Article publié le 22/08/2008 Dernière mise à jour le 22/08/2008 à 22:33 TU
Au lendemain de l'hommage national rendu aux dix militaires français tués le 18 août en Afghanistan, les autorités et les médias cherchent à comprendre les circonstances de l'embuscade. Les versions divergent entre les témoignages des soldats et ce que l'état-major avait affirmé. La presse tente de comprendre comment ces militaires ont pu tomber dans l'embuscade tendue par les rebelles talibans. Certains quotidiens ont retracé, minute par minute, le fil des évènements. Les talibans étaient visiblement informés du déplacement des soldats français. Leur attaque semble avoir été bien organisée.
Des soldats français du 8e régiment de parachutistes d'infanterie de marine (RPIMa) près du village de Shachme Jochanedans, dans la province afghane de Kapisa (nord-est de Kaboul), le 21 août 2008.
(Photo : AFP)
L'attaque est lancée lundi 18 août à 15h30 et non pas à 13h30, comme il avait d’abord été annoncé. L'avant-garde de la colonne est alors encerclée par les talibans qui lancent simultanément l'assaut sur l'arrière du groupe, avant de l'encercler à son tour. Puis les talibans attaquent et encerclent également le groupement d'appui placé en renfort.
Selon Le Figaro, en vingt minutes le piège s'est refermé, et les combats sont intenses. Et, c'est ce sur quoi les deux versions sont identiques : les assaillants sont bien armés, dotés de nombreuses munitions et ils font preuve d'un savoir-faire militaire incontestable.
Deux heures plus tard, la situation n'a pas évolué. L'état-major est alerté, les renforts sont en route, mais l'aviation ne peut toujours pas intervenir en raison de la très faible distance qui sépare les belligérants, quelques dizaines de mètres à peine.
Ce n'est apparemment qu'à partir de 18h15 que les premiers soutiens aérien et terrestre se présentent. Il faudra attendre 21h30 pour que les insurgés relâchent leur pression, permettant enfin de ravitailler les soldats de l'OTAN, d'évacuer les premiers blessés et de lancer la recherche des camarades tombés au combat.
Enfin, les témoignages recueillis différent également sur un autre point : parmi les morts, il n'y a pas eu que des Français, mais également l'interprète afghan du détachement qui figure parmi les toutes premières victimes de l'embuscade.
Avec notre correspondant à Kaboul, Eric de Lavarène
L’embuscade aurait été solidement préparée. En bref, les Français étaient attendus.
Les Talibans sont arrivés du sud du pays pour épauler les combattants du parti extrémiste Hezb-e-Islami déjà présent sur place et qui tiennent en partie la région. D’autres djiadistes sont arrivés, eux, du Pakistan.
Dépêchés par le clan d'un ancien chef de guerre, ils ont transporté avec eux du matériel de guerre sophistiqué, notamment des fusils capables de perforer les casques de soldats.
L’attaque, dont la date n’avait pas était forcément fixée, aurait été préparée à Peshawar, coté pakistanais, où se réunissent régulièrement les proches du Mollah Omar.
Les Talibans souhaitaient taper fort dans cette région désormais essentielle pour eux. Kapisa district, où se sont établis les militaires français début août, est un lieu stratégique pour les rebelles. Elle offre un accès direct à la capitale afghane mais également à la base américaine de Bagram, la plus importante du pays.
Les actions des militants islamistes sont coordonnées de part et d'autre de la frontière entre le Pakistan et l’Afghanistan.
« Des militaires ou des policiers afghans qui travaillent avec les Français ou même des interprètes les ont vendus. »
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