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Liban

Reprise du dialogue national dans un climat d’insécurité

par Farida Ayari

Article publié le 15/09/2008 Dernière mise à jour le 15/09/2008 à 16:24 TU

Avec cette invitation lancée aux 14 signataires de l’accord de Doha, le président de la République libanaise, Michel Sleimane, se pose en médiateur au moment où les Libanais craignent une recrudescence des attentats. Après l’assassinat, la semaine dernière, du cheikh druze Salah Aridi du Parti démocrate (opposition), et l’explosion de 6 bombes artisanales dans  la nuit de dimanche à lundi dans le quartier chiite et sunnite de Corniche Al Mazraa (Beyrouth Ouest) et la neutralisation de deux autres bombes près d’une église du village de Lassa dans la région de Jbeil (Byblos), les Libanais sont plus préoccupés par leur sécurité que par le dialogue national qui risque, une fois de plus, d’achopper sur le désarmement du Hezbollah
Michel Sleimane, le 1er août 2008.(Photo: Reuters)

Michel Sleimane, le 1er août 2008.
(Photo: Reuters)

C’est autour d’une table ovale que les 14 signataires de l’accord de Doha (21 mai 2008) seront réunis mardi avec le Président  Michel Sleimane et le secrétaire général de la Ligue Arabe, Amr Moussa. Le chef de l’Etat ouvrira la séance par un discours appelant à la réconciliation nationale avant que les participants se retrouvent à huis clos pour définir l’ordre du jour et le déroulement du dialogue.

Selon le Premier ministre Fouad Siniora, la stratégie nationale de défense devrait être le sujet principal et devrait définir la relation entre l’armée et le Hezbollah, le puissant mouvement chiite qui n’a jamais renoncé à ses armes depuis la fin de la guerre civile en 1990. En somme, le dialogue national reprend là où il s’était arrêté en juillet 2006. Au moment du déclenchement des hostilités entre le Hezbollah et Israël, les parties libanaises devaient précisément aborder la question du désarmement du parti de Dieu.

Un seul ennemi : Israël

Le parti chiite, qui sera représenté à Baabda par son numéro deux cheikh Naïm Kassem a multiplié les déclarations à la veille du dialogue. Le ministre du Travail, Mohamed Fneich a indiqué que le Hezbollah « se rend au dialogue en n’ayant pas peur de discuter des armes ». Le vice-président du bureau politique du parti, Mahmoud Komaty, a souligné la nécessité « d’élargir la table du dialogue pour qu’elle représente l’ensemble des parties libanaises », en pensant aux sunnites de l’opposition qui n’y sont pas associés. Enfin, le chef du bloc parlementaire, Mohamed Raad, a affirmé que « la résistance a d’ores et déjà donné un exemple de stratégie de défense efficace capable de protéger le Liban et de lui garantir la victoire», en référence au retrait unilatéral de l’armée israélienne du Liban-sud en mai 2000 et à l’échec de la même armée d’anéantir le Hezbollah au cours de la guerre de 33 jours de juillet 2006.

Mais Naïm Kassem, secrétaire général adjoint, a posé trois conditions au succès du dialogue.

D’abord que « les participants conviennent que le Liban n’a qu’un ennemi, Israël », ensuite, qu’il faut construire un « Etat fort, juste, équilibré et capable » et enfin, que l’objectif doit être « d’assurer les ressources nécessaires à la libération de la terre et à la défense du Liban par le biais de la stratégie nationale de défense ». Une allusion à l’occupation par Israël des fermes de Chebaa, aux confins du Liban, de la Syrie et d’Israël.

Rejet des conditions du Hezbollah

Pour Saad Hariri, le chef du Courant du Futur, qui n’a pas ménagé ses efforts pour mettre fin aux affrontements entre sunnites et alaouites à Tripoli (nord) et apaiser les tensions dans la Bekaa (est) : « Il faut cesser de tenter de torpiller le dialogue et de lui poser des conditions préalables ». Il rejette l’appel à élargir le nombre de participants et l’ordre du jour à autre chose que la stratégie de défense.

Selon le jeune leader sunnite,  « Le dialogue doit servir à réduire les divergences de points de vue, et non à les élargir. Tout le monde sait qu’il existe aujourd’hui un clivage important entre deux points de vue : l’un souhaite que l’Etat uni ait le pouvoir de décider tout ce qui relève de la sécurité nationale ; l’autre veut faire de l’Etat une couverture à une conception privée de la sécurit ».

La milice du Hezbollah est composée de plusieurs milliers de combattants bien entraînés et fortement armés, y compris en missiles anti-missile et en roquettes capables de frapper Israël.

Samedi soir, le Hezbollah s’est livré à des manœuvres fictives et reconstitué une bataille dans le Liban-Sud où Hadi Nasrallah, le fils du secrétaire général Hassan Nasrallah, avait été tué le 13 septembre 1997. Cet exercice est intervenu deux semaines après qu’un hélicoptère de l’armée libanaise eut été abattu dans la même région par le Hezbollah qui a fini par le reconnaître et trois jours avant l’ouverture du dialogue national.

Quoi qu’il en soit, le Liban s’engage dans un long processus envenimé par les menaces constantes d’Israël d’attaquer son voisin du nord si le Hezbollah s’aventurait à lancer ses roquettes sur l’Etat hébreu.