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Afrique de l’Ouest / Drogue

Un plan d’action pour stopper l’expansion du narcotrafic

par  RFI

Article publié le 28/10/2008 Dernière mise à jour le 28/10/2008 à 20:09 TU

Des dizaines de tonnes de cocaïne transitent chaque année par l'Afrique de l'Ouest. La poudre blanche en provenance d'Amérique du Sud, destinée à l'Europe, préoccupe la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) qui tient une conférence ministérielle, mardi et mercredi, à Praia, la capitale de la République du Cap-Vert. La consommation des drogues augmente dans les pays de transit, entraînant des risques pour la sécurité de ces Etats. La communauté régionale - qui organise cette réunion conjointement avec l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) - a lancé un cri d’alarme : « Ça suffit, il faut que ça cesse et vite ! ». Les ministres de l’Intérieur et de la Justice des 15 pays membres de cette organisation régionale devront adopter mercredi « un plan d’action » contre l’expansion du narcotrafic. 

La CEDEAO et l'ONUDC/UNODC organisent une conférence régionale sur les menaces du trafic de drogue, à Praia, Cap-Vert, les 28 et 29 octobre 2008.

La CEDEAO et l'ONUDC/UNODC organisent une conférence régionale sur les menaces du trafic de drogue, à Praia, Cap-Vert, les 28 et 29 octobre 2008.

Selon les rapports des agences de l’ONU, l’Afrique de l’Ouest est devenue « une plaque tournante du trafic de drogue », comme l’a d’ailleurs souligné, ce mardi à Praia, le chef d’Etat burkinabè Blaise Compaoré qui préside actuellement la CEDEAO. Il a ainsi appelé à « une coopération renforcée entre l’Afrique de l’Ouest, l’Europe et l’Amérique latine » dans la lutte contre le narcotrafic. « Le trafic de drogue, le blanchiment d’argent, le trafic d’êtres humains sont des menaces directes au progrès économique, à la paix et la sécurité de notre sous-région et cela commande d’agir en synergie », a ajouté le président Compaoré.

Réunion Cedeao/Onudc : l'urgence d'agir

De notre envoyé spécial à Praia

« Les dangers sont très nombreux pour les populations africaines et surtout de l'Afrique de l'Ouest, pour nos économies, nos tissus sociaux, la cohésion d'une manière générale de notre sous-région. »  

28/10/2008 par Laurent Correau


En effet, selon l’ONUDC, les quantités de cocaïne sud-américaine saisies dans la région ouest-africaine doublent chaque année : 1 323 kilos en 2005, 3 161 en 2006, 6 456 en 2007. Mais cette agence souligne que « la plupart des saisies ont lieu par hasard » et que « les policiers locaux sont trop mal équipés pour faire face à la menace », tandis que les « procureurs et les juges ne font pas preuve d’une grande volonté pour poursuivre des criminels puissants, ayant des amis puissants ».  

Le communiqué de l’ONUDC signale, notamment, que « la plupart de la cocaïne entrant en Afrique en provenance d’Amérique du Sud accoste dans le nord de la Guinée-Bissau et au sud du Ghana ». Une grande quantité de drogue est expédiée ensuite en Europe par des « mules » ou des passeurs ayant souvent ingurgité des boulettes de cocaïne, sur des vols commerciaux. La plupart des passeurs « semble provenir de Guinée Conakry, du Mali, du Nigeria et du Sénégal, à destination de la France, de l’Espagne et du Royaume-Uni ».

Les trafiquants ont investi l'Afrique de l'Ouest

Les documents préparatoires de cette conférence de Praia commencent par une autocritique. Certes, les pays de la CEDEAO ont adopté, ces dernières années, des recommandations, des déclarations et autres décisions sur la lutte contre le trafic de drogue. Mais, selon les organisateurs, dans les faits il ne s’est pas passé grand-chose.

Les trafiquants, pourtant, ont clairement décidé, ces dernières années, d’investir l’Afrique de l’Ouest, notamment les cartels sud-américains qui cherchent des points de transit pour acheminer l’héroïne et la cocaïne vers l’Europe. Selon la CEDEAO, après avoir utilisé pendant quelque temps les itinéraires qui relient le Brésil à l’Afrique australe, ils ont maintenant jeté leur dévolu sur l’Ouest du continent à partir duquel ils cherchent à atteindre les côtes européennes.

Les risques que cette situation fait courir sont divers : développement de la consommation dans ces pays de transit, augmentation de la criminalité, recours à la corruption comme mode de vie. « Nous, CEDEAO, devons agir en toute urgence », lance en caractères gras le document préparatoire de cette conférence.