Article publié le 27/08/2008 Dernière mise à jour le 27/08/2008 à 04:21 TU
Le président géorgien Mikheïl Saakachvili lors de sa déclaration télévisée, à la suite de la reconnaissance des régions séparatistes d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud par Moscou.
(Photo : Reuters)
Les dirigeants occidentaux ont rejeté d’une seule et même voix l’attitude de la Russie. Le président américain Georges Bush a qualifié la décision de reconnaître l’indépendance de l’Abkhazie et de l’Ossétie du sud d’ « irresponsable », appelant Moscou à la reconsidérer. L’Union européenne a fermement condamné cette décision « contraire aux principes d’indépendance, de souveraineté et d’intégrité territoriale de la Géorgie. » Ce mercredi, le ministre des Affaires étrangères britannique, David Miliband, se rendra en Ukraine pour « former la coalition la plus large possible contre l’agression russe en Géorgie. » Sur place, à Tbilissi, dans une allocution télévisée mardi soir, le président Mikheïl Saakachvili a dénoncé une décision « totalement illégale », accusant Moscou de vouloir changer « les frontières de l’Europe par la force. »
Avec notre correspondant à Tbilissi, Régis Genté
Président géorgien
« C'est la première fois en Europe depuis l'Allemagne nazie et le régime de Staline qu'un grand pays utilise unilatéralement la force militaire pour détruire un pays voisin. »
Coup de massue pour les Géorgiens. Comme à chaque siècle, leur pays perd une partie de son territoire… L’annonce du président russe Dmitri Medvedev entérine la perte du tiers du territoire géorgien. « Si cela continue, ironisent des habitants de Tbilissi, la Géorgie ne sera plus que Roustaveli [l’artère centrale de la capitale géorgienne]. »
Dans les faits, la reconnaissance de l’Abkhazie et de l’Ossétie du sud par Moscou ne changera guère les choses. Les deux provinces rebelles sont de facto indépendantes depuis plus de 15 ans, empêchant les Géorgiens de se rendre sur les belles plages de l’Abkhazie, à l’ombre des palmiers qui bordent la mer Noire.
Certains Géorgiens, en ce « mardi noir » de l’histoire de leur République, souhaitaient à demi-mot le pire à leur ennemi, mais sans jamais tomber dans l’hystérie anti-russe.
A la télévision, un politologue devisait en fin d’après-midi sur le précédent que cette reconnaissance des provinces géorgiennes crée à propos des séparatismes en Russie, en faisant référence à la Tchétchénie et aux Républiques russes du Nord-Caucase toujours si difficiles à contrôler pour le Kremlin. D’autres veulent garder espoir, rappelant que l’Allemagne a mis quarante ans à se réunifier.
Les représentants de l'Union européenne, qui ont condamné de manière unanime les déclarations de Moscou, se réuniront en Conseil européen le 1er septembre.
Député socialiste Pierre Moscovici
« Il faut que les Européens manifestent plus de fermeté, qu'on soit capable de comprendre que la Russie ne peut pas être dans une logique qui est impérialiste et autoritaire. »
« La reconnaissance de l’indépendance de l’Abkhazie et de l’Ossétie du sud ne signifie rien » |
C’est un Mikheïl Saakachvili posé, affichant même un petit sourire bien travaillé, qui s’est adressé aux Géorgiens ce mardi soir. Assis devant le drapeau national et celui du Conseil de l’Europe, le chef de l’Etat géorgien s’est voulu confiant pour l’avenir du pays. « La reconnaissance de l’Abkhazie et de l’Ossétie du sud ne signifie rien, a-t-il dit, la Russie sera seule, ou presque, à les reconnaître. » Le geste de Moscou est selon lui « le signe du début de la fin de l’impérialisme russe. » Fidèle à ses orientations et sa rhétorique, Mikheïl Saakachvili a réaffirmé que, plus que jamais, la Géorgie suivrait la voie qui la conduit du côté de la démocratie, de la paix, et de la civilisation. Il a insisté sur le fait que son pays doit intégrer le plus vite possible l’Otan et continuer à travailler à se rapprocher de l’Union européenne. Côté politique intérieure, le président Saakachvili a appelé les quatre millions et demi de Géorgiens à rester unis et à construite ensemble une société multiethnique. |
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