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Revue de presse Asie

Le terrorisme indien a un visage

Les attentats de Bombay s’affichent à la une de tous les journaux indiens. La fumée ne s’élève plus au-dessus du Taj, l’un de ces hôtels cinq étoiles attaqués dans la soirée du mercredi 26 novembre, mais au lendemain des attaques le terrorisme en Inde a un visage. Vous trouverez la photo dans beaucoup de quotidiens. C’est une image furtive capturée par une télévision locale, celle d’un jeune homme, jeans, baskets, t-shirt, les yeux exorbités. Si ce n’était sa Kalachnikov qu’il tient fièrement dans les mains, on pourrait avoir à faire à un étudiant en goguette qui se promène dans les quartiers huppés de Bombay. « Non ! tonne le Hindustantimes, c’est un terroriste ! »

« Bombay saigne », voilà le titre qui barre la une du journal. « Bombay attaqué », « Terreur à Bombay » sont les titres que vous pourrez lire à la une des autres quotidiens de la presse nationale. L’Hindustantimes  a pu interroger un touriste britannique qui s’est échappé de l’hôtel Taj. « Les terroristes n’avaient pas plus de 20 ou 25 ans. Ils étaient habillés en jeans, baskets, » confirme-t-il. « Très agressifs, ils criaient dans le lobby de l’hôtel : nous voulons voir des britanniques et des Américains. J’ai eu très peur, » raconte ce témoin. « Deux terroristes sont montés au dix-huitième étage, poursuit-il, heureusement notre chambre avait été envahie par la fumée et nous avons pu nous échapper par les escaliers de service. » Parmi les personnes qui ont fui ou bien celles qui ont été sauvées par la police, il y a un Français.

Georges Vendryes, précise The Hindu, était lui aussi descendu à l’hôtel Taj. Ce physicien de 88 ans, spécialiste des questions nucléaires avait été invité par la Société indienne du nucléaire pour recevoir un prix honorifique. L’homme, mais aussi son épouse ont été pris en charge par la police. L’hôtel a été évacué et le couple va bien, nous rassure le journal.

Un terroriste parle

De son côté, le Times of India publie le témoignage exclusif de l’un des terroristes barricadés, qui se trouvait toujours, jeudi en fin de journée dans l’hôtel Oberoi. Un témoignage recueilli par téléphone par une chaine de télévision locale : « Nous sommes sept à l’intérieur de l’hôtel », affirme celui qui se fait appeler Sahadullah. « Nous avons des otages. Nous voulons que tous les Moujahidines (les combattants islamiques) soient sortis de prison. Autrement, nous ne relâcherons pas nos prisonniers,» prévient-il.  « Ne faites plus de mal aux musulmans indiens », finit par dire cet homme qui ne mentionne pas le nom du groupe auquel il appartient.

The Asian Age explique que les hôtels de luxe n’ont pas été les seules cibles visées par les assaillants. La gare centrale de Bombay a elle aussi été investie tard mercredi soir par plusieurs hommes. « Ils ont tiré dans le tas », assure le journal et ont fait au moins dix morts et trente blessés. « C’était horrible, raconte un témoin, ils sont arrivés vers 22h. J’attendais mon train. Des hommes ont surgi. J’ai entendu des tirs et j’ai vu des passagers tentés de sauver leurs vies en courant. »

Hemant Karkare meurt en héros

Pour rester dans l’émotion, l’Indian Express raconte pour sa part l’histoire tragique du chef de la police anti-terroriste de Bombay. « Hemant Karkare meurt en héros », titre le quotidien qui salue la mémoire d’un homme discipliné, juste et droit. Les Indiens évidemment aiment les héros. « Il portait un casque, un gilet pare-balles, parlait au téléphone portable lorsqu’il a été fauché par une rafale de Kalachnikov. » Malgré ses protections, ce policier anti-terroriste de 54 ans serait mort de trois balles dans la poitrine. Karkare avait pris la tête de la cellule anti-terroriste de la police de Bombay au mois de janvier dernier. « C’était l’un de nos meilleurs hommes et il est mort les armes à la main », s’enorgueillit le journal.

Les étrangers sont responsables

Les journaux indiens évoquent aussi ce jeudi les premières pistes de l’enquête policière. Le groupe qui a revendiqué les attaques par un simple message électronique se fait appeler les « Moujahidines du Deccan », du nom d’une région centrale de l’Inde. Ils parlent Hindi et Ourdou. Ils disent vouloir défendre les musulmans indiens contre la suprématie hindoue. Mais le Times of India et l’Indian Express, qui citent des sources politiques et policières, privilégient la piste étrangère.

« Les terroristes de Bombay sont venus par la mer de Karachi, la plus grande ville pakistanaise. » écrit l’Indian Express. C’est le Premier ministre de l’Etat du Maharashtra, dont la capitale est Bombay, qui l’affirme au journal. Ces Moujahidines du Deccan pourraient être, selon l’Indian Express, l’émanation d’un groupe interdit comme le Mouvement des étudiants islamique de l’Inde. Par le passé, ce mouvement a reçu des soutiens du Bangladesh et du Pakistan. CQFD : les auteurs des attaques de Bombay sont des étrangers. Le Times of India ne fait pas dans la nuance. Pour le plus grand quotidien indien de langue anglaise qui cite des sources présentées comme très fiables, «  les responsables sont des citoyens pakistanais. » En pareille situation de crise, le Pakistan est souvent pointé du doigt par les autorités indiennes. C’est l’ennemi de toujours ! Et les Pakistanais sont forcément coupables.

Evidemment, rien ne permet de l’affirmer. Aucune revendication n’a formellement été établie. « Le risque, souligne le Hindustantimes, c’est que Bombay, la capitale financière de l’Inde soit prise d’une psychose générale. » De nombreux responsables d’entreprises, indiennes ou étrangères étaient clients dans les grands hôtels de la ville. « 'India Corporate' doit désormais réagir, » commente le Hindustantimes. Le journal demande à ses élites du monde des affaires de s’impliquer davantage dans le combat contre le terrorisme.


par Nicolas  Vescovacci

[27/11/2008]


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