par RFI
Article publié le 01/01/2009 Dernière mise à jour le 02/01/2009 à 08:56 TU
Helen Suzman, opposante au régime d'apartheid sud-africain, à son domicile à Johannesburg, le 3 novembre 2007.
(Photo : AFP)
Née en novembre 1917 dans la ville minière de Germiston, dans la banlieue de Johannesburg, Helen Suzman a commencé à militer pour les droits de la majorité noire dans les années cinquante, à une époque où une infime minorité des Blancs sud-africains dénonçaient le régime de discrimination raciale. Elle a été, pendant une dizaine d’années, la seule élue du Parti fédéral progressiste, une petite formation libérale, qui s’opposait à l’apartheid dans un Parlement réservé aux Blancs.
En tant que parlementaire, ses prises de position ne pouvaient pas être soumises à la censure gouvernementale. Elle a notamment dénoncé les conditions de vie des Noirs dans les « homelands » autour des grandes villes réservées aux Blancs. Elle a ainsi subi de sévères critiques de la part des députés du Parti national (NP) de l’ancien Premier ministre P.W. Botha. « Rentre à Moscou, rentre en Israël », lui disaient-ils, en allusion à ses origines juives et lithuaniennes. « Je n’ai pas peur de vous », avait-elle un jour répondu.
D’allure fragile, elle fut la première femme et l’une des rares personnalités blanches à rendre visite, à plusieurs reprises, à Nelson Mandela, au bagne de Robben Island, dans les années soixante. « C’était à la fois étrange et merveilleux de voir cette femme courageuse pénétrer dans nos cellules et se promener avec nous dans la cour de la prison », a écrit dans son autobiographie le premier président noir de l’Afrique du Sud. « Son courage, sa probité et son engagement pour les principes de justice l’ont désignée comme l’une des figures de proue dans l’histoire de l’Afrique du Sud », a encore déclaré Nelson Mandela, en 2007, lors du 90e anniversaire d’Helen Suzman, à qui il avait décerné la médaille d’or du mérite en 1997. En 1978, elle a reçu le prix des Nations unies pour les droits de l’homme et son nom a été cité, à deux reprises, dans les listes des possibles lauréats du prix Nobel de la paix, sans que l’Académie de Stockholm ne la couronne.
La presse sud-africaine souligne qu’Helen Suzman, qui s’est retirée de la vie politique en 1989, a conservé son esprit critique, après la fin du régime d’apartheid en 1994. Elle a notamment pris position contre la corruption en apposant récemment sa signature sur la liste des personnalités qui ont demandé une nouvelle enquête au sujet d’une douteuse affaire d’achat d’armes par le gouvernement dans les années 1990. Selon sa fille, Helen Suzman devra être enterrée lors d’une cérémonie privée ce week-end. Une cérémonie publique devrait avoir lieu en février.
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