par Myriam Berber
Article publié le 23/12/2008 Dernière mise à jour le 24/07/2009 à 14:35 TU
La Guinée possède les plus grandes réserves au monde de bauxite, un minerai servant à fabriquer l’aluminium. (Usine de bauxite située à Kamsar, au nord de Conakry).
(Photo : AFP)
La Guinée a fêté le cinquantenaire de son indépendance le 2 octobre dernier avec un classement dans la catégorie des pays les plus pauvres de la planète. Le pays est classé au 160e rang sur 177 de l’Indice du développement humain du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud). Dans ce pays de 9,4 millions d’habitants, 40 % de la population vit sous le seuil de pauvreté, selon le Pnud. L’espérance de vie y est de 48 ans pour les hommes et de 50 ans pour les femmes. La dette extérieure est estimée à près de 3,2 milliards de dollars et le pays est miné par la corruption.
En janvier 2007, le ras-le-bol des Guinéens atteint un tel degré qu’ils suivent largement l’appel à la grève générale lancée par les syndicats pour protester notamment contre la corruption généralisée, les détournements de l’argent public et l’ingérence du président Lansana Conté dans les affaires judiciaires. Ce mouvement sans précédent dans l’histoire du pays fait près de 185 morts et des centaines de blessés. En mars 2007, un protocole d’accord est signé entre le gouvernement du Premier ministre de l’époque Lansana Kouyaté, les syndicats et la société civile.
D’importantes ressources minières
Malgré ce compromis, la situation économique du pays a continué de se dégrader : prix des denrées de première nécessité trop élevés, dévaluation continue de la monnaie, taux de chômage accru chez les jeunes. Et les hausses des prix du pétrole, du blé et du riz, ces derniers mois, au niveau mondial ont encore augmenté la pauvreté dans le pays. Et pourtant, la Guinée dispose de vastes étendues cultivables qui devraient lui permettre d’être un grand pays producteur, voire exportateur de vivres, surtout de riz, aliment de base du pays.
Son sous-sol contient également d’immenses ressources énergétiques, mais aussi et surtout un exceptionnel capital minier. La Guinée possède les plus grandes réserves au monde de bauxite, un minerai servant à fabriquer l’aluminium. Elles seraient de l’ordre de 40 milliards de tonnes. En comparaison, le second producteur mondial, l’Australie, en possède 5 milliards. Les revenus de cette industrie, qui constituent plus de 90% des exportations, sont étroitement contrôlés par le régime.
Rio Tinto diffère ses investissements
Le sous-sol du pays contient également d’importantes réserves d’or, de diamant, de fer, de nickel et d’uranium, avec des contrats signés sous l’ère du président Sékou Touré et favorables aux multinationales. Le gouvernement a donc décidé d’annuler près de 70 conventions minières, tandis qu’une commission interministérielle mise en place par le gouvernement s’est chargée de renégocier d’autres contrats miniers.
Cette situation a commencé à inquiéter les miniers. En tout, près de 30 milliards de dollars d’investissements sont en cours de réalisation dans les secteurs phares des mines, de l’énergie et des transports. Car l’enjeu pour la Guinée se présente aussi sous la forme d’un défi pour le gouvernement. Le pays, qui reste très dépendant du secteur minier, veut aussi attirer des investisseurs dans d’autres secteurs, les transports, les services, les télécommunications. Cinq opérateurs se partagent actuellement le marché de la téléphonie mobile. Le gouvernement a également hérité d’un réseau de distribution d’eau et d’électricité en piteux état. Malgré les progrès enregistrés, grâce notamment à des investissements indiens, de gros efforts restent à faire.