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Afrique du Sud

Démission du président Thabo Mbeki

par  RFI

Article publié le 20/09/2008 Dernière mise à jour le 21/09/2008 à 10:54 TU

Thabo Mbeki doit prononcer ce dimanche un rare discours à la nation, après un Conseil des ministres extraordinaire qui examinera les conditions de son départ anticipé. Samedi, il a dû accepter de démissionner devant la décision du parti au pouvoir, le Congrès national africain (ANC) de lui retirer son mandat en raison de ses interférences dans les déboires judiciaires de son rival Jacob Zuma, auquel il entendait barrer la route de la présidence.

Thabo Mbeki a propulsé l’Afrique du Sud au rang de première puissance économique du continent, mais la criminalité élevée dans le pays et ses positions sur le sida font de l’ombre à son bilan. En arrière-plan, Jacob Zuma, son rival au sein de l’ANC et très probable successeur à la tête du pays.(Photo : Reuters )

Thabo Mbeki a propulsé l’Afrique du Sud au rang de première puissance économique du continent, mais la criminalité élevée dans le pays et ses positions sur le sida font de l’ombre à son bilan. En arrière-plan, Jacob Zuma, son rival au sein de l’ANC et très probable successeur à la tête du pays.
(Photo : Reuters )

Le président Thabo Mbeki a accepté la décision de l’ANC et quittera son poste dès que toutes les dispositions constitutionnelles auront été prises. Le porte-parole de la présidence a ainsi confirmé que Thabo Mbeki se pliait à la décision du comité exécutif de son parti, qui avait demandé sa démission samedi en milieu de journée.

Le secrétaire général de l'ANC, Gwede Mantashe.(Photo : Reuters)

Le secrétaire général de l'ANC, Gwede Mantashe.
(Photo : Reuters)

Gwede Mantashe, le secrétaire général de l’ANC, a déclaré que Thabo Mbeki s’était d’ores et déjà engagé à travailler étroitement avec le parti au pouvoir, pour régler les éventuelles difficultés, crées par la décision de le rappeler avant la fin de son mandat qui expire au second trimestre 2009. 

Mbeki est le premier président de l’Afrique du Sud post-apartheid, à être rappelé par son propre parti, avant la fin de son mandat. Mais la décision de l’ANC est peu surprenante dans le contexte actuel, Mbeki faisant figure de paria au sein du parti au pouvoir.

Liesl Louw

Rédactrice en chef adjointe à l'institut des études de sécurité à Johannesbourg

« Ce n'est pas vraiment une surprise. Dès décembre 2007, quand Zuma a pris la tête de l'ANC, déjà les rumeurs circulaient qu'il était temps pour Mbeki de partir. »

21/09/2008 par Cyril Bensimon

Thabo Mbeki est depuis janvier l’objet de régulières attaques de la part de certaines factions de l’ANC, de ses alliés politiques, qui réclament son remplacement par le président de l’ANC, Jacob Zuma.

La semaine dernière, lors de l’acquittement de Zuma, dans un procès pour corruption, le juge d’instruction avait laissé entendre que Mbeki aurait influencé le cours des investigations. Des déclarations qui ont fini de renforcer la position des anti-Mbeki.

La démission du président Sud-africain peut-elle donc être interprétée comme une punition des partisans de Jacob Zuma ?

Brian Sokutu

Porte parole de l' ANC

« Ce n'est pas une punition pour Mbeki, nous voulons dire que nous sommes admiratifs des progrès effectués par notre pays durant ses années à la tête de l'Etat et nous continuerons à travailler étroitement avec lui pour permettre à notre pays de poursuivre son développement... Ce n'est une victoire ni pour Jacob Zuma, ni pour Thabo Mbeki. C'est une victoire pour la démocratie en Afrique du sud, pour l'ANC. »

21/09/2008 par Cyril Bensimon

De nombreuses questions se posent désormais sur le fonctionnement du gouvernement sur le court terme et les répercussions sur la stabilité politique du pays.

Liesl Louw

Rédactrice en chef adjointe à l'institut des études de sécurité à Johannesbourg

« Ce qui est inquiétant, c'est qu'on ne sait pas qui va diriger le pays par intérim. Et il y a déjà des membres du cabinet de Mbeki qui ont indiqué qu'ils partiraient avec lui. Seul le ministre des Finances dit qu'il peut rester. Ca va mener, à court terme, à une certaine instabilité. »

21/09/2008 par Cyril Bensimon

Mantashe a déclaré que la situation n’était plus entre les mains de l’ANC, mais entre celles du Parlement, qui doit désormais mettre en pratique cette décision ; le Parlement qui devrait élire un président intérimaire jusqu’à l’élection présidentielle de 2009.

Historique de la chute de Mbeki

« Janvier et février 2008 : la crise de l'énérgie et les coupures d'électricité à répétition portent un sérieux coup à la réputation de gestionnaire prévoyant du président Mbeki. »

20/09/2008 par Nicolas Champeaux

Qui est Thabo Mbeki ?

Né en 1942, Thabo Mvuyelwa Mbeki a grandi dans l’univers de l’ANC. Son père, Govan, occupait un rôle de premier plan dans l’organisation. Très vite, le président du Congrès national africain, Oliver Tambo, a fait du jeune Thabo son protégé.

Mbeki a passé près de vingt huit années en exil, durant lesquelles il a rallié la classe étudiante à la lutte anti-apartheid, avant de développer le réseau clandestin de l’ANC. En 1999, Thabo Mbeki devient président et assume la tâche ingrate de succéder à l’icône interplanétaire de Nelson Mandela.

Un bilan très contrasté

La criminalité élevée en Afrique du Sud et les positions négationnistes de Mbeki sur le sida font de l’ombre à son bilan. Il s’est refusé jusqu’en 2003 à déployer des médicaments antirétroviraux alors que la maladie faisait des ravages dans son pays.

A son actif, ce technocrate cérébral a propulsé l’Afrique du Sud au rang de première puissance économique du continent, prônant l’orthodoxie budgétaire et le libre marché. Ce qui lui a valu des ennemis au sein du l’aile gauche du parti.

Mbeki est l’inventeur du concept de la renaissance africaine. Il a souvent été mis à contribution pour résoudre des conflits en Afrique. Notamment en Burundi, en Côte d’Ivoire, au Soudan et avec un succès très mitigé jusqu’ici au Zimbabwe.

A écouter

Sandra Botha sur le bilan de la décennie Mbeki

Présidente du groupe parlementaire de l'Alliance démocratique, principal parti d'opposition

« Son bilan est très mitigé.Thabo Mbeki a de très bons côtés mais il a aussi des côtés très dangereux. Son pire défaut, c'est qu'il a utilisé son pouvoir en coulisses pour servir ses propres intérêts politiques. Je pense qu'on se souviendra de lui pour avoir apporté la stabilité économique au pays, pour son rôle sur le continent et sur la scène internationale. En revanche, ses prises de position sur le sida sont impardonnables. Puis, il a échoué sur la crise au Zimbabwe...»

21/09/2008