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Catastrophe naturelle

Haïti de nouveau ravagée par les cyclones

par Sandrine Bourg

Article publié le 03/09/2008 Dernière mise à jour le 04/09/2008 à 03:34 TU

Quelques jours après le passage de Gustav qui a fait 77 morts et deux semaines après la tempête meurtrière Fay, Haïti est cette fois frappée par le passage de l'ouragan Hanna accompagné de vents à 110km/h et de pluies diluviennes. C'est un nouveau coup dur pour le pays le plus pauvre du continent américain. Les autorités annoncent au moins 61 morts.
2 septembre 2008 la ville de Gonaïves, à 171 km de Port-au-Prince, sous les pluies de l'ouragan Hanna.(Photo : AFP)

2 septembre 2008 la ville de Gonaïves, à 171 km de Port-au-Prince, sous les pluies de l'ouragan Hanna.
(Photo : AFP)


« Le bilan n'est que partiel, car il est impossible d'entrer dans la ville pour le moment », a déclaré le maire de Gonaïves, Stephen Moïse. La ville de 300 000 habitants située au nord-ouest de l'île, à 150 kilomètres de la capitale Port-au-Prince, a été submergée par les eaux à cause des fortes pluies et semble être la plus touchée. « J'ai vu une dizaine de corps qui flottent dans les rues inondées de la ville », explique le commissaire de police Ernst Dorfeuille.

Edson Medellus

Journaliste dans la ville des Gonaïves

« Beaucoup de personnes sont restées sur les toits. »

écouter 01 min 04 sec

04/09/2008 par Jean-Pierre Boris


Le maire de Gonaïves a décrété l'état d'extrême urgence pour sa commune et appelé à l'aide les autorités centrales. Pour fuir les inondations, les habitants se sont réfugiés sur les toits des maisons, ont grimpé aux arbres ou se sont dirigés vers les montagnes environnantes. Cependant, le niveau des eaux, qui n'a cessé de monter, a parfois dépassé des habitations de la ville et commencé à atteindre les toitures où de nombreux résidents s'étaient réfugiés. Le principal hôpital de la ville est inondé. Selon les médecins, « les malades sont regroupés dans une seule salle. La situation est critique ».

Massimiliano Cosci, chef de mission MSF en Haïti

« On a quinze cas graves qui doivent être immédiatement évacués. »

écouter 00 min 58 sec

04/09/2008 par Chantal Lorho

Tempête Hanna : des secours difficiles

« De nombreuses personnes restent coincées sur des toits de maison pour la deuxième journée consécutive. »

écouter 01 min 01 sec

03/09/2008 par Vario Sérant


Les conditions météorologiques empêchent la circulation de camions ou de blindés dans un pays où les infrastructures sont peu développées. L'accès du personnel militaire et policier dans la ville est pour le moment limité. Le reste du pays a également été touché, notamment au sud où un parlementaire décrit une situation « très difficile ». Le président haïtien, René Préval, qui a visité mardi soir le Centre d'opération d'urgence au ministère de l'Intérieur, a exprimé sa « douleur » devant les dégâts causés et appelé à l'aide de la communauté internationale.

L'ouragan Hanna, de catégorie 1 lors de son passage à Haïti puis rétrogradé en tempête tropicale, arrive huit jours après l'ouragan Gustav, qui a fait 77 morts, et deux semaines après la tempête tropicale Fay, qui a fait une quarantaine de victimes. Les conséquences de ces catastrophes s'annoncent importantes dans l'un des pays les plus pauvres de la planète où 70% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté.

Le scénario ne peut que rappeler celui du cyclone Jeanne en 2004 qui avait dévasté l'île et entraîné un bilan de près de 3 000 morts. A Gonaïves, 80% de la population avait été affectée et le traumatisme était resté très présent. Aidées par la déforestation, les pluies avaient à l'époque détruit la majeure partie des habitations et fait plus de 80 000 sans-abris au nord. Le pays s'était difficilement remis de la catastrophe. Un pays qui connaît par ailleurs une situation alimentaire préoccupante. Au mois d’avril dernier, de graves émeutes avaient éclaté. La population était descendue dans la rue pour protester contre la cherté de la vie. La crise alimentaire et la sous-alimentation chronique de la majeure partie de la population ont affaibli les organismes et les ont mis à la merci des intempéries.

Et ce n'est pas fini. Haïti pourrait à nouveau subir de forts dégâts. Une autre tempête tropicale, prénommée Ike, s'est formée dans l'Atlantique et pourrait devenir un ouragan jeudi. Elle devrait atteindre les Bahamas d'ici dimanche.

La gestion de la catastrophe promet d'être un défi pour le nouveau Premier ministre haïtien, Michèle Pierre-Louis, qui devra tout faire pour obtenir rapidement un relatif retour à la normale.