Prix Nobel de la Paix

« Le meilleur démineur de crise de l’ONU » prix Nobel de la paix

par Béatrice Leveillé

Article publié le 10/10/2008 Dernière mise à jour le 11/10/2008 à 02:40 TU

L'ancien président finlandais, 71 ans, s'est vu décerner le prix Nobel de la paix ce vendredi. Le jury du comité Nobel a décidé de récompenser « ses importants efforts, sur plusieurs continents et pendant plus de trente ans, pour résoudre des conflits internationaux ». Martti Ahtisaari avait notamment beaucoup oeuvré pour l'accord de paix signé en 2005 entre le gouvernement indonésien et les rebelles de la province d'Aceh.

Martti Ahtisaari, prix Nobel de la Paix 2008, photographié en 2006.
(Photo : AFP)

Le comité Nobel a salué dans un communiqué « les importants efforts de  Martti Ahtisaari, sur plusieurs continents et pendant plus de trois décennies, pour résoudre des conflits internationaux ».

Martti Ahtisaari fait la fierté de tous les Finlandais, donné régulièrement favori ces dernières années pour le Nobel de la paix, il obtient cette prestigieuse récompense à l’âge de 71 ans. Il est né à Viipuri en Carélie une région de Finlande annexée par Staline qui s’appelle aujourd’hui Vyborg et fait toujours partie de la Russie. « Il doit sûrement sa vocation au fait qu’il a lui même connu le sort des réfugiés », explique Charles Mürto, l’ambassadeur de Finlande en France.

Martti Ahtisaari a une formation d’instituteur et ses talents de pédagogue lui ont été précieux dans son rôle de médiateur. Il rejoint le ministère finlandais des Affaires étrangères en 1965 et devient ambassadeur en Tanzanie. En 1977, il est nommé  commissaire de l'ONU pour la Namibie, où des rebelles luttent contre le régime d'apartheid sud-africain. Il poursuivra sa carrière à New York au siège des Nations unies avant d’être dépêché en Namibie en 1988 pour superviser le retour à la paix et la transition vers l'indépendance.  Il considère que son rôle en Namibie a été le plus important de sa carrière.

Président de la Finlande de 1994 à 2000, il joue les intermédiaires pour mettre fin aux bombardements de l'Otan contre la Yougoslavie de Slobodan Milosevic, en 1999. En 2000, il supervise le désarmement de l'Armée républicaine irlandaise en Irlande du Nord.

En 2005, l'accord de paix qu'il négocie avec le gouvernement indonésien et les rebelles de la province d'Aceh met fin à 30 ans de conflit.  « Nous avons fréquenté un homme d'honneur, un homme intègre et un homme totalement dévoué à la cause de la paix, qui a également le rare talent de régler les problèmes pratiques sur le terrain », a déclaré à Djakarta, le président indonésien Susilo Bambang Yudhoyono.

 
Echec ou manque de réussite ?

Au cours de sa  dernière mission comme envoyé spécial des Nations unies et  représentant spécial de l'Union européenne pour superviser les pourparlers sur le statut du Kosovo, il ne réussit pas à convaincre les Serbes d’accepter l'indépendance au Kosovo. Le président français Nicolas Sarkozy voit dans l'attribution du Nobel au médiateur finlandais une reconnaissance que sa proposition d'une indépendance supervisée pour le Kosovo « était la bonne ». 

Quoiqu’il en soit, pour le Norvégien Jan Egeland, ancien secrétaire général adjoint de l'Onu chargé des opérations de secours d'urgence, Martti ahtisaari a été  « l'un des principaux démineurs de crise des Nations unies ».        

Sa carrière n’est pas achevée. Il dirige  encore la fondation «  l'Institut de gestion des crises » qu’il a créé en 2000 pour ramener la paix  et la stabilité dans le monde ce qui lui a permis d’organiser par exemple, l’année dernière, des pourparlers entre Irakiens sunnites et chiites pour jeter des ponts entre les deux communautés.

La remise du prix  Nobel de la paix, qui consiste en une médaille, un diplôme et un chèque de 10 millions de couronnes suédoises (1,03 million d'euros), aura lieu à Oslo le 10 décembre prochain.

Les précédents lauréats du prix Nobel de la paix

2007: Al Gore (Etats-Unis) et le GIEC (Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat) 2006: Muhammad Yunus (Bangladesh) et la Grameen Bank 2005: l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) et son directeur Mohamed al-Baradei (Egypte) 2004: Wangari Maathai (Kenya) 2003: Shirin Ebadi (Iran) 2002: Jimmy Carter (Etats-Unis) 2001: l'Organisation des Nations Unies (ONU) et son secrétaire général Kofi Annan (Ghana) 2000: Kim Dae-Jung (Corée du Sud) 1 1999: Médecins sans frontières (fondé en France)