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Somalie / piraterie

La communauté internationale se mobilise contre les pirates

par  RFI

Article publié le 24/10/2008 Dernière mise à jour le 25/10/2008 à 00:23 TU

Le destroyer italien Durand de la Penne, la frégate grecque Themistokles et l’escorteur britannique Cumberland « ont commencé à jouer leur rôle de dissuasion » au large de la Somalie et du golfe d’Aden, a indiqué, vendredi, un officier du commandement naval sud de l’Alliance atlantique (Otan). Un navire russe est en route, des bâtiments de l’Union européenne sont attendus dans cette zone. Les Français, très présents traditionnellement dans ces eaux, ont livré mercredi dernier des pirates aux autorités somaliennes qui vont les juger. Des navires de la marine de guerre américaine encerclent depuis plusieurs semaines le cargo ukrainien Faina, chargé d’armement lourd, qui a été pris en otage le 25 septembre dernier dans cette zone qui connait une vague d’attaques de pirates « sans précédent », selon le Bureau maritime international (IMB/BMI).  

Le cargo ukrainien <em>Faina</em> a été arraisonné, le 25 septembre dernier, par des pirates somaliens qui exigent une rançon.(Photo : Reuters)

Le cargo ukrainien Faina a été arraisonné, le 25 septembre dernier, par des pirates somaliens qui exigent une rançon.
(Photo : Reuters)


Cela fait un mois que les pirates somaliens détiennent le cargo ukrainien et son équipage, au large du port d'Obbio, sur la côte somalienne. Le Faina est chargé d'un véritable arsenal et notamment de 33 chars d'assaut de fabrication russe. Avec un tel chargement aux mains des pirates somaliens, le navire est devenu la préoccupation des grandes puissances occidentales, d'autant que depuis un mois, il y a polémique sur les destinataires de ces armes.

Le Kenya affirme toujours qu'elles sont pour son armée. C'est ce que dit aussi l'Ukraine. Mais d'après, notamment, un document publié par la radio britannique BBC, ces armes étaient destinées au gouvernement du Sud-Soudan. À bord du Faina, il y a aussi 20 hommes d'équipage, dont 17 Ukrainiens. Ils sont récemment apparus sur le pont, en salopette rouge, torse nus ou en tee-shirts. Apparemment en bonne santé, ils étaient gardés par quelques pirates. Le capitaine du navire, de nationalité russe, est mort en captivité victime d’un accident cardiovasculaire.

Le golfe d'Aden en Somalie, refuge des pirates.(Carte : RFI)

Le golfe d'Aden en Somalie, refuge des pirates.
(Carte : RFI)

La marine américaine surveille toujours le bateau. C'est elle qui a demandé à voir l'équipage. Mais la principale préoccupation des Américains reste les armes. Ils ne veulent surtout pas qu'elles soient déchargées à terre et qu'elles disparaissent dans la nature. Depuis un mois, armateur et pirates tentent de négocier le montant de la rançon et l'affaire a incité plusieurs pays et organisations internationales à renforcer le dispositif de lutte contre la piraterie dans l'océan Indien, face à des Somaliens qui ne peuvent pas contrôler les côtes de leur pays.

Les armadas se dirigent vers les côtes somaliennes

Acteur numéro un, depuis qu'il a été question d'une cargaison de chars, la marine américaine (US Navy), avec une demi-douzaine de bâtiments, n'a laissé à aucune autre le soin d'encercler le cargo ukrainien Faina, quitte à dégarnir la TF150, la Task force « anti-terroriste » qui croise depuis 2002 dans le golfe d'Aden et en mer d'Oman. L'Otan, qui avait programmé l'envoi d'une flottille pour des manœuvres dans le golfe Arabo-persique, en a détaché trois unités, qui ont commencé, ce vendredi, à patrouiller  le long des côtes somaliennes.

Les Français, très présents traditionnellement dans la zone, ont plusieurs navires en patrouille. Ils sont les seuls à avoir livré, mercredi dernier, des pirates aux autorités somaliennes.

Christian Baptiste

Porte-parole adjoint du ministère français de la Défense

« Nous avons détecté 2 bâtiments qui nous paraissaient suspects, nous les avons interceptés et fouillés. Nous avons découvert à bord de l’armement individuel ...»

24/10/2008 par Philippe Leymarie

La marine française a également capturé une douzaine d'autres pirates, le 16 septembre dernier. Ils ont été transférés en France, pour jugement.

La marine néerlandaise vient de prendre le relais de la marine canadienne  pour l'escorte des bateaux du Programme alimentaire mondial (Pam). Egalement touchée par des prises d'otages, la Russie a envoyé un contre-torpilleur sur zone, de même que l'Inde. Enfin, la force aéronavale de l'Union européenne, actuellement en cours de montage sous l'autorité d'un contre-amiral britannique, sera opérationnelle le mois prochain, en relais de l'Otan et de l'US Navy. Selon le Bureau maritime international, quelque 63 bateaux étrangers ont été attaqués cette année par des pirates somaliens, le double du bilan pour toute l’année 2007.     

Une affaire qui embarrasse l'Ukraine, par Camille Magnard

Depuis le début, le dossier Faina a embarassé les autorités ukrainiennes. En particulier depuis que l'on a su que le navire transportait, au large de la Somalie, des chars d'assaut de fabrication soviétique et des dizaines de tonnes d'armes et de munitions en provenance de stocks militaires ukrainiens.

Puis il y a eu la polémique sur la destination de cette gênante cargaison. Et là encore, la partie ukrainienne n'a pas semblé très à l'aise au moment de confirmer que l'armée kenyanne était bien le destinataire des armes, alors que les rumeurs se faisaient de plus en plus pressantes sur d'éventuels et illégaux destinataires soudanais.

En pleine crise politique intérieure, il a fallu un coup de gueule des familles de marins pris en otages pour que la question de la rançon exigée par les pirates soit enfin évoquée. Faute de soutien de l'Etat, les familles ont finalement trouvé de l'aide du côté des oligarques et des députés ukrainiens qui ont offert les huit millions de dollars demandés contre la libération des dix-sept marins.

Depuis, plus de nouvelles entre piraterie, vente d'armes douteuses, pressions internationales et intérêts politiques. Les marins du Faina n'ont sans doute jamais imaginé que leur vie puisse être si précieuse et pourtant si fragile.