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Finances

Les banques, victimes de l’affaire Madoff

par Myriam Berber

Article publié le 15/12/2008 Dernière mise à jour le 12/03/2009 à 16:05 TU

La BNP-Paribas est l'une des banques européennes touchées par le scandale Madoff.(Photo : Charles Platiau/Reuters)

La BNP-Paribas est l'une des banques européennes touchées par le scandale Madoff.
(Photo : Charles Platiau/Reuters)

Wall Street fait face à un scandale sans précédent. Le courtier américain, Bernard Madoff, 70 ans, a été inculpé jeudi soir pour avoir mené l’une des plus grosses escroqueries de l’histoire, une gigantesque fraude pyramidale. Plus de 37 milliards d’euros auraient été perdus par des investisseurs particuliers et des banques du monde entier. L’espagnole Santander, la britannique HSBC et la française Paribas sont exposées chacune à hauteur de plusieurs centaines de millions d’euros. Une liste qui pourrait rapidement s’allonger. La société financière Nomura au Japon ou encore des compagnies d’assurances en Corée du Sud sont également citées.

La liste des victimes qui ont confié leur argent à Bernard Madoff ne fait que s’allonger. Sa société d’investissement, Bernard L. Madoff Investment Securities (BMIS), pourrait avoir subi des pertes allant jusqu’à 37 milliards d’euros (50 milliards de dollars). Parmi les catégories de clients les plus touchées, des investisseurs particuliers, des établissements financiers spécialisés dans la gestion de fortunes et des fonds spéculatifs (hedges funds) des deux côtés de l’Atlantique. A lui seul, le fonds américain Fairfield Greenwich aurait perdu 7,28 milliards de dollars dans l’affaire. Par ricochet, de nombreuses banques ayant investi dans ces fonds sont touchées.

En Europe, la palme revient pour l’heure à la première banque espagnole, Santander, qui a annoncé qu’un de ses fonds d’investissement, Optimal, était exposé à hauteur de 2,33 milliards d’euros. Certains particuliers espagnols, clients de la banque, sont également concernés à hauteur de 320 millions d’euros. Un revers pour Santander qui avait jusqu’à présent bien résisté à la crise des crédits hypothécaires à risque (subprimes) en rachetant plusieurs banques aux Etats-Unis. La deuxième banque ibérique, BBVA, a admis pour sa part une perte nette maximum de 300 millions d’euros, tout en soulignant n’avoir jamais commercialisé de « produits Madoff » pour ses clients espagnols. Dans ce contexte, la Banque d’Espagne a ouvert une enquête pour déterminer l’impact de la fraude.

De lourdes pertes

Au Royaume-Uni, HSBC, numéro trois du secteur par la capitalisation boursière, est touchée à hauteur de 750 millions d’euros. La britannique Royal Bank of Scotland (RBS), dont le gouvernement est actionnaire à 57,9%, a admis une perte potentielle d’environ 460 millions d’euros. En France, deux banques sont particulièrement exposées. BNP Paribas annonce des pertes de 350 millions d’euros et Natixis, la filiale de la Caisse d'Epargne et de la Banque Populaire, déjà affaiblie par la crise des subprimes, pourrait perdre jusqu'à 450 millions d'euros. Quant à l’assureur Axa, il fait état de pertes d’environ 100 millions d'euros et la Société Générale de 10 millions. Une liste qui pourrait s’allonger en Europe avec la banque italienne Unicredit et le groupe bancaire nordique Nordea.

En Suisse, ce sont le plus souvent des sociétés financières et de gestion privée qui travaillaient avec BMIS, la société de Madoff. Ainsi, l’Union Bancaire Privée, leader des hedges funds, risque de perdre au moins un milliard de dollars, mais d’autres comme Julius Baer, Rothschild, Benbassat et Aurelia Finance figureraient parmi les victimes de l’escroquerie à des niveaux restant à établir. Selon les médias suisses, les pertes pourraient atteindre jusqu’à 5 milliards de dollars. Aucune région du monde n’est épargnée, puisqu’en Asie la banque japonaise Nomura pourrait perdre 225 millions d'euros, alors qu'en Corée du Sud, les compagnies d'assurances seraient exposées à hauteur de 95,1 millions de dollars.

Dans cette escroquerie, Bernard Madoff opérait une fraude pyramidale appelée « schéma Ponzi », où les intérêts sont payés avec les fonds apportés par les nouveaux clients. Ce schéma pyramidal aurait fonctionné ainsi plus de vingt ans. Mais la crise financière internationale est passée par là, enrayant la mécanique. Le système s’est effondré lorsque certains investisseurs ont voulu retirer leurs fonds, alors même que les liquidités venaient à manquer.

A écouter

Thami Kabbaj

« On est encore une fois dans cette logique du “Je veux gagner plus, je veux poursuivre”, et surtout, il est extrêmement difficile, voire même impossible de revenir en arrière. Et c’était impossible pour lui de revenir en arrière. »

15/12/2008