par RFI
Article publié le 05/10/2008 Dernière mise à jour le 05/10/2008 à 15:52 TU
Le 5 octobre 1988, de violentes émeutes éclataient à Alger. Le lendemain elles s'étendaient à plusieurs autres villes du pays. La répression a été terrible. Le bilan officiel est de 169 morts. Mais en réalité, de source indépendante, il y a eu plus de 500 morts.
Le 10 octobre 1988 dans le quartier de Bab-el-Oued, la jeunesse va affronter l'armée. Ce jour-là, il y a eu au moins 25 morts.
(Photo: AFP / archives)
Cette explosion de colère ne fut pas une surprise. L'été 1988 avait été ponctué par des grèves. L'économie était à bout de souffle : chômage, vie chère, pénurie alimentaire.
Le 4 octobre, à Alger, des affrontements éclatent entre des jeunes et la police. Le lendemain la capitale s'embrase. La révolte s'étend. Plusieurs villes sont touchées.
Pour rétablir l'ordre, l'armée tire à balles réelles sur les manifestants faisant plusieurs centaines de morts selon des sources indépendantes.
Pendant plusieurs jours, l'Algérie va connaître un chaos sans égal depuis l'indépendance.
Consultant, ancien ministre algérien de l'Economie (de 1988 à 1991)
« Les émeutes se sont transformées en action politique et comme toutes les équipes étaient en conflit, les réformateurs ont pu faire agir le président de la république en direction de l’ouverture de ce qu’on a appelé à l’époque le multipartisme ».
Ces sanglants événements vont constituer un tournant. Les islamistes font irruption sur la scène politique. Le président Chadli Bendjedid annonce des réformes dans tous les domaines. Une nouvelle constitution est adoptée. Après 26 ans de règne sans partage du FLN, le multipartisme est autorisé. C'est l'euphorie.
En 1990, les premières élections locales multipartites consacrent la victoire des islamistes du FIS, le Front islamique du Salut. En 1992, les militaires décident d'interrompre le processus électoral : le 1er tour des législatives avait été remporté par les islamistes.
Consultant, ancien ministre algérien de l'Economie (de 1988 à 1991).
Aujourd'hui, il n'y a pratiquement plus de champ politique, il n'y a pratiquement plus de débats, il n'y a même plus de contestations.
L'état d'urgence est instauré. Le Front islamique est dissout. Ce dernier opte pour l'action armée. C'est le début des violences à grande échelle. La décennie noire fait plus de 150 000 morts.
Aujourd'hui, si les violences ont baissé d'intensité, le terrorisme est toujours présent.
« Le 5 octobre pour moi, ça a été un tournant tragique, on a comme l’impression que tout a été manipulé. Finalement, le pouvoir a semble-t-il créé une révolte, il a créé un semblant d’ouverture ».
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