais ce devrait également être la dernière, car, même au nom de l’offensive diplomatique turque visant à obtenir un siège temporaire au Conseil de Sécurité des Nations unies, cette invitation aura fait beaucoup trop de vagues.
« Si et quand M. el-Béchir sera formellement inculpé, nous en tiendrons compte », a justifié un haut fonctionnaire du ministère des Affaires étrangères. Sous-entendu : Ankara n’a rien à se reprocher pour l’instant.
Cependant, la Turquie est vivement incitée, dans le cadre de ses négociations d’adhésion à l’Union européenne, à ratifier le traité de Rome qui instaurait la Cour pénale internationale. Ce tribunal ne devrait pas tarder à émettre un mandat d’arrêt contre l’homme fort du Soudan.
Critiques des défenseurs des droits de l’homme
La diplomatie américaine a de son côté ouvertement critiqué l’attitude de la Turquie, indiquant que les Etats-Unis seraient « très contents de voir ce pays se joindre à la condamnation internationale de M. el-Béchir ».
L’association de défense des droits de l’homme, Humans Rights Watch, a elle aussi demandé aux Turcs de ne pas faire le jeu du dirigeant soudanais.
Un dirigeant auquel le président Abdullah Gül a tout de même demandé, c’était bien le moins qu’il puisse faire, de tout faire pour mettre fin aux violences dans son pays. Pas sûr que le message ait été bien reçu…
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