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UE / Russie

Pas de reprise des discussions sur le partenariat renforcé

par Patrick Adam

Article publié le 16/10/2008 Dernière mise à jour le 16/10/2008 à 19:04 TU

Le chef de la diplomatie européenne, Javier Solana, espère une reprise des négociations avant le sommet UE-Russie du 14 novembre.(Photo : AFP)

Le chef de la diplomatie européenne, Javier Solana, espère une reprise des négociations avant le sommet UE-Russie du 14 novembre.
(Photo : AFP)

Réunis jeudi 16 octobre à Bruxelles, les Vingt-Sept ont finalement décidé de reporter au mois de novembre une éventuelle reprise des discussions sur le partenariat renforcé avec la Russie. Lancées début juillet après des mois d’atermoiement, elles avaient été suspendues en septembre en plein conflit avec la Géorgie. France et Allemagne plaidaient pour une reprise immédiate mais n’ont pas convaincu leurs partenaires.

Décidément les discussions entre l’Union européenne et la Russie sur le partenariat renforcé prennent des allures d’arlésienne. Souvent annoncées, toujours reportées. Le sommet de Bruxelles aurait pu être l’occasion d’une relance, il n’en a rien été. Les négociations « reprendront lorsque l’évaluation [des relations] lancée par le Conseil et la Commission sera terminée », annonce le chef de la diplomatie européenne, Javier Solana. Il ajoute espérer que « cela aura lieu avant le 14 novembre », date prévue pour un sommet UE-Russie à Nice, dans le sud de la France, en présence du président russe Dmitri Medvedev. Cette évaluation devrait être présentée le 10 novembre à l’occasion d’une réunion des ministres des Affaires étrangères des Vingt-Sept.

Pas de consensus à 27

La présidence française de l’UE aurait souhaité une reprise rapide des discussions, suspendues le 1er septembre après la reconnaissance par Moscou de l’indépendance unilatéralement proclamée par l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie. Un point de vue partagé par Berlin et encouragé de manière inattendue par l’Italie. Silvio Berlusconi estime qu’il « faut absolument » reprendre ces négociations « mais moi je vais plus loin, a-t-il ajouté à Bruxelles, mon projet est que la Fédération de Russie puisse devenir un membre de l’Union européenne dans les prochaines années », ce à quoi pourtant elle n’est pas candidate.

Mais les partisans d’une ligne plus dure à l’égard de la Russie l’ont emporté. Grande-Bretagne, Pologne, République Tchèque et pays baltes souhaitent maintenir la pression sur la Russie. Avec un double objectif. D’une part que Moscou achève son retrait de Géorgie alors que Tbilissi accuse les soldats russes d’être toujours présents dans la zone contestée d’Akhalgori, un district qui faisait partie de l’Ossétie du Sud à l’époque de l’Union soviétique mais qui était administré jusqu’en août par Tbilissi. Or l’accord de cessez-le-feu prévoit un retour aux positions d’avant le conflit.

D’autre part, ces mêmes pays européens souhaitent que la Russie s’implique activement dans les rencontres organisées à Genève avec la Géorgie. Mais la première session mercredi dernier s’est soldée par un chassé-croisé, les Russes ayant refusé de s’asseoir à la même table que les Géorgiens en l’absence de représentants d’Abkhazie et d’Ossétie du Sud.

Pas de négociations en guise de punition

Cette suspension des discussions sur le partenariat renforcé avait été la seule mesure de rétorsion décidée contre la Russie au moment de la crise avec la Géorgie. Moscou avait alors estimé que les Européens se « punissaient eux-mêmes ». Sans aller jusque-là, Paris souligne que la reprise des négociations « ne récompenserait pas » le Kremlin dans la mesure où il s’agit notamment de l’obliger à prendre des « engagements écrits contraignants », principalement dans le domaine énergétique.

Ce partenariat renforcé connaît décidément bien des difficultés. La première version signée en 1994 au sommet de Corfou était entrée en vigueur en 1997 pour 10 ans. L’accord couvre le dialogue politique mais aussi la coopération commerciale et économique. Sujet particulièrement sensible, les Européens souhaitent mieux garantir leurs importations de gaz et de pétrole russes. L’accord fonctionne avec une tacite reconduction car les tentatives de mises à jour ont longtemps été paralysées par certains Etats membres, comme les pays baltes et la Pologne dont les relations bilatérales avec Moscou connaissaient des tensions. Début juillet, avec dix-huit mois de retard, les négociations s’ouvraient enfin. Sans avoir le temps de véritablement commencer.