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Corées

Pyongyang suspendra les liaisons ferroviaires avec le Sud le 1er décembre

Article publié le 24/11/2008 Dernière mise à jour le 25/11/2008 à 08:46 TU

Le premier train de marchandises quitte la gare de Dorasan, à Séoul, en direction de la Corée du Nord le 11 décembre 2007.(Photo : Reuters)

Le premier train de marchandises quitte la gare de Dorasan, à Séoul, en direction de la Corée du Nord le 11 décembre 2007.
(Photo : Reuters)

Les relations entre les deux Corées continuent de se dégrader. Pyongyang a annoncé aujourd’hui qu'elle suspendrait le trafic ferroviaire intercoréen dès le 1er décembre, dont la reprise en décembre 2007 avait pourtant fait l'événement ; les Nord-Coréens veulent aussi mettre fin au programme touristique qui permettait aux Sud-Coréens de visiter la ville de Kaeseong, en Corée du Nord. En cause, la « politique de confrontation » menée par Séoul.

Avec notre correspondant à Séoul, Thomas Ollivier

La menace de l’arrêt du trafic ferroviaire intercoréen n’est que la suite logique de l’annonce faite le 12 novembre par la Corée du Nord de sa volonté de« restreindre strictement ou couper » les passages terrestres entre les deux Corées. Mais l’unique ligne de train intercoréenne ne convoie en fait que des marchandises, et encore, le trafic est relativement limité. Ce n’est pas le cas des deux routes intercoréennes, surtout celle qui mène au parc industriel de Kaeseong, situé en Corée du Nord mais géré par des entrepreneurs sud-coréens.

C’est le véritable enjeu de la mesure : si les routes sont fermées, le parc industriel de Kaeseong sera asphyxié. Or, quelque 80 entreprises du Sud y emploient environ 30 000 ouvriers nord-coréens. Pour ces entreprises, cette asphyxie serait une catastrophe. Mais plus encore pour l’Etat nord-coréen, qui en tire des dizaines de millions de dollars de bénéfice tous les ans.

En Corée du Sud, on préfère donc encore penser, pour cette raison financière, que Pyongyang ne mettra pas ses menaces à exécution. Mais les relations intercoréennes sont tellement mauvaises depuis que la droite a repris le pouvoir à Séoul en février, qu’il reste possible que la Corée du Nord ferme effectivement les frontières.

Pyongyang proteste contre l'envoi par des militants sud-coréens, depuis la frontière, de milliers de tracts attachés à des ballons et dénonçant le régime nord-coréen, appelant les Nord-Coréens à se soulever contre Kim Jong-il.

Changement de cap à Séoul

« Racket agressif » ; « Choix d'une confrontation dangeureuse et anti-réunification »... Les autorités « fantoches » de Séoul sont littéralement clouées au pilori depuis près de deux semaines déjà par Pyongyang. Depuis l'annonce, le 12 novembre, de cette quasi-fermeture de la frontière.

Une menace que Pyongyang a donc confirmé, ce lundi, en dénonçant notamment les propos tenus la semaine dernière aux Etats-Unis par le chef de l'Etat sud-coréen, assurant que son objectif était l'unification de la péninsule sous la bannière de la démocratie libérale. Autrement dit, une fois anéanti le régime stalinien du Nord.

Des propos qui, ajoutés aux campagnes de propagande anti-communiste organisées à la frontière, illustrent de fait un net changement de ton et d'attitude de Séoul, depuis l'accession à la présidence de Lee Myung-bak, en février.

Finie la politique de dialogue et de main systématiquement tendue, privilégiée par son prédécesseur, dans la foulée de la Sunshine policy des années 1990. De quoi, sans nul doute, fâcher Pyongyang, dont la réaction est aussi celle d'un pouvoir préoccupé par les ennuis de santé de son dictateur, Kim Jong-il, qu'aucune télévision n'a filmé depuis près de trois mois et demi.

RFI