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France

Affaire Société Générale : Kerviel de nouveau devant les juges

par  RFI

Article publié le 19/11/2008 Dernière mise à jour le 19/11/2008 à 08:09 TU

Daniel Bouton (à gauche) et Jérôme Kerviel (à droite).( Photo : Reuters / Montage: G.Ngosso/ RFI )

Daniel Bouton (à gauche) et Jérôme Kerviel (à droite).
( Photo : Reuters / Montage: G.Ngosso/ RFI )

L'ancien trader de la Société Générale, accusé d'avoir fait perdre frauduleusement 4 milliards 900 millions d'euros à la banque en janvier dernier, est auditionné par les juges d'instruction, ce mercredi. Vraisemblablement ce devrait être la dernière fois, puisque les magistrats envisagent de clore rapidement le dossier. La Société Générale a toujours cherché à le présenter comme unique responsable de la perte colossale qu’a subie la banque.

Pour la direction de la Société Générale, la position n'a jamais varié : Kerviel a agi frauduleusement, isolément, et la banque est une victime. Quant aux « carences graves du système de contrôle interne », relevés par la Commission bancaire, c'est-à-dire l'organe de contrôle de la Banque de France, ces carences « qui ont rendu possible le développement de la fraude et ses graves conséquences financières », elles n'ont valu que 4 millions d'euros d'amende à l'établissement.

Les écarts dénoncés par la Commission n'ont pas coûté sa place au président Daniel Bouton. Il reste PDG de la banque, et se fait remplacer au poste de directeur général par Frédéric Oudéa. Une dissociation des rôles acceptée par le Conseil d'administration, sur proposition de Daniel Bouton lui-même. Aucun membre de l'équipe dirigeante n'a d'ailleurs quitté le groupe après l'éclatement de l'affaire.

Depuis, la Société Générale a quand même décidé de modifier son système de contrôle interne. Le mois dernier, pour une affaire similaire, mais qui a coûté presque dix fois moins cher, les trois plus hauts dirigeants de la Caisse d'Epargne ont eu moins de chance : ils ont dû présenter leur démission.

David contre Goliath

Le 28 janvier 2008, lorsque le parquet de Paris ouvre une information judiciaire contre Jérôme Kerviel, le scénario est simple: d'un côté il y a un trader escroc et fraudeur, comme le décrit Daniel Bouton le PDG de la Société Générale, de l'autre il y a une victime, une vénérable institution financière qui n'a rien vu des agissements de son employé.

Jusqu'au mois de juillet ce postulat ne va pas bouger. D'autant plus que Jérôme Kerviel joue la transparence. Il explique par le menu au juge Renaud Van Ruymbeke, comment il a pu spéculer avec des sommes allant jusqu'à 50 milliards d'euros, sans attirer l'attention. Mais cet été il comprend, que dans cette affaire, il risque d'être le seul à payer. Il opte alors pour une stratégie plus offensive, avec comme conseil un nouvel avocat: Eric Dupont Morreti ténor du barreau.

La nouvelle équipe pointe tous les dysfonctionnements dans le système de sécurité de la banque, elle fait valoir que plus de 90 alertes ont été émises, et que la hiérarchie de Kerviel n'a rien dit tant qu'il gagnait.

Désormais la confrontation va se poursuivre devant les tribunaux: Jérôme Kerviel face à la Société Générale un combat semblable à celui de David contre Goliath.